Saskia (Chapitre 28)

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Saskia n'avait jamais été une fille extrêmement douée pour mettre des mots sur ses pensées. Tout ce qu'elle savait à cet instant, c'est qu'Eden lui torturait l'âme, et qu'elle aurait aimé le faire taire tant elle souffrait de tout ce qu'il évoquait.

— Arrête ! Ne parle plus de tout ceci !

Le sourire du jeune homme se figea sur ses traits et il rétorqua d'un ton dur :

— La vérité te fait si mal ? Mais je la rumine seul chaque fois que je te vois, tous les soirs quand je t'imagine dans ses bras ! Je t'aime... Ce sont ces mots là qui te font frissonner comme je te vois ? C'est que les entendre te touche alors... N'est-ce pas ?

Elle ne pouvait pas lui avouer que chaque fois que Rodolphe était loin, ce qui était souvent le cas, ses pensées dérivaient invariablement vers Eden et qu'elle rêvait effectivement de l'entendre lui dire ces paroles. Peut-être qu'être dans ses bras lui procurerait les même émotions que lorsqu'elle était dans ceux de l'empereur...

Elle se sentait folle ce soir, perdue dans sa colère et dans ses doutes. Elle n'écoutait plus Eden depuis quelques secondes, lorsqu'elle se rendit compte qu'il avait profité de sa distraction pour se rapprocher de nouveau d'elle, vrillant son regard brûlant dans le sien.

Il saisit sa main fiévreuse, et elle ne chercha pas à se dérober, se contentant de le dévisager tout son saoul, ce qu'elle ne pouvait jamais faire en public tout en le désirant toujours.

— Eden...

— Si tu veux que j'arrête de parler, embrasse-moi.

— Quoi ?

— Ferme les yeux, fais le. Nous en rêvons tous les deux depuis toujours, non ?

Ce fut lui qui ferma ses paupières. La jeune femme dévisagea un instant son visage aux traits réguliers, écouta au loin les acclamations qui résonnaient toujours pour le fils de Rodolphe, puis porta une main à sa poitrine, sentant les mouvements de son coeur s'accélérer.

Elle se décida finalement, oubliant pour la première fois depuis des années sa raison et laissant ses émotions la guider. Lorsque ses lèvres se posèrent sur celles d'Eden, celui-ci reste un instant sans réagir, immobile et n'y croyant pas. Puis il se ressaisit et passa ses bras autour de sa taille pour l'entrainer dans une étreinte passionnée à mesure que leur baiser se faisait plus approfondi.

Ce ne fut que lorsqu'elle eut besoin de reprendre son souffle que Saskia mit fin à leur échange. Légèrement haletante, elle resta cependant contre le jeune homme, sa tête posée sur son épaule et ses yeux à moitié fermés. Les mains d'Eden caressaient ses cheveux, sa nuque, son dos, et il paraissait lui aussi ne plus totalement être lui-même.

Lorsqu'elle avança de nouveau son visage vers le sien, il se pencha tout naturellement vers elle pour l'embrasser de nouveau et ils basculèrent sur le lit derrière lui, ses longs cheveux tombant sur le visage du garçon qui laissa échapper l'un de ses graves et beaux rires que Saskia n'avait pas entendu depuis longtemps.

— On devrait... commença-t-elle d'une voix hésitante, en s'écartant légèrement de l'organisateur, mais celui-ci la coupa vivement, la ramenant vers lui par la même occasion.

— S'il te plait non ! Pas de devoir, de parole sacrée ou de je ne sais quoi d'autre ce soir ! Je t'en prie !

Elle eut un sourire, léger, coquet et amusé, à l'opposé de la jeune femme sombre et mélancolique qu'elle était ces derniers temps.

— Tu ne m'as pas laissé finir. Je voulais dire que nous devrions oublier pour un temps qui nous sommes... Juste quelques minutes, une heure, un...

— ... siècle. J'aimerais que cela dure toujours.

— J'allais dire un instant.

Il ne répondit pas et enfouit sa tête dans ses longs cheveux contre sa nuque, ses mains caressant doucement la peau de la jeune femme.

Saskia posa sa main sur sa chemise, défaisant d'une main fiévreuse les attaches, et elle eut le temps de penser que les vêtement du jeune homme n'allaient pour une fois plus être impeccables, mais qu'elle l'aimait mieux ainsi.

***

Elle ramenait doucement le drap sur sa peau nue, frissonnante et fixant Eden allongé juste en face d'elle, qui lui rendait son regard. Il tenait sa main dans la sienne, mais l'un comme l'autre savaient que cet instant magique ne pouvait durer.

— On pourrait se voir en cachette, proposa Eden en détournant soudain la tête. Quelques fois...

Saskia sentit son coeur se serrer dans sa poitrine et se mordit violemment les lèvres jusqu'au sang.

— Non. Je t'aime, c'est vrai, et je ne prétendrai plus que tu dois partir de ma vie mais... Je ne veux plus avoir ce genre de relation avec toi, pas comme ça. Je vais... Je vais tenter de trouver une solution.

Eden se redressa en position assise sur le lit, passant une main sur son front moite, torturé par ses inquiétudes qui le reprenaient.

— Tu veux être une femme bien en quelque sorte... Ne pas trahir ton Rodolphe.

— Parce que toi tu ne veux pas être un homme bien ? Tu le trahis aussi en étant ici avec moi.

Saskia guetta sa réaction. Au fur et à mesure que sa raison lui revenait, une immense honte de son comportement l'envahissait. Comment avait elle pu se laisser aller ainsi ? Rodolphe pourrait il le lui pardonner s'il l'apprenait ? Son coeur se glaça dans sa poitrine à cette idée et elle ajouta plus précipitamment :

— Je sais que ce n'est pas juste vis à vis de toi... Ecoute, laisse moi simplement un peu de temps... Je vais trouver une solution...

Se faisant doux, Eden acquiesça tout en faisant une remarque terriblement juste mais qui laissa la jeune femme plus perdue que jamais.

— Tu es consciente qu'il n'y a qu'une véritable solution n'est-ce pas ? Il te faut choisir, entre lui et moi. Et j'aime autant te prévenir, je ne suis pas un prince moi, et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que tu me choisisses...

A sa grande frayeur, Saskia dû s'avouer qu'elle ne voyait pas comment quitter Rodolphe dans l'immédiat. Perdre l'empereur alors que c'était son rôle, et ce même si lui la pardonnait, c'était devenir une paria aux yeux des siens, elle n'avait aucune illusion... Et Astra était l'une des seules choses qui lui avait permis de rester en vie ces dernières années, lui avait véritablement donné un but. Et où iraient ils avec Eden ? L'AM.Erica faisait exécuter tous les Astrayens ayant participé à la rebellion... Mais il fallait assumer ses choix, et son amour qu'elle ne se voyait plus rejeter après cette heure partagée.

— Eden, murmura-t-elle gravement tandis qu'il se levait pour commencer à se rhabiller, c'est toi que j'ai choisis aujourd'hui, et je ne reviendrai pas là-dessus. Laisse-moi juste le temps... De trouver en moi le courage d'affronter ce qui va suivre.

Le jeune homme se pencha vers elle, après avoir revêtu sa chemise, et déposa un léger baiser sur son front.

— Merci... Et quoi qu'il arrive, comme toujours, compte sur ma présence. Tu n'affronteras pas ça sans moi, tu peux me faire confiance...

Les lèvres de Saskia s'étirèrent en un pâle sourire.

— Je sais.

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claire_drc j'ai ri en relisant ce chapitre et en pensant à toi. Sûr qu'Eden passe dans une catégorie de personnages appréciés pour toi xD

Les enfants d'Astra T5 [SOUS CONTRAT D'EDITION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant