Les enfants d'Astra T5 [SOUS CONTRAT D'EDITION]

Sibylle (Chapitre 31)

La jeune fille avança lentement sur le roc, jusqu'à voir en contrebas la vallée qui se dessinait.

— Les dragons...

Il était difficile de résister à leur beauté sauvage, mais Carlys donna tout de suite à voix basse son opinion.

— Satanées bestioles... Elles adoreraient nous croquer, et on vient les aider sur mon initiative. Parfois je me surprends moi même.

La princesse voulut répondre par une plaisanterie mais ne parvint étrangement pas à trouver ses mots, se contentant de laisser échapper un léger rire tandis que les premiers jeunes commençaient à descendre dans la crevasse le long des cordes qu'ils avaient amenées.

Elle ressentait la présence du jeune homme à ses côtés avec une extraordinaire acuité, comme si elle l'avait touché alors que ce n'était pas le cas.

Depuis combien de temps le considérait elle ainsi ? Avait elle envie de se retourner à tout instant vers lui pour lui confier quelque chose, n'importe quoi ?

Carlys parut gêné lui aussi, s'efforça de trouver quelque chose à dire, pour mettre fin au silence tendu entre eux, ce qui était bien une première, mais finit par se redresser pour désigner le vaisseau eriquien le plus proche.

— On s'en occupe, Sib ?

Elle hocha la tête, heureuse de pouvoir un instant oublier son coeur battant la chamade pour se concentrer sur un fait tangible.

La jeune femme attrapa la lance qu'elle avait posée à côté d'elle. Ils avaient fabriquées ces objets de fortunes avec des batteries de secours précieusement conservées ces dernières années. Elles étaient suffisamment fortes pour mettre hors circuit les petits vaisseaux d'attaque qui les survolaient, mais seraient elles suffisantes ? Et il fallait encore convaincre les dragons de quitter leur refuge au sol pour voler avec un humain à l'attaque, prenant le risque des tirs meurtriers, ce qu'ils ne semblaient pas faire...

Enfin les jeunes descendus devaient être en train de pouparler...

— Comment peut on attaquer ce vaisseau ?

Sibylle se rapprocha de Carlys qui posa une main sur son épaule, pour lui désigner l'appareil très proche du sol mais qui ne les avait visiblement pas repéré eux, trop occupé à viser tous ceux descendant dans la crevasse le long des parois.

Était elle la seule à avoir l'impression que sa poitrine était en feu et que le contact du jeune homme la brûlait ? Et cela n'avait rien à voir avec le Ravageur, c'était purement émotionnel. La princesse aurait aimé savoir si le garçon le ressentait aussi mais dans le doute elle tenta simplement d'avoir l'air de ne même pas y penser - ce qui n'était pas totalement aberrant au milieu d'une bataille.

— Si on court rapidement sur l'étendue là entre ce buisson et le bord du ravin... On devrait pouvoir réussir à atterrir sur le patin externe du vaisseau. On pourra alors s'accrocher et utiliser les lances pour le mettre hors circuit.

— Avec nous dessus si je te suis bien...

— Heu... Il y a toujours une faille quelque part. Mais au pire après on improvise, non ? C'est ce qu'on fait d'habitude !

Sibylle sourit au jeune homme et leurs regards brillèrent d'un feu particulier tandis qu'elle hochait simplement la tête. Elle adorait cette sensation de complicité entre eux et pour ressentir ce sentiment grisant elle aurait risqué cent fois sa vie.

Il lui semblait que quelque part dans son âme obscurcie se levait un rayon de soleil brillant qu'elle ne faisait pour l'heure qu'effleurer et deviner.