Les enfants d'Astra T5 [SOUS CONTRAT D'EDITION]

Rodolphe (Chapitre 6)

— Le seul à ne pas... commença Eden avant de s'arrêter devant le regard furieux que lui lança Saskia.

Une fois le silence rétabli dans la petite navette filant sur son trajet programmé au point de rendez vous où les attendaient leur vaisseau spatial et des centaines d'Astrayens, Ralph pu prendre la parole.

— D'après le message que je viens de recevoir, il y a eu un incident au palais d'Aileen... devant les journalistes qui se sont empressés de faire suivre l'affaire. Quelqu'un a tiré sur la reine, mécontent de sa politique.

Rodolphe sentit son souffle se raréfier dans sa poitrine et il chercha ses mots, laissant éclater au grand jour son émotion.

— Tu as dit que personne n'était mort !

Il se raccrochait à cette pensée, ne parvenant pas à brusquement imaginer un monde sans cette femme qu'il affrontait depuis toujours et avait aimé si longtemps.

— Calme toi et fais moi un peu confiance, poursuivit en haussant les épaules son responsable communication. Aileen d'Erica est vivante, parce que son fils s'est interposé et s'est pris la balle à sa place...

Se contenir... Maîtriser le torrent d'émotion qui déferlait en lui... Ne pas brusquement se transformer en un énorme monstre. Rodolphe ferma les yeux, devinant le regard inquiet de Saskia posé sur lui et celui toujours furieux d'Eden, avant d'inspirer et de rouvrir ses paupières après avoir fortement inspiré.

— Très bien, je t'écoute, poursuis tes explications Ralph.

— Le problème... C'est que ton fils a agit instinctivement... Lorsqu'il s'est jeté devant sa mère pour la protéger, c'était sous sa forme mutante. Il n'a fallu que quelques secondes aux personnes présentes pour supposer la vérité à la vue de sa forme lupine si semblable à la tienne... Et Aileen a tout confirmé dans un accès de colère filmé en direct. La galaxie entière est maintenant au courant que l'héritier de l'AM.Erica est le tien aussi, et le message d'urgence que j'ai reçu provient du vaisseau que nous devons rejoindre... Les Astrayens sont furieux et beaucoup parlent, comme Eden, de traîtrise.

Ralph n'avait jamais beaucoup apprécié l'organisateur et ils échangèrent un regard furieux auquel l'empereur ne fit pas attention. Il savait qu'il aurait dû se préoccuper de la situation, mais la seule chose à laquelle il parvenait à penser était qu'enfin il était libéré du poids de tous ses secrets... et que son fils savait qu'il était son père.

Qu'en pensait il ? Le détestait il de cette identité terrible ? Songeait il déjà à utiliser cette paternité pour favoriser l'alliance eriquienne ? Rodolphe aurait aimé avoir la faculté de se glisser dans la peau d'un gosse de quatorze ans, le sien, pour le comprendre et deviner ce qu'il devait ressentir.

Il ne le pouvait pas évidemment, et il se contenta de fermer ses poings, s'efforçant de retenir à la fois sa mutation et ses larmes.

Une main se posa avec douceur sur son épaule et il tourna son regard vers sa gauche, pour distinguer à travers ses yeux brouillés le visage de Saskia qui lui souriait.

— Il t'aime, j'en suis sûre. Je pense que quel qu'il soit, cet enfant ne peut avoir que de l'estime pour toi...

— Non... répliqua le jeune homme d'une voix rauque. Tu oublies des choses... J'ai tué son oncle, par exemple. Comment pourrait il m'aimer comme un père avec cela ?

Saskia hésita et passa une main dans ses cheveux ramené en un chignon fait à la va-vite.

— C'était politique... Pour favoriser l'alliance. Bon sang, il a quatorze ans, il peut comprendre ce genre de choses !