Caldion (Chapitre 18)

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Caldion posa une main sur sa poitrine, devinant sous sa chemise la petite plaque métallique incrustée dans sa peau et ébaucha un sourire.

Ce stimulateur cardiaque pouvait pallier à tout défaut de son coeur, et il savait qu'il ne courrait plus le risque de mourir à tout instant.

Il en était heureux car il n'aurait jamais voulu imposer cette angoisse à son adorable compagne et leurs deux filles dont la petite dernière qui n'avait pas deux ans.

Il jeta un coup d'œil à son poignet et remarqua à haute voix :

— Il est dix huit heures cinquante six... Si on veut écouter ce que va dire le gosse, on ferait bien de rentrer.

Loreleï hocha la tête, son petit air décidé au visage, puis se dirigea d'un pas rapide vers la porte d'entrée restée ouverte entre deux murs couverts de vigne-vierge artificielle mais plus vraie que nature.

La petite entrée couverte de boiserie comportait un escalier exigu à gauche menant à l'étage et une ouverture en face de l'entrée donnant directement sur le séjour qui était une grande pièce aux murs clairs avec baie vitrée ouverte sur l'extérieur.

La jeune femme se dirigea vers l'écran mural et en deux clics le paramétra de façon à accéder au son, n'ayant pas besoin d'images pour une chaîne de radio.

Les premiers mots d'une présentatrice à l'accent astrayen prononcé ne tardèrent pas à se faire entendre, arrachant un sourire ironique à Caldion.

Il avait de plus en plus l'impression que les Astrayens étaient partout. À la tête des plus grandes entreprises, dans les secteurs clefs des banques, impliqués dans l'armée en étant dans les usines de fournitures d'armement... Et maintenant sur les chaînes d'information, permettant tout en douceur de véhiculer leurs idées.

Ces Astrayens là étaient officiellement Eriquiens, ne s'étant pas joins à leurs camarades fuyant à bord des vaisseaux spatiaux mais qui pouvait y croire ?

Ils donnaient admirablement le change et tous ceux qui s'aveuglaient les nommaient comme modèle d'assimilation. Caldion lui même le croyait, avant que Loreleï ne lui ouvre les yeux.

La jeune femme s'était installée dans un large fauteuil à suspenseur et avait croisé les jambes, battant nerveusement du pied la cadence de la musique de fond de l'émission.

— Ah ! Ça y est...

La présentatrice venait en effet de prendre un tout autre ton et Caldion alla s'appuyer contre un buffet d'aspect années 2000, la dernière mode, extrêmement attentif.

« Nous avons un appel en provenance d'une navette spatiale. Nous rappelons qu'à l'instant où nous prenons la parole, aucun ordre d'arrestation du prince Theobald... Theobald Astra, n'émane du conseil. L'unanimité n'a pas encore été faite et le référendum doit avoir lieu ce soir pour permettre ou non d'engager les poursuites. Altesse, si c'est bien vous, vous êtes en direct. »

Caldion sentit malgré lui que les battements de son cœur s'accéléraient dans sa poitrine. Il avait l'impression que le temps s'arrêtait, et qu'ils s'apprêtaient tous à vivre une minute historique.

Une voix d'adolescent, d'abord hésitante puis affirmée, envahi alors l'espace, en langue eriquienne.

« Je suis bien le prince Theobald... Astra, puisque je viens d'apprendre le nom de mon père. Je voudrais tout d'abord remercier Radio-galaxy d'accepter de transmettre mon message. Ensuite... Je lance un appel à l'empereur. Je veux vous rejoindre, mais j'ignore où stationne votre vaisseau. Ma navette est géolocalisable et répertoriée, il s'agit d'une de type Abeille 18-80. Tant que je ne suis pas recherché, on ne peut me faire suivre... Contactez moi ou retrouvez moi, je vous en prie. »

Les enfants d'Astra T5 [SOUS CONTRAT D'EDITION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant