En arrivant devant leur navette quatre places, Rodolphe passa son poignet devant l'un des détecteur et un panneau entier de l'appareil coulissa aussitôt vers la droite pour leur permettre de grimper à l'intérieur.
Malgré les bonnes nouvelles qu'il venait d'apprendre, le jeune homme avait hâte de partir d'ici. Être au sol, même au sommet d'une plateforme de quelques milliers de mètres de hauteur, lui donnait la désagréable impression d'être facilement repérable et attaquable. L'infini de l'espace avait quelque chose de beaucoup plus rassurant quelque part.
— Bon tu bouges ? demanda Saskia derrière lui, amusée.
Il sortit de sa rêverie et lui adressa un coup d'œil faussement exaspéré avant de grimper sur le siège avant le plus éloigné.
Ralph et Eden s'étaient déjà installés à l'arrière et la jeune femme fut la dernière à venir s'asseoir dans la navette. Rodolphe ne se souvenait plus exactement de quand il avait commencé à développer une amitié particulière avec Saskia, mais en tout cas il était maintenant acquis pour tout le monde même si ce n'était pas une règle écrite que c'était elle sa co-équipière principale, que ce soit pour une mission de ce genre ou un pilotage de leur gros vaisseau spatial.
Il n'avait pas pu se résoudre en revanche à lui donner encore la place qu'elle voulait réellement, celle pour laquelle elle avait été entraînée durant une année entière dans les souterrains : celle de fiancée. Les années avait pourtant passées, et chaque jour le souvenir d'Aileen se faisait un peu plus lointain, tâché de rouge, de tout le sang et les blessures qui les séparaient.
Saskia lui retourna son regard, sans sourire, et il sentit que s'ils avaient été seuls, il aurait peut être franchi l'une de ses limites... Il ressentait une furieuse envie de l'embrasser et de la serrer contre lui.
Cette impression fugitive ne dura qu'une seconde et il fut rappelé à l'ordre par Ralph, qui ne s'était visiblement pas rendu compte de l'échange. Saskia si, puisqu'elle avait détourné la tête vers sa fenêtre, et au regard résigné d'Eden, il était probable qu'il n'en avait pas perdu une miette.
— On y va ?
La tension retomba un peu avec cette intervention de Ralph et l'empereur paramétra rapidement sur l'écran de bord du vaisseau le trajet, avant de le valider et de déclencher le décollage.
La petite navette commença alors lentement puis très rapidement à décoller, dans une exacte verticale, déployant ensuite ses ailes pour poursuivre avec une nouvelle pique d'accélération vers le ciel et les étoiles.
Même habitué, Rodolphe ne parvenait pas à apprécier comme Saskia ou Eden ces brusques envolées qui vous plaquaient contre le dossier de votre siège et bloquaient pendant quelques interminables secondes toute tentative de respirer.
Ils franchirent la couche d'ozone en quelques minutes à peine et la navette stabilisa alors sa vitesse et sa trajectoire, permettant à Rodolphe d'enlever sa ceinture – malgré tous les protocoles de sécurité il continuait à détester cette sensation d'être attaché – et de pousser un soupir. Il leur faudrait encore un peu plus de deux heures pour rejoindre le vaisseau principal, si les appareils de bords ne se trompaient pas.
L'empereur se fustigea mentalement. La technologie eriquienne était aussi performante que celle d'Astra avant la guerre, et les appareils ne se trompaient jamais.
Un léger vrombissement se fit entendre accompagné de quelques notes de musique et Rodolphe se retourna prestement vers l'arrière, manquant se cogner à Saskia qui venait de faire le même geste.
— Ralph ! Ce n'est pas la sonnerie d'urgence de ton écran ?
Cela n'annonçait généralement rien de bon. Le garçon était du reste déjà en train de déverrouiller son appareil et répondit les yeux fixés sur la surface de verre :
VOUS LISEZ
Les enfants d'Astra T5 [SOUS CONTRAT D'EDITION]
Science FictionTome 5 : L'enfant des deux mondes La guerre fait rage. Les enfants d'Astra ont passé des années dans l'espace à survivre comme ils le pouvaient... Il est maintenant temps pour eux d'entrer dans la dernière phase du plan. Il est temps de rentrer chez...