Demons

Made of greed.

Il déambula devant l'escalier, si soudainement qu'il sembla s'apprêter à rendre son âme au ciel. Les yeux tendus dans l'espace vide de notre monde. Cherchant sûrement une aide inaccessible, pour nous, pauvres humains vulnérables. Il souffla, un air tangible, un air si rare, celui qu'apparemment il demeurait à trouver, en vain. Ses genoux heurtèrent le plancher. Il vrilla, se décomposa sur le sol, en une envolée de pleures déchirants. Son odeur envoûtante pénétrait l'artère de mes veines, comme s'il complémentait ma solitude chère. Mais la sienne me prit au dépourvus – il avait mal. Plus bas que terre. Il aurait pu creuser sa tombe lui-même, sans doute l'aurait-il fait.

Il m'avait dit sortir, que soit-disant c'était juste pour se divertir. Juste pour croire en les bonnes choses qui depuis longtemps ont déserté. Aucunement responsable sans doute, il avait dû enchaîner les verres sans plus savoir compter jusqu'à dix. Puisque après tout, un siphon en entraîne un autre. Et puis le tourbillon des émotions négatives l'avait emporté, comme nous tous. 

Il avait juré veiller sur lui, sur sa propre sécurité. C'était ce qu'il m'avait promis après notre visite au tournage. 

Je n'avais pas eu le courage nécessaire pour le quitter. Je n'avais rien su faire d'autre que le suivre dans son univers. Puisque le mien était trop noircis pour l'accueillir. Moi-même il voulait m'éjecter, depuis le temps que j'y traînais. Il m'avait emmené, veiller avec lui aux soucis quotidiens d'un plateau de cinéma. Un imprévu au tournage, une improvisation hilarante. Il n'avait rien à envier à personne. Ayant sans aucun doute l'un des plus beaux métiers du monde. La chance poursuivait à lui sourire, deux rôles en mains, des séries qui fonctionnaient bien. Comment un comédien si jeune pouvait déjà avoir un si bel avenir ?

Je n'ai pu que l'envier moi, jamais ô grand jamais, mon talent me resservirait. 

Rayane avait convenu de sortir. Ma présence devait l'étouffer. Il était simplement trop bien éduqué pour me contredire. Pour conjurer l'inverse de ce qu'il devait penser. Pourtant ses pleures, ressemblant davantage à des hurlements me déchirèrent de l'intérieur. Il eut un mouvement de recul brusque en m'apercevant. Son rire raisonna, un son tendu et glissant. Une crise d'hystérie le menaçait. Comme si ses nerfs depuis trop longtemps retenus se détendaient, en un cris long et guttural, qu'il semblait incapable de contenir. 

De toute évidence, il ne devait pas en avoir la force. Son corps avait cédé, devant une montagne de sentiments affreux, ceux qui pourrissent si jamais ils sont contenus. 

Ses yeux brillaient dans le noir abyssal de la salle à manger. Mes jambes me levèrent en un même mouvement. Une nanoseconde plus tard, j'enfonçais sa tête dans mon cou pour le soulager. 
'' - Putain Rayane. '' ma voix étranglée cingla entre nous. Comme s'il était le coupable que j'injuriais. J'eus envie de me baffer jusqu'à que mort s'en suive. Je prenais sa tête parfaite en coupe entre mes deux mains fragiles. 

La situation m'apparut soudainement si claire. Cette scène s'entrechoqua à celle de ce film minable conçu pour un plaisir animal. Il déversait des litres de larmes chaudes et salées, comme s'il avait oublié à force des années retenues, l'effet produit. De quel droit l'aurais-je arrêté ? Mais la panique ne pouvait rester tapie plus longtemps dans mon esprit un peu trop protecteur. Je le força à me regarder dans les yeux. Ses paupières semblaient lourdes, son corps mou et sans réponses. Comme s'il n'était plus qu'un cadavre qu'un immonde personnage aurait balancé après y avoir retiré la vie. 
'' - Qu'est-ce-que t'as Rayane ? '' j'étais tremblante à présent, presque autant que lui. Parce qu'il fallait être honnête : lui, dans cette position d'infériorité, me prenait aux tripes. Qui pouvait réellement rester insensible à un déroulement pareil ? J'aurais été incapable de le laisser tomber.