Theobald (Chapitre 52)

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— Maman...

L'adolescent hésitait à entrer. La reine hier toute puissante était retenue depuis deux jours dans une petite salle dégagée d'un immeuble en relatif bon état à Ivy. Le quartier général où avaient pris place Rodolphe et les autres dirigeants pour les négociations en cours était au bout de l'impasse.

Des vaisseaux n'arrêtaient pas d'atterrir ces heures ci, apportant leur lot de problèmes diplomatiques à traiter. Personne ne savait encore ce qu'allait devenir encore l'AM.Erica privée de toute sa puissance spatiale. De même que ce que leur reine allait devenir...

La pièce avait été aménagé en chambre rudimentaire et Aileen était adossée au mur près de la petite fenêtre trop haute pour qu'elle puisse l'atteindre.

Theobald sentit son cœur se serrer tandis qu'un Astrayen refermait derrière lui la porte par sécurité.

Il n'osait pas s'avancer et la détailla quelques secondes. Mis à part un bandage à la tête et ses vêtements sales elle semblait aller bien. Comme lui.

Il baissa la tête, sous le regard entêtant de sa mère et ses sourcils froncés.

— Je sais ce que vous pensez. Que je vous ai abandonnée lorsque j'ai fui pour retrouver mon père... Je comprendrais que vous ne vouliez plus me parler et...

Il n'avait pas fini son discours qu'il sentit soudain une présence et se retrouva attirée dans une étreinte si chaleureuse et qui lui avait tellement manqué.

— Grand fou ! Arrête de dire des choses pareilles. Tu as fait ton choix, tu as essayé de suivre ce qui te semblait juste. On dirait que tu tiens de ton père et d'Astra plus que de moi voilà tout...

Elle recula et essuya une larme sur le visage de son fils qui ne savait comment réagir et ne se lassait pas de ce sourire empli d'amour qu'elle lui adressait. Elle poursuivit.

— Jamais je ne me séparerai volontairement de toi, encore moins lorsque tu as simplement tenté de suivre jusqu'au bout ta conscience.

Theobald trouva alors seulement la force d'esquisser un sourire. Un poids qui lui serrait horriblement la poitrine sembla soudain lui échapper. Il fit des yeux le tour de la pièce exiguë. Il n'y avait qu'une chaise en plus du lit comme mobilier et sa mère là lui désigna.

— Je t'en prie, installe toi, si on a un peu de temps pour discuter...

Il hocha la tête, devinant qu'elle levait la tête ainsi comme pour lui signifier que toute la situation était normale. Qu'ils n'avaient rien à craindre tous les deux. Elle alla ensuite s'asseoir sur le lit et ils se dévisagèrent quelques secondes en silence. La combinaison noire rajeunissait Aileen.

Elle détourna les yeux à son tour devant son fils, son pied droit s'agitant sur le plancher.

— Tu as des nouvelles ? Quelle est la situation dans la galaxie ?

Il releva la tête. Elle avait peut être besoin de donner un air normal à cet entretien mais soudain il n'y tint plus. Il se releva et en deux pas la rejoignit sur le lit pour s'asseoir à côté d'elle et venir poser sa tête sur son épaule.

Elle passa un bras autour des siens, l'attirant un peu plus contre elle. Il la sentit trembler mais elle parvint à rester calme, trouvant elle le courage de lui adresser un sourire rassurant avant qu'il ne parvienne à répondre.

— Vous voulez tout savoir ?

— Je ne veux pas te forcer à être déloyal à ta cause. Mais sinon, dans la limite de ce que tu veux bien me dire, oui.

— Je n'ai pas de consigne de silence. Alors... En AM.Erica ils ont fait un vote. Ils ont voté de se rendre sans aucune condition à Astra... C'est la population qui a organisé le vote, pas les autorités...

Theobald devina qu'il ne pourrait pas éviter l'intelligence de sa mère. Elle devina en effet immédiatement le problème.

— Qu'est il arrivé aux dirigeants alors ? Ton oncle, James, qu'est il devenu ?

Comment pouvait il dire cela à sa mère ? Il se sentit brusquement dépassé par la situation, mais sut qu'elle ne voulait de lui qu'une réponse claire. Pas qu'il cherche à l'épargner.

— Il est mort. Ils ont incendié le palais, et ils l'avaient enfermé à l'intérieur. Ils criaient au sujet de Sagan, la dernière planète détruite.

Aileen ferma les yeux. Il aurait aimé pouvoir entrer dans son esprit, la secourir, la protéger. Tous les enfants rêvaient ils comme lui d'épargner leurs parents ? Il n'ajouta rien. Elle restait droite, raidie, et il ne put que déposer un léger baiser sur sa joue. Lui même avait dû surmonter la nouvelle la veille. L'horreur l'avait saisi, le refus, l'incompréhension... La peine. Mais rien de ce qu'il n'avait subi ne devait avoir d'équivalent dans le cœur de sa mère.

— Maman...

— Je vais bien. Théo, que s'est il passé d'autre ?

Il aurait aimé qu'elle accepte de se confier à lui. Mais jamais elle ne l'avait surchargé de ses problèmes et ses angoisses et, visiblement, elle n'allait pas commencer à cet instant. N'y avait il donc qu'à Rodolphe qu'elle avait un jour ouvert son cœur ? Cette pensée le stupéfiait chaque fois qu'il était d'un côté ou de l'autre, avec l'un, et constatait la force de leur caractère, leur difficulté à s'ouvrir. C'était incroyable qu'ils aient franchis ce pas de parler, et cela témoignait de l'amour qui l'avait vu naître... Il aurait tant aimé au moins pour cela en parler à sa mère. Lui donner une raison de sourire. Mais l'empereur ne se confiait pas plus de cette manière à son fils, ou si rarement.

— Papa... Papa refuse de vous rencontrer.

Elle ne fit pas un geste cette fois. Seul le silence lui répondît et il comprit alors que cette fois-ci parler était au dessus de ses forces pour maintenir sa façade intérieure.

Il tenta maladroitement de compléter.

— En tous cas pas avant qu'une décision n'ait été prise à votre sujet... C'est en cours de négociation avec nos nouveaux alliés.

Elle retrouva un peu de cran, se raccrochant visiblement à la colère pour ne pas tomber.

— Je ne suis qu'une clause parmi celles réglant le sort de la galaxie, alors.

— Non. Non ! Ne pensez pas cela. Je lui ai parlé...

Elle tourna son visage vers lui et leurs regards se croisèrent. Elle ne parlait peut être pas mais son regard exprimait une telle souffrance que Theobald la prit brusquement dans ses bras, maladroitement, l'emprisonnant dans cette étreinte comme si elle pouvait tout effacer.

— Il me l'a juré, Maman. Que vous ne mourrez pas... Quelle que soit la décision finale, vous serez en vie.

Elle referma ses bras sur lui et il ne sut soudain plus qui de lui ou elle soutenait l'autre.

— Il le fait... Pour toi ?

— Cela je ne le sais pas, Maman. Je ne le sais pas...

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 24, 2020 ⏰

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