Dreams all fail.

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Il y a deux ans.

Le miroir face à la sombre réalité réfléchit la frêle créature en devant de la scène. Le champ de vérité disparaissait soudain derrière l'ombre immense du monstre. De mon monstre. Sa carrure contrastant à la lumière renversante du jour. La salle un instant semble s'appesantir de toute résistance à la divinité. Et l'absurde durée limitée du temps imposé s'arrête devant moi.
Il est là.
L'épiderme de ma peau brûla au passage violent de cet immonde personnage.

Comment étais-je descendue au stade de souffrance extrême, qu'il m'infligeait ? Et comment diable l'acceptais-je depuis six mois déjà ? L'aimais-je suffisamment pour prétendre n'être que sa marionnette désarticulée ? Par amour, pouvons-nous tout accepter, même l'impensable ?
Les questions entrèrent en combustion rapprochée à l'intérieur de mon crâne. Qu'avais-je fais pour mériter cela ?

Je cru me noyer vivante, suffoquer à mon propre air, devant l'homme de ma soi-disante vie. Ce fut dangereusement réel, ce fut dangereusement moi.
Tout se recoupait, virevoltait en une envolée de cygnes et le corbeau demeura statuaire comme toujours il l'avait été. Ses cheveux noirs, brillèrent, tel un plumage de cornac lors d'une nuit d'orages. Ses yeux alors lancèrent des éclairs et ses griffes, un court aspect, d'un bout d'enfer, vinrent s'agripper à ma frêle carcasse.

Nos mains jointes auraient soudé un monde de guerre et de violence. Nos visions communes auraient éduqué une équipe d'enfants et son caractère les auraient poussé à se dépasser. Et nous deux, en gérant d'une troupe de danseurs professionnels, aurions assuré un avenir prospère et scellé.
Nous aurions pu accomplir fortunes et savoir, victoires et batailles, sans jamais succomber.
Pourtant c'est ce qu'il s'est passé.

Cent quatre-vingt-deux jours après mon arrivée in-estemis dans son univers. J'ai basculé dans mon enfer personnel, et première claque donnée.
Aujourd'hui, intensément obscure est mon existence pour cause de mon indubitable lâcheté, de mon atroce manque de confiance et de l'insoupçonnable envie d'appartenir à une soi-disante destinée.

Quelle foutue connerie.

La vie, suspendue à un fil fragile envoie revers et retournés s'assurant de la solidité nous constituant, et la fragilité nous succombant, ce revers-là m'avait envoyé à terre.
Un jour alors, je regarderai en arrière et réaliserai ce que Marc a foutu en l'air. Mais pendant ce temps-là je tiendrai quelqu'un de meilleur.

C'est cela l'amour, tout donner, tout sacrifier, sans espoirs de retour. Et croire aux films Disney, qu'un amour inébranlable existe, qu'il attend alors quelque part, d'être trouvé, et apprivoisé, c'est se torturer. C'est envisager l'abandon, le désintérêt du vivant, pour l'unique âme-soeur.
C'est devenir dépendant, ce que j'étais maintenant.

Je me méfie des aides. Je ne compte que sur mes ailes celles qu'il y a encore cent quatre-vingt-deux jours étaient miennes.
Maman comme tu me détesterais.

S'il y avait eu quelqu'un ?
A un moment je l'avais cru.

-+-

L'amour est une épine mortelle empoisonnant un système immunitaire jusqu'à la fermeture des yeux et l'enfermement définitif dans le cercueil prénommé de tout ce qu'il reste. L'amour est ce qui allait finir par m'achever.
'' - Denitsa ? C'est quoi ça, tu peux m'expliquer ? '' j'avais cru à un coup de tonner cinglant la salle en deux, croire que la chorégraphie avait mal été exécutée. Jamais alors la pensée que mes bleus se voyaient ne m'avait effleuré. Mon t-shirt large de sport s'était relevé, révélant à ses yeux perçants l'incroyable vérité, qu'aucune personne normalement constituée n'aurait voulu croire.

DemonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant