Demons

You show me.

Le coup de téléphone.

Emma avait toujours eu le talent exceptionnel de remettre en cause tout ce que je m'étais évertuée à demeurer fondé. Elle recalait toutes les fondations, même les plus ancrées sur son passage. C'était sûrement pour cela que je l'aimais à ce point, et que Rayane aussi, l'appréciera.

Le coup de téléphone.

Celui de Vendredi soir, tard, celui où Alexis était planqué sous la douche, et moi avouais à demi-mot avoir commis des erreurs irresponsables. Et Emma avait compris, d'avance j'en étais persuadée. Je n'avais rien à avouer, et aucunement besoin de la convaincre d'un fait accomplit. Elle me connaissait trop bien.

Le coup de téléphone.

Celui de Samedi matin, tôt, celui où Rayane demeurait à mes côtés, tasse de café bouillante entre les doigts, et sourire ravageur gravé sur son magnifique faciès. Je m'étais levée, me semble-t-il du bon pied, face à une nuit à ressasser ce qu'il s'était déjà passé. Le climat de tension figurant dans ce foutu appartement m'avait arraché des larmes interdites. Alors je m'étais promis de faire des efforts. Et puis j'avais compris que ce n'était sans doute que pour m'assurer qu'au moment venu, où Emma serait face à lui, il ne lui sauterait pas dessus.
Parce qu'il était tout à fait son genre, et qu'il avait quiconque dans ses bras. Même moi.
À commencé par moi. Quelle foutue égoïste.

Je m'étais approchée de lui timidement, pour m'assurer qu'il ne prendrait pas la fuite dans les prochaines secondes. Il avait l'air réellement étonné, que je ne lui claque pas la porte au nez, que je ne me referme pas comme une huître.
'' - Tu veux du café ? '' habituellement j'aurais refusé, et je ne sus les raisons m'animant mais... J'étais heureuse qu'il me parle, qu'il s'intéresse à moi, qu'il veuille me faire plaisir. Je me demandais s'il était ainsi avec toutes, ou s'il ne me réservait que l'envers des relations, s'il me faisait espérer ou simplement me révéler la vérité. Je ne savais rien, en réalité. Tout ce que je savais, c'était qu'il me plaisait, et qu'en le serrant contre moi – malgré son raidissement – j'eus enfin la sensation d'être complète, d'être chez moi.

Mais quelle maison n'était pas en train de tomber en ruine ? Rayane ? Ou Alexis ?

'' - Bonjour. Oui, je veux bien.
- Et si je fais ça tu vas me repousser ? '' je m'attendais à une demande beaucoup plus subjective, il se contenta de me rapprocher de lui. Moi aussi, j'avais besoin de croire qu'il était réel, qu'il était là. Parfois, je crois rêver. Parfois je crois perdre, me perdre.
'' - Non... Ça m'a manqué. '' tout de notre relation antérieure me manquait, le Rayane enjoué, et viable me manquait aussi, cruellement. Toute cette histoire l'était, j'étais cruelle.
'' - Mais il va falloir qu'on établisse des règles. '' il se contenta de rire, ne prenant certainement pas ma requête au sérieux. Je haussais un sourcil tout en réfléchissant. Il était hors-de-question de poursuivre cette relation hors-normes, en plus de celle avec mon avocat. Pourtant, les règles n'étaient qu'une excuse parmi toutes celles que je cherchais. Elles ne servaient à rien d'autre qu'à berner mon subconscient d'une illusion bien plus grotesque que voulait l'entendre mon cœur. Les règles n'étaient là que pour dompter mes désirs propres, et par ailleurs les siens. Le temps que je comprenne, que je sache où je devais aller, et quel chemin je me devais d'emprunter.
Pour l'instant, je nageais dans un brouillard épais et lugubre.
'' - Je t'écoute.
- Déjà la règle de base ; toi et moi on doit plus jamais... '' être faits l'un pour l'autre. Je ne devais jamais plus capituler devant mes sentiments, je devais être plus forte que cela.
'' - Plus jamais on ne couchera ensemble ? Tu es sûre ? Parce que c'était vraiment... '' je déglutissais nerveusement tout en lui frappant gentiment l'épaule. Il fit semblant d'avoir mal, mais son sourire ne le quitta pas un instant.
'' - On s'embrasse plus jamais. '' question de sécurité.
'' - Sur la bouche tu veux dire ?
- Ni sur la bouche ni ailleurs. '' son soupire de frustration failli avoir raison de mes bonnes résolutions. Ce qui signifiait que tout ce que j'étais en train de construire, pouvait s'effondrer en une nanoseconde.
'' - Comme tu veux. Quoi d'autre ? '' mes mains mimèrent le haut de mon corps jusqu'à mes genoux. J'englobais ainsi toutes les zones hétérogènes à sa passion.
'' - Là, interdiction de toucher. '' un rire sans joie lui échappa, tout en levant ses yeux vers le plafond de la cuisine. Sa tête se secoua d'elle-même, pris d'une exaspération peu commune.
'' - Ça va devenir chiant. Très bien... '' il fit le dessin identique au mien, avec son sourire narquois désormais bien connu de mes fichiers détresses.
'' - Pour toi aussi alors, pas touche. Sauf si tu en as vraiment envie. '' alors je répétais mon geste, et lui frappai gentiment l'épaule.
J'aurai aimé accepter.