You go.

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Après leur départ, le docteur vint m'examiner. Satisfait de mon état, il autorisa les infirmières à me retirer ma perfusion, et à me déconnecter du moniteur, même si je me sentais bien moins en forme que ce qu'il voulait me faire croire. Après le dîner, Susie – mon infirmière, passa me voir une dernière fois, puis je me retrouvai seule dans le silence oppressant de la chambre.

Toutes les lumières étaient allumées mais l'obscurité hivernale à l'extérieur avait l'air de s'infiltrer dans ma chambre et de la rendre plus sombre et plus froide. Je regardai par la fenêtre pendant des heures, frileusement enroulée dans mes couvertures. Je me sentais terriblement seule et la culpabilité et le remord ne me quittaient pas. J'étais en train de me demander comment j'allais tenir le coup quand une voix familière me parvint depuis la porte de ma chambre.
'' - Salut. Tu vas bien ? '' Alexis était adossé contre l'encadrement de la porte, les bras croisés sur sa poitrine, comme s'il m'avait observée depuis un moment. Je me mis à pleurer, et il avança immédiatement vers moi avant de s'arrêter à quelques pas de mon lit, l'air indécis. Il regarda par-dessus son épaule, et, à travers mes larmes, je vis une silhouette reculer et s'éloigner du pas de la porte. Je n'avais pas besoin de le voir pour savoir. Rayane était là, mais il se forçait à ne pas entrer. Comme avant, on était revenus à la politique d'interdiction de se toucher. Sauf que maintenant, on avait aussi l'interdiction de se voir.

Je laissai échapper un sanglot et Alexis traversa les quelques mètres qui nous séparaient pour venir s'asseoir à côté de moi. Il prit ma main dans la sienne, et ce simple contact, bien que très différent du réconfort qu'il m'apportait d'habitude, me fit quand même du bien. C'était déjà beaucoup.
'' - Pleure pas... Ça va aller. ''

Je reniflai et essayai de me calmer, tout en détestant le fait que ce soit lui qui me console, alors que c'était moi qui lui avais brisé le cœur. Il aurait dû être en colère, crier, me traiter de salope et partir pour ne plus jamais revenir, mais il n'était pas comme ça. Il était attentionné et dévoué. À en juger par la façon dont ses yeux restaient fixés sur mes ecchymoses, je sus que s'il continuait à venir, c'était aussi parce qu'il se sentait affreusement coupable de ce qu'il m'avait fait. On se dévisagea sans rien dire et la chaleur de sa main finit par m'aider à retrouver mon calme. J'arrêtai enfin de sangloter, et il sourit.
'' - J'ai vu ton nouvel appartement, ça devrait te plaire. Emma a vraiment bon goût.
- De quoi vous avez parlé avec Emma hier ? '' il baissa les yeux et secoua la tête.
'' - Disons qu'elle était un poil énervée contre moi à cause de ce que j'ai fait, et elle ne s'est pas privée de me le signaler. '' il haussa les sourcils et souriait pour nous deux.
'' - Après ça, elle m'a demandé si je pouvais l'aider à déménager tes affaires, et comme je devais aussi m'occuper des miennes, j'ai accepté. On a fait ça ce soir, et elle a aussi réussi à récupérer quelques meubles chez Anthony, Morgane, Baptiste... Enfin partout où elle a pu. T'as plus qu'à t'installer maintenant. '' j'essayai de sourire en voyant le bon côté des choses, mais partir d'un appartement que j'avais toujours adoré, jusqu'à ce que les choses deviennent si compliquées, me faisait mal.
'' - Mais pourquoi toi et Rayane vous... '' je ne finis pas ma question. Je ne voulais pas le mettre en colère en lui rappelant ce que j'avais fait, mais il comprit où je voulais en venir.
'' - Pourquoi on quoi ? Pourquoi on est pas en train de se taper dessus ? Pourquoi on se comporte comme des adultes ? '' je haussai les épaules, et il continuait à me regarder sans rien dire. Quand il reprit la parole, sa voix était calme et douce.
'' - Quand j'ai commencé à assembler les pièces du puzzle – des regards ou des frôlements que je n'avais pas voulu voir, à quel point tu étais distante, ta tristesse quand il n'était pas là – j'ai su que j'allais te perdre, si ce n'était déjà pas le cas. Je savais que je n'avais aucune chance face au mec qui est potentiellement le plus beau de toute l'Europe '' il leva les yeux au ciel.
'' - Alexis je...
- J'étais tellement en rage contre lui. Je ne voulais pas qu'il parvienne à te séduire, comme toutes celles avant toi. Je ne voulais pas que tu tombes pour un mec qui sait se donner les moyens d'avoir ce qu'il veut dans des temps réduits.
- Ça ne s'est pas passé comme ça. ''

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