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L'Institut avait beau être minimaliste de l'extérieur, il abritait un véritable dédale de couloirs dans lequel les quatre jeunes gens s'étaient rapidement perdus. Sous la confusion et l'agacement, tous se mettaient à râler sur les autres. Enfin, le conflit concernait surtout Aimé et Abel.

- Mais pourquoi prendre à droite ? Ça fait trois fois qu'on tourne à droite, ça ne nous mènera nulle part ! Protesta Aimé.

- Eh bien vas-y, rétorqua Abel, je t'en prie, guide-nous et si tu nous trouves la sortie, je t'offre un an de RIEN DU TOUT parce que tu m'insupportes, Aimé !

- Et pourquoi c'est toi qui fait le guide, d'abord ? Parce que t'es le plus intelligent ? T'es surtout le plus taré ouais !

- Va te faire, Aimé, moi au moins je distingue ma droite de ma gauche et ça me semble être une qualification nécessaire pour être guide ! Parce que ça fait trois fois que nous tournons à gauche et non à droite !

- C'est parce que je suis ambidextre, je distingue mal les deux, mais ça ne m'empêche pas de constater que tu nous fait tourner en rond depuis tout à l'heure.

Judy s'apprêtait à ajouter quelque chose, de l'ordre de "Je suis d'accord avec Aimé" ou "Je préfère être menée par Abel" mais les deux jeunes hommes se tournèrent vers elle avec un regard assassin : c'est ainsi qu'elle estima préférable de se taire. 

Asha, quant à lui, soupira, exaspéré de la situation, et s'avança vers le couloir de droite sans en informer les trois autres qui restaient occupés par la dispute. Il sourit en voyant qu'une porte différente des autres venait mettre fin au couloir. En effet celle-ci disposait d'une vitre laissant entrer de la lumière, celle de l'extérieur. Il s'y dirigea, se sentant déjà suivi par les autres.

- Hé, Asha a été plus intelligent que vous deux réunis, pour le coup ! S'exclama Judy en incitant les deux autres à suivre Asha.

Ils ne dirent plus rien et les deux semblèrent contrariés que la dispute ne se soit jamais terminée. Judy leva le regard et leur tourna le dos pour rejoindre Asha qui ouvrait déjà la porte. 

- Asha, attends nous ! S'écria Abel.

Le concerné rit et, en franchissant la sortie, lui répondit :

- Mais la liberté n'attend pas !

Et il sortit de l'Institut, celui là même qui avait ordonné à ses occupants de poursuivre et arrêter Asha et les autres, alors que c'est celui-là même qui avait permis à Asha de revenir, et de s'enfuir en cet instant même !

La porte s'ouvrit sur une lumière envahissante, englobant Asha tout entier et l'aveuglant. Il plaça sa main devant ses yeux et avança, se disant qu'il ne fallait pas ralentir. Il sentit la présence de ses amis derrière lui. Ceux ci s'était bousculés pour rattraper Asha et essayèrent de habituer aux rayons du soleil.

- Il faisait si sombre que ça a l'intérieur ? Se demanda Abel, étonné d'être à ce point ébloui.

- Peu importe, il faut partir, lança Judy.

Et elle avait raison. Ils entendaient déjà le pas de course de leurs poursuivants dans le dédale dont ils sortaient.

- Il faut y aller, se pressa Abel, devançant déjà les autres.

- Je propose qu'on se mette à courir pour les semer, intervint Aimé, assez fier de son plan de dernière minute.

- Ça me fait mal de le dire mais je suis d'accord, approuva Abel.

Prenant quelques secondes encore pour enfin y voir clair, le groupe se dirigea vers ce qui semblait être le centre ville.

- Asha ! S'exclama Abel tandis qu'il s'était mis à courir, tu connais la ville ?

- Pas du tout ! Lui répondit l'intéressé.

Abel grommela quelque chose et continua de courir, suivi des trois autres et bientôt d'une véritable escouade d'officiers, probablement tous des A.S.H.A.

- Arrêtez vous ! Vous êtes en état d'arrestation pour fausses identités et intrusion illégale dans l'Institut !

Au moins, ils ne leur reprochaient pas encore une intrusion illégale dans les Arbres. Cependant, aucun d'eux n'obéit à l'ordre donné ils continuèrent tous de courir, souhaitant à tout prix s'échapper de cette situation sans soucis. Comment pourraient-ils voir le Vice Président en prison, ou pire, en étant renvoyés à la Surface ?

Ce sont ces pensées qui motivèrent les jeunes gens et ils commençaient à bien s'enfoncer dans la ville, slalomant entre les buildings.

Mais dans leur course effrénée, ils se faisaient bientôt rattraper par les forces de l'ordre. Et bientôt, ils furent devant un carrefour qui leur offrait trois possibilités : tout droit, droite ou gauche. Il semblait évitant de tourner et non de continuer tout droit. Cependant, il y eut un léger désaccord sur la direction, qui n'avait été de toute manière pas discutée.

Et c'est ainsi qu'Asha et Judy prirent à gauche, tandis qu'Abel et Aimé s'étaient précipités vers la droite.

Ils ne s'en rendirent pas tout de suite compte, et quand ce fut le cas, il était trop tard pour faire demi tour. C'était leur seule chance de semer la police, puisque celle ci ne les avait pas vu tourner.

Les deux groupes, de leur côté, continuaient encore de courir, prenant des virages de façon aléatoire et veillant à ne plus se séparer. Ils s'enfonçaient de plus en plus dans la ville et tombaient bientôt dans des ruelles plus étroites et plus sombres, les immeubles les recouvrant de leur ombre. Au bout d'un moment, Abel et Aimé s'arrêtèrent de courir, essoufflés.

- Si... Ils... Nous... Retrouvent... Commença Abel, reprenant difficilement son souffle.

Aimé était déjà affalé sur le sol, s'étant laissé glisser contre le mur.

- Nous sommes... Fichus, termina le scientifique.

- Avec tous les tournants qu'on a pris ! S'exclama Aimé en une inspiration.

- Peu de chances, en effet.

Ils se reposèrent, espérant silencieusement qu'ils retrouveraient au plus vite Asha et Judy.

Ces deux là, de leur côté, n'avaient pas tardé à faire de même que leurs compères. Asha, bien qu'il soit un robot, avait une endurance limitée et Judy accepta de s'arrêter pour lui, estimant qu'ils étaient suffisamment loin.

- On va sûrement être recherchés partout, s'indigna Asha.

Judy haussa les épaules.

- Je n'en sais trop rien. Ils n'ont aucune photo, et ne nous ont vu que de dos...

- Tu es optimiste, répondit Asha, déjà effrayé à l'idée d'être retrouvé et emmené.

- Je garde espoir, et tu devrais faire de même, s'enquit Judy en l'aidant à se relever.

Asha acquiesça et sembla embêté de la disparition de ses amis. Il espérait les retrouvait devant l'endroit où logeait le Vice Président...

Au même moment, dans un somptueux bureau, un homme d'une certaine carrure regardait par la fenêtre, contemplant l'immensité de la ville qu'il surplombait. Il était au téléphone.

- Quatre intrus ? Dans l'Institut 0618 ? Quoi ? Des recherches ? Oh non... Surveillez les, pas plus.

Et il raccrocha, éteignant le projecteur holographique.

- Je sens qu'on va bien s'amuser... Déclara-t-il en se saisissant de son verre de whisky et d'une cigarette.

AshaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant