Feel my heat.

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Une infortune restait accrochée à mon mollet telle une menotte dont personne ne possèdait la clé. Celle-là même qu'on aurait balancé à l'endroit le plus refoulé de la terre entière. Qui dans le jargon de mon cœur résonnait davantage comme une prison aux barreaux dorés, répercutant des conséquences d'un statut éloigné du mien. Comme si mon propre destin semblait loin d'être celui m'étant destiné. Comme vivre à l'autre bout d'un fil en fixant un horizon maladroit et interdit. Ce n'était pas permis. L'homme que j'aimais résidait dans un autre pays, séparé par la Manche, qui parfois semblait plus vaste que l'Océan Pacifique. J'étais déjà las de vivre dans un sentiment frénétique et aussi répétitif qu'un battement de cœur. Celui-là même qui me dévorerait de l'intérieur, qui m'étoufferait si je l'ignorais démesurément.

Ça s'appelle la maladie et ça ne se soigne pas. Sans aucun doute elle pesait sur moi, jusqu'à voûter mes frêles épaules déjà fragiles. La valeur de mes actions semblait se détériorer à chaque seconde passée, quoi que j'aurais pu faire, il aurait s'agit d'une erreur grotesque. Quoi que j'aurais pu faire, j'aurais dû, pour être sûr de ne vivre dans aucun regret. J'en étais bombardée. J'en étais assignée et ça, personne ne semblait le remarquer.

'' - A quoi penses-tu ? '' sa question me pris de court. Il aurait été véritablement mauvais de dévoiler à ce parfait étranger mes profonds démons intérieurs, ceux qui ont causé tant de tord à ma propre personne, dans la continuité. Je fixais la rue luisante de gouttelettes de pluies fines, déjà la brume légère semblait s'alourdir. Un étrange mélange de coton et d'eau se forma au dessus de nos têtes, menaçant de tomber dans la seconde.
'' - A la tempête qui s'apprête à tomber. '' exactement comme mes larmes tardaient à couler. 
'' - Tu as peur de l'orage ? '' pas plus que les coups d'un fou furieux. Je comptais jusqu'à dix avant de m'autoriser à respirer à nouveau. Les battements irréguliers de mon cœur semblaient faire trembler tout mon corps de manière incontrôlable. Il me parvenait toutes les gouttes, déclenchant des frissons. J'aurais eu le courage de lui demander sa veste, sûrement je ne l'aurais pas fait pour autant. Il m'était profondément impossible de m'ouvrir à cœur ouvert de cette façon. Paraître vulnérable était totalement intolérable. Des fragments temporels de ma vie passé paraissaient s'imposer à ma vision. Je réfutais de sombrer en bonne compagnie, catégoriquement même de m'abaisser à lui dévoiler ma souffrance assidue. 
'' - Pas plus que ça.
- Pourtant tu trembles.
- J'ai un peu froid... '' c'était l'excuse la plus plausible et proche de la vérité qu'il m'était permis de lui avouer. Avec un petit rictus taquin il enleva sa veste d'un geste souple et contrôlé. Il possédait une grâce naturelle que tout danseur lui envierait. Rayane semblait flotter gracieusement sur le sol, sans même le toucher, alors que ses enjambées permettaient de s'enfuir si le diable prenait.
'' - Tiens met ça, petite créature fragile. '' aussitôt sa veste posée sur mes épaule, une odeur divine et purement masculine s'empara de mon odorat. Une chaleur plus réconfortante que prévue apparue, déclenchant des frissons d'une toute autre nature. Voilà longtemps qu'on avait fait ça pour moi. Je secouais la tête en le dévisageant doucement. Pourquoi faisait-il tout cela pour moi ? Un étranger à la beauté irréfutable qui semblait plus doux qu'il n'était permis ? Le danger semblait me guetter. Je m'accrochais à l'espoir sûrement que je tomberais, loin et bas, autant que la démence me le permettra. 

Les nuages lourds en ce mois de Septembre s'étaient rassemblés comme visualisant dans la réalité la noirceur décuplée de mon humeur. L'orage violent arrivait. L'air lourd m'aurait fait suffoquer si notre cadence à nous déplacer n'était pas aussi élevée. Mes cheveux sifflaient dans les rafales de vent et je n'aurai jamais cru qu'une sensation d'envol similaire à celle-là pouvait enfoncer dans mon cœur un pieu de liberté conditionnée. J'aurais aimé baisser les yeux et arrêter prudemment de le défigurer mais la soif d'autant plus acharnée de mon abandon répétitif m'empêchait soudainement d'émettre la moindre objection. La pluie s'était abattue plus soudainement encore que mon attachement personnel pour l'être figurant à mon côté droit. Il marchait dans la rue, sans rien pour se protéger, comme si tout à coup la déferlante des gouttes pouvait le purifier. Ses grandes enjambées semblaient lui permettre de voler. On aurait dit un mannequin déferlant dans les ruelles sombres pour se mettre à l'abri du danger qu'il provoquait. Une telle beauté semblait inenvisageable. Irréelle. Interdite. 

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