Les ondulations des mouvements soyeux de ses cheveux me distrayaient à l'entente redondante de son histoire. Celle qu'il a semblé vivre en une semi-démence. Comme s'il n'avait qu'un vague souvenir des images. Les sensations elles, s'accrochaient à sa peau désespérément. C'était en tout cas ce qu'il m'avait avoué.
Sa chambre, lieu de sûreté, de confidence – à un moment-même, d'intimité, s'était tout à coup métamorphosée en un acharnement de guerre. Rayane avait saisi son téléphone d'une main rageuse, sans être en mesure de contrôler ses tremblements. J'aurais pu voir d'où j'étais, sa jugulaire s'enflammer dans son cou. Il tremblait, littéralement. Depuis bien longtemps son calme olympien et sa joie de vivre avaient déserté dans un coin sombre. Celui là-même que tout être brisé se cherche, sans sûrement parvenir à le trouver. La rédemption. Un lieu où visiblement, ses plus profonds démons semblaient s'aventurer régulièrement, trop régulièrement. Comme j'aurais souhaité lire dans ses pensées, rien que pour comprendre ses tourments. Rien que pour tenter de le sauver, là où les autres ont échoué.
Il avait devancé mes mots, il avait réduit mon ardeur en fumée brûlante. Nous séparant, nous déchirant, sûrement moi davantage. Il a réparé ma fissure corporelle, rien que pour l'agrandir à l'aide de ses mains habiles.
Cette situation, qui apparemment était vouée à arriver, n'a fait que conforter mon sentiment d'impuissance. Avec Rayane, le contrôle m'échappe. Tout semble s'effriter dans l'air chargé d'électricité. Celui qui à chaque respiration commune crépite. Rien que pour nous faire craquer, pour me faire craquer. Notre premier baiser, celui qui m'avait valu tant de cyprine s'était brutalement arrêté, alerté par une crise d'angoisse sous-jacente. Un fulgurant rejet qui, au lieu de m'humilier plus que de raison, n'avait réussi qu'à me persuader de l'aider.
Il tirait sur ses cheveux encore criards d'une injustice complète.
'' - Tu te trompes Denitsa. Elle va revenir. '' il m'avait presque lancé la pièce à conviction sans jamais relever les yeux de ses pieds. C'était lui qui était abusé, mais il s'en tenait responsable ? L'injustice avait brûlé mes tendons. Le fil d'Ariane qui nous unissait s'était mit soudainement à s'endurcir. Ce que cette femme lui avait fait subir ne pouvait rester dans l'ombre, rester impuni.Je ne savais que trop bien à quel point ça faisait mal.
La peur des représailles, la peur qui nous englobe la cage thoracique à chaque pas tenté. Chaque fois encore, parvenir à avancer n'amène inévitablement qu'à reculer. Une boucle sans fin. Le désespoir alors s'apprête à nous engloutir sans la moindre pensée pour nos espoirs qui eux, tournent le dos, un à un. Cette sensation-là, pourrait presque être aussi insupportable que l'acte lui-même. Subir et se relever, accepter et avancer. S'il ne parvenait pas à faire ce saut dans la fausse, je sauterais avec lui. Entrelacer nos doigts, juste pour qu'il sache qu'il n'avait rien à craindre. Qu'il n'était pas seul. Je lui aurait promis que l'avenir s'améliorerait, que sa bonne étoile reviendrait.
S'il n'y allait pas, j'allais l'y forcer.
'' - Écoute moi. Il faut que tu le fasses. Elle n'avait pas le droit. C'est pas ta faute, te rends pas responsable. '' mais Rayane n'avait aucun autre choix. Il devait trouver un coupable, un coupable physique à qui il pouvait s'en prendre. Sur qui ses nerfs s'abattraient jusqu'à que le vrai, lui, soit condamné. Il s'est choisi, bien sûr. La seule enveloppe charnelle qu'on haie autant que notre inquisiteur. La seule qui nous emplie de honte, à force de se sentir salit. On préférerait disparaître sous des flammes plutôt que de l'avouer. Vendre n'importe quoi pour garder ce qu'il nous reste de dignité. La volonté alors, un bourreaux ne pourra jamais la retirer, la seule chose qui, nous fait avancer.
VOUS LISEZ
Demons
Fanfiction« Ses yeux étaient fermés, il n'avait pas encore remarqué que j'étais là. Après être restée sans le voir depuis des mois, j'avais l'impression de devoir le regarder petit bout par petit bout, comme si le voir en entier allait me rendre aveugle. Il...