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C'est après une bonne heure de marche qu'Asha et Judy arrivèrent au pied de la plus grande tour. C'est avec joie qu'ils reconnurent, assis au bord d'un mur, Abel et Aimé qui semblaient s'éviter du regard. Cependant, lorsque les deux hommes virent le reste du groupe arriver d'un pas rapide vers eux, leur visage fut soudain illuminé.

- Ah, enfin ! S'exclama Abel en se relevant. Que vous est-il arrivé ?

- On a marché dans la mauvaise direction durant des heures ! Rit Judy. Désolée de vous avoir fait attendre, ajouta-t-elle en n'ayant pas l'air désolée.

- L'essentiel c'est que nous nous sommes retrouvés sains et saufs, déclara Abel. Et que nous ayons semé les A.S.H.A.

Asha et Judy approuvèrent tandis qu'Aimé marmonna quelque chose d'incompréhensible.

- Donc, le Vice Président serait dans cette tour ? Demanda Asha.

- Probablement... Maintenant il reste à voir si on nous laissera entrer.

- C'est ce qu'on va voir ! S'exclama Judy avant de s'approcher de l'entrée.

Avant qu'on ne puisse l'arrêter, elle se posta devant les portes de verre teinté de noir et appuya sur ce qui semblait être une sonnette. Quelques secondes plus tard, une voix masculine s'éleva, sortant d'un haut parleur bien dissimulé.

- Bonjour. Soyez les bienvenus dans la tour Gouvernementale, avec qui souhaitez-vous vous entretenir ?

- Euh, répondit Judy. Nous aimerions voir le Vice Président, déclara-t-elle, prévoyant déjà un refus catégorique.

Après un court silence, la même voix affirma :

- Veuillez entrer dans le champ de vision de la caméra, je vous prie.

N'ayant aucune idée d'où se situait la caméra, le reste du groupe s'approcha simplement de la porte.

Un autre silence, suivit de nouvelles paroles.

- Monsieur le Vice Président va vous recevoir, vous étiez attendus.

C'est dans l'étonnement le plus grand qu'ils virent les portes s'ouvrir sans bruit. Ils entrèrent dans le si mystérieux bâtiment et l'intérieur était le parfait reflet de l'extérieur. Minimaliste, noir, assez élégant. Devant eux, un bureau de secrétaire recouvert d'une plaque de verre. Un grand écran d'ordinateur à la pointe de la technologie, derrière lequel se trouvait probablement le propriétaire de la voix du haut parleur.

- Avancez, ordonna l'homme d'une expression neutre.

Les cheveux blonds plaqués en arrière, aucune mèche ne dépassant, une chemise noire sans aucun pli et une peau sans imperfection, le secrétaire était probablement un A.S.H.A, et sa perfection était intimidante.

Sans un mot, les quatre jeunes gens s'avancèrent tandis que l'homme parfait sortit de son bureau un appareil ressemblant aux outils de scan, cependant bien plus sophistiqué.

Néanmoins, il n'y eut aucun problème et leur fausse identité fonctionnait toujours.

- Vous pouvez attendre qu'on vous reçoive ici, déclara le secrétaire en désignant une rangée de sièges noirs.

Quelque peu intimidés, ils s'installèrent et attendirent en évitant tout contact visuel avec M.Parfait.

Lorsque quelques minutes passèrent, qui semblèrent longues à tout le monde, le secrétaire annonça d'un ton aussi neutre que possible :

- Prenez l'ascenseur, s'il vous plaît.

Sans attendre plus de détails, Abel se leva, suivi des autres, et se dirigea vers l'ascenseur pointé du doigt par l'A.S.H.A. 

Le visage parfait disparut en même temps que les portes de l'ascenseur se refermèrent, laissant ceux qui montaient vers l'inconnu dans un espace confiné et étouffant, les mettant mal à l'aise avant de rencontrer le Vice-Président. 

Sur un petit écran au dessus des portes défilaient les étages, et en quelques secondes ils passèrent du 0 au 30. Mais ce n'était pas fini. Un mélodieux ding se fit entendre lorsque l'écran affichait 37. 

Les portes de métal se rouvrirent dans un silence inquiétant et tous restèrent stupéfaits devant la gigantesque pièce qui s'offrait à eux. des meubles blancs, posés avec goût sur un parquet noir, permettaient de reconnaître que la pièce était un bureau. Au bout de la pièce, une vitre arrondie donnait vue sur une bonne partie de la ville, composée d'autres grattes ciels tous plus modernes les uns que les autres. Le plafond, très haut, donnait l'impression à ceux qui se trouvaient dans la pièce d'être insignifiants. 

Timidement, c'est Asha qui s'avança le premier. Il n'y avait qu'une seule personne dans la pièce hormis eux. C'était une carrure masculine, de dos, habillée d'un costume noir et possédant une chevelure tout aussi noire, plaquée en arrière. Aucun détail ne semblait rendre cet homme imparfait, tout comme le secrétaire qu'ils avaient rencontré auparavant. Asha put distinguer la main gauche de cet homme qui s'appuyait sur une élégante canne. 

Une voix suave s'éleva dans l'air, pétrifiant instantanément ceux qui venaient d'arriver. 

- Je ne vous attendais pas de sitôt. Entrez, je vous en prie. 

Et là, il se retourna pour faire dos à la vitre et face au petit salon aménagé devant son luxueux bureau. Asha s'avança un peu plus, accompagné d'Aimé qui n'osait pas s'avancer plus. C'est Judy qui fut la plus audacieuse en s'approchant d'un fauteuil blanc. 

Tous les trois se retournèrent vers Abel, qui était resté pétrifié devant les portes refermées de l'ascenseur. Ses jambes souhaitaient certainement reculer plus, mais le mur l'en empêchait et ton teint devint livide. 

- Abel ! Cela fait si longtemps, déclara calmement l'homme, qui était sans aucun doute le Vice Président. 

Les regards se déplaçaient d'Abel à l'homme, les trois jeunes gens se demandant comment pouvait-il connaître Abel. 

L'homme, d'une démarche lente et sereine, en rythme avec le claquement de sa canne contre le sol, s'approcha peu à peu d'Abel. Sa peau sombre était éclairée par un lustre moderne fait de verre, ce qui lui donnait un air divin tandis que le visage d'Abel semblait plongé dans l'obscurité et la terreur. 

- Ca ne peut pas... Murmura-t-il en frissonnant. 

Le Vice Président eut un sourire inquiétant mais charismatique, presque carnassier. Il se pencha légèrement en avant et pencha sa tête sur le côté, comme pour mieux dévisager le scientifique. 

- Quelle chance tu as, tu n'as pas pris une ride depuis la dernière fois ! 

Il eut un rire discret, qui sonnait faux. 

- Oh, mais attends, c'est peut-être parce que as été congelé entre temps !

Son sourire s'agrandit tandis qu'Abel s'affaissa un peu plus. 

Asha voyait les deux hommes se faire face, et bien qu'une différence d'âge, de style vestimentaire et capillaire était notable, les deux profils étaient exactement les mêmes. Cette observation le laissait dans l'incompréhension, mais il se souvint de ce que lui avait confié Abel et la vérité lui apparut comme la plus acérée des lames. 

- Heureux de te revoir, mon frère, finit par déclarer le Vice Président en se redressant et en tendant sa main droite vers Abel. 

Judy et Aimé parurent d'autant plus tétanisés suite à ces mots. 

Abel, après avoir observé la main tendue, laissa les siennes collées au mur. Rassemblant son courage, il se redressa à son tour et affirma d'une voix sans assurance :

- Le plaisir n'est pas pour moi, Caïn. 

Le nom sonna comme si Abel l'avait craché. 

AshaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant