Le dernier vœu - 10

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Malefoy le regardait fixement.

« Ne sois pas stupide, Potter. Je ne veux pas mourir. Et je ne veux certainement pas mourir brûlé vif.

— Tu en es sûr ? Est-ce que tu ne viens pas de dire que tu ne valais pas la peine d'être sauvé ?

— Ce n'est pas... »

Malefoy s'arrêta de parler de façon abrupte. Un long moment s'écoula avant qu'il ne reprenne la parole.

« J'ai envie de vivre. Crois-moi, j'en ai envie. Mais la Salle ne veut pas me laisser. Tu ne vois pas ce qu'elle est en train de faire ? Elle est en train d'essayer de corriger ton erreur.

— Mon erreur ?

— Oui. »

Malefoy se rapprocha d'un pas, pour mieux lui jeter un regard furibond.

« L'erreur que tu as fait en mai. Quand le feu s'est étendu dans la Salle des Choses Cachées, j'étais sûr que j'allais mourir. J'arrêtais pas de penser Tout est de ma faute. Parce que c'était le cas. Sans moi, Goyle et Crabbe ne t'auraient jamais trouvé. Je savais que c'était des fous furieux, mais je m'en fichais. Crabbe a déclenché ce feu, sans savoir qu'il ne pouvait pas le contrôler, mais c'est moi qui les ai menés là, en sachant très bien que je ne pouvais pas les contrôler, eux. Je n'ai pensé qu'à moi et à mes parents. J'ai pensé que si je pouvais te livrer à lui... Mais quand je me suis retrouvé sur cette pile de fatras avec Goyle, à attendre que le feu nous rejoigne, tout est devenu si évident. Tout ce que j'avais fait, les gens que j'avais presque tués, ceux qui avaient souffert et étaient morts à cause de moi... Je savais exactement ce qui était en train de se passer : c'était la justice, Potter. La justice qui m'avait rattrapé. 

»Je pensais que tu étais mort aussi. Je pensais que vous étiez tous morts. Tu sais, je n'ai jamais pensé que tu avais une chance de vaincre Voldemort. Pas une seule fois. Mais à ce moment-là, j'ai pensé, et si c'était possible ? Et si tu étais vraiment le seul à pouvoir le faire ? Et je t'avais tué. Tué mes parents aussi, probablement. Tué tout le monde. Et maintenant, j'allais avoir ce que je méritais. C'était ce que je pensais. 

»Mais là tu es apparu. Tu étais vivant, et tu revenais me chercher. Le pardon. Une chance, qui sortait de nulle part. J'ai pensé, après tout, tu n'es pas tant que ça un raté, Drago. Il y a quelqu'un qui pense que tu vaux la peine d'être sauvé. Mais ce n'était pas ça. C'est juste qui tu es, ce que tu fais, et j'ai eu de la chance. Mais ma chance arrive en bout de course. Tout ce temps-là, je savais que ça finirait par arriver. Je l'attendais. La magie fait en sorte que ce qui aurait dû arriver ce jour-là arrive maintenant. »

Harry vola jusqu'à lui, et saisit ses cheveux à pleines mains pour amener son visage à la hauteur du sien.

« Drago, non. Tu as eu de la chance. Tu as eu de la chance que Katie Bell et Ron soient vivant, et oui, tu as eu de la chance que je puisse revenir te chercher. Et puis quoi ? Ce n'est pas un appel à la punition, c'est de la chance. J'en ai eu, moi aussi. J'ai eu de la chance quand j'ai pris ta baguette au Manoir et que je suis devenu le maître de la Baguette de Sureau. Si ça n'était pas arrivé, on serait peut-être mort tous les deux à l'heure qu'il est. D'autres aussi. Tu aurais pu être la pièce du puzzle qui aurait tout foutu en l'air, mais ça n'a pas été le cas ; tu as été la pièce qui a contribué à la défaite de Voldemort. 

— Si j'avais su que j'avais quelque chose que Voldemort voulait, je le lui aurais donné, Potter. Je le lui aurais donné pour qu'il nous laisse tranquilles, moi et mes parents.

— Et maintenant ? Sachant ce que tu sais maintenant, tu la lui donnerais toujours ?

— Qu'est-ce que ça peut faire ce que je ferais maintenant ? »

Drago essaya d'échapper à sa prise, mais Harry ne le laissa pas aller.

« Ça fait quelque chose, dit-il. Parce que tu as reçu une deuxième chance et que maintenant tu essaies de la foutre en l'air. Arrête de vivre dans le passé. Tu as dit que tu voulais vivre et je te crois. Si tu avais voulu mourir, tu serais déjà mort ; tu serais mort sur le terrain de Quidditch, voire avant ça ; tu serais mort tout à l'heure quand ce dragon s'est jeté sur toi. Je n'aurais pas été capable de t'aider. Mais si tu ne lâches pas prise, si tu ne te pardonnes pas, si tu n'arrêtes pas de penser que tu mérites une punition, que c'est justice, alors la magie ne va pas s'arrêter de vouloir te la donner. Elle pense que c'est ce que tu veux. Elle pense que tu veux ça désespérément. Elle pense qu'elle te rend service. Elle a fait apparaître du Feudeymon pour toi, Drago, ce Feudeymon qui a failli la tuer, qui a tué la Salle. Ce feu est maléfique, dément, elle ne peut pas le contrôler, on sait qu'elle ne peut pas. Cette fois, tu n'auras pas de chance. Cette fois, je ne peux pas te sauver. S'il te plaît. C'est toi qui as le pouvoir, maintenant. Tu es le seul qui peux nous sauver. Fais le vœu de nous faire sortir. On peut transplaner ; la magie nous aidera. Il suffit que tu le veuilles suffisamment fort.

— Je le veux ! »

Malefoy rejeta Harry en arrière et cette fois il parvint à le pousser.


« J'ai essayé de nous faire sortir, mais ça marche pas, Potter. Tu as tort. Elle ne fait pas ça pour... »

Drago se figea soudainement. Il pâlit et regarda Harry, ses yeux. Non, pas ses yeux : ses lunettes. Un grondement sourd et profond poussa Harry à regarder derrière Drago, juste au moment où celui-ci se retournait. De la lumière émanait de l'autre bout de la longue pièce ; Drago devait en avoir vu le reflet dans les lunettes de Harry.

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