The lights fade out.

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La sonnerie du téléphone me dérangea.

Et l'absente d'Alexis, m'agaçant toujours au plus haut point, ne faisait que s'accroître à mesure que les semaines filaient. Et mon cerveau, mon cœur, ne peuvent envisager de poursuivre sur cette lignée.

Le nom du destinataire m'arracha un sourire. Un sincère et rare. Mon doigt glissa sur l'écran tactile, et l'appel débuta.
'' - Voilà la plus belle. '' son rire traversa le combiné, agrandissant mon sourire déjà immense. Sa voix, mélodieuse, et mielleuse s'affranchit de la distance nous séparant. Neuf mille quatre-vingt kilomètres au total, et sept heures de décalages. Pourtant, ses grands yeux bleus semblaient déjà me dévisager doucement, tels deux saphirs fondants dans une marmite à mille degrés.
'' - Salut Bulgaria.
- Que me vaut cet appel ? '' un soupir un instant nous sépara.
'' - Tu me manques.
- Toi aussi, Emma. Quand repasses-tu en France ?
- Justement, c'est pour ça que je t'appelle. '' Emma vivait à l'autre bout de l'Atlantique. Me paraissant parfois, à l'autre bout du monde, quitte à parler de Russie, voir du Japon. Mais sa vie à présent en compagnie de mon ancienne troupe, se faisait à Los Angeles. Et la distance parfois se réduisait, lorsque de passage dans l'hexagone, ma cousine faisait toujours un arrêt, d'une durée limitée. Sa présence en cet instant, me parut être plus précieuse que ce à quoi je m'étais attendu.
'' - Je t'écoute. '' elle parla à une autre personne derrière elle - me semblait-il, d'un espagnol parfait, aux accents étrangement mexicains et colombiens. J'ignorais que l'avancée de la troupe s'était rependue jusqu'aux pays d'Amérique Latine. Mon sourire disparu l'espace d'un bref instant.
'' - Dans quelques semaines, tu serais libre ? '' je hochais la tête, bêtement, tout en lui verbalisant l'affirmative.
'' - Je passerais d'ici trois semaines tout au plus. '' elle dirigea encore une fois une phrase à celle dont elle était accompagnée. Ce qui me fit comprendre qu'elle n'avait pas de temps à donner à la discussion, ni à anéantir mon ennui.
'' - Je te rappelle demain, on en discutera.
- A demain, alors. '' et déjà mon échappatoire s'était refermé aussi brutalement que la brèche s'était ouverte. Le souffle de vie qu'Emma venait de m'envoyer me décida à retourner au salon.

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Et qu'il aurait été futile d'avouer l'ignoble vérité. La dégueulasse souffrance, imposée à deux êtres, faits pour partager la même foutue existence. Mais ce jour-là alors, où les deux aimants s'appartiendront le champ magnétique déjà se défera, et l'aimant faible s'autodétruira. En aucun cas je voulais ça.
Nous étions voués à l'auto-destruction.

La vérité était telle, j'aurai par dessus tout, voulu que Rayane sorte de ma tête, parce que ça devait se passer ainsi. Nous avions, et il aurait été absurde d'avouer l'inverse, une attirance réciproque. J'ignorais jusqu'à quel point atteignait le pic magistral de la sienne, tout ce que je savais, c'est qu'une partie, identique à celle conçue et dédiée à Alexis, est distribuée à mon colocataire. Et ses yeux verts, n'y sont pour rien, et nos disputes n'y changeront rien. A l'instant où son âme s'est dénudée devant moi, la mienne s'est fissurée pour lui.
Et notre jeu dangereux a débuté.

Et il me manque, et il me manque.
Et je ne saisi pas, et je ne saisi pas.

L'orage émotionnel me surplombait, nerveux. Et la soirée s'est sûrement déroulée, et moi, j'ai contemplé mon monde, sans y participer. La télévision avait tourné, mon téléphone avait sonné, Alexis avait compté mille exploits lointains. J'étais parfaitement incapable de décrire le déroulement de cette soirée.

Ma tête n'avait pas semblé être divisée. Mais mes cinq sens s'amusaient à tordre mon estomac, à réduire ma poitrine en cendre, et personne n'en avait conscience, encore moins témoin. Alexis survolait l'appartement de location, sans pour autant prendre marque. Comme s'il ne véhiculait qu'ondes positives, n'étant alors jamais branché aux mêmes interfaces que les miennes. Je dérivais vers les basses fréquences.

DemonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant