It's woven in my soul.

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Je ne sus si j'avais envie de pleurer, de joie, pour enfin avoir compris tout l'amour irrationnel que je lui portais, ou au contraire, de haine, pour avoir succombé, une fois encore. Je n'avais écouté que mon stupide inconscient, qui s'était épris plus que jamais, à prendre le contrôle, de ce que j'étais. Je n'avais écouté que mon cœur qui battait la chamade, qui ne battait que pour lui, et l'espace d'un instant, d'un infime instant, il avait été comblé. Il n'avait plus semblé si meurtri, et cet espoir d'être redevenue vivante s'était épris de moi. J'en étais déjà dépendante.

Je le haïssais, pour tout ce qu'il me faisait ressentir, mais par simple paradoxe, je l'aimais plus que tout pour cela. Il n'y avait rien à prouver, rien à avouer, tout était déjà terminé, de toute façon. 

J'avais passé la nuit entière à divaguer entre plafond immaculé, et torse bronzé, me perdant entre bien fondé, et abysse démesuré. Le noir m'étouffait et pourtant, je n'avais jamais été aussi heureuse de ma vie. J'avais cru pouvoir consumer cela, dans un coin sombre de mon être, mais maintenant que j'étais allongée à ses côtés, après avoir partagé avec lui, l'une des meilleures nuit de ma vie... Ça me paraissait inenvisageable. Ce n'était pas ainsi, que ça devait se passer. 

J'avais passé la nuit à rêvé d'un monde meilleur, celui qu'il visionnait certainement tour à tour, chaque jour passant. Peut-être que ce rêve était le notre, ou peut-être pas. Son diaphragme se soulevait en un rythme régulier et consonant, apaisant, et diablement tentant. Son silence, son soutien, et son acceptation, étaient tout ce qui m'importait dans l'instant. Mes mains passaient dans ses cheveux, quand j'estimais ne plus pouvoir me retenir. Ses paupières bougeaient mécaniquement, comme si lui aussi, rêvait de ce monde perdu. 

Nous étions deux astres, deux nouvelles lunes, deux morceaux de cette terre gravissant dans un profond désarroi, et cela revenait du pareil au même. « Je t'aime Denitsa. » je n'avais pas été capable de lui répondre. Je n'avais pas été capable d'exprimer cette nouveauté interdite. Celle qui germait à l'intérieur de moi, et qui ne demandait qu'à grandir. Je bridais cette avancée, du mieux que je pouvais. Je le savais, je devais faire un choix précis, prendre les bonnes décisions. Et essayer de perdre le moins de plumes possibles, même si c'était impossible. 

Lorsque le jour se lèvera, et que mes yeux se poseront sur cet astre millénaire, la vérité remontera dans mon cerveau. Je me maudirais d'être celle que je suis devenue : la marionnette de Rayane, prête à poser un genoux à terre devant lui, assurer que demain sera moins pire, mais qu'ensemble, tout sera possible. Je détestais cette personne, parce qu'il avait fait revenir celle qui était morte sous les coups de son ex affreux. Celle qui n'avait rien trouvé de mieux que de fuir à toute allure dans un parc illuminé, et plonger dans le gazon mouillé, fraîchement coupé. Comme la page, que je venais d'arracher, comme mes larmes avaient coulé. 

Je détestais que Rayane m'ait confronté à ce qui m'effraie le plus dans la vie. Qu'il ait décidé, de me faire changer, sans jamais m'en parler, sans jamais me forcer. Il était le premier depuis lui à s'intéresser à la personne que j'étais à l'intérieur, et à vouloir reconstruire ce schéma effacé.

Cette nuit-là, je ne sombrai pas, je l'admirais, pendant que je le pouvais encore.

-+-

Il me regardait de ses yeux verts foudroyants, dérapant dans ce qu'il était supposé aimer. C'était lui, qui l'avait assuré. Il me dévisageait parce qu'il était réveillé, et que moi, j'avais replongé, tête la première dans son paysage, dans son regard émeraude, qui m'obsédait. 

Ses bras avaient entouré mon bassin, et sa chaleur humaine, avait semblé me réchauffer, moi et mon cœur de glace. Il m'avait semblé être une menace, dangereusement réelle. 
'' - On a dépassé les règles. '' il s'était décomposé dans mon dos.
'' - Je suis désolé.
- Pas plus que moi. '' parce que c'était la pure vérité. Je ne lui en voulais pas à lui, mais à moi. Je n'étais qu'une petite égoïste, et j'eus envie de me gifler toute seule. J'avais des sentiments irréels envers lui, et c'était pour cela que les actes de cette nuit, relevaient d'un égoïsme parfait. Il aurait pu lui aussi, se mettre à genoux et m'assurer que demain, en sa compagnie, sera forcément meilleur que ceux passés. Et comme la dernière des idiotes, je l'aurai cru. J'aurai même suivi son geste, et moi aussi, je serai à genoux, à lui assurer que je l'aimerai toute ma vie.
'' - Qu'est-ce-qu'on fait maintenant ? ''

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