Prologue.

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Je pense que l'on est tous un peu perdus, que rien n'est sous notre contrôle. Je pense qu'on perd la vue, qu'on joue tous un rôle.

J'assistais, impuissante à la déchirure de mon âme.
Comme si le ciel si soudain tombait sur ma tête déjà blessée. Les deux se tournèrent. Les ombres prenant place à l'intérieur de mon crâne. Le soleil se cacha, derrière une éclipse permanente.
Mon soleil nocturne tourna le dos, comme si souvent j'avais entrepris de le faire sans jamais avoir la décence pourtant. N'étant rien d'autre qu'indécise, que la pauvre danseuse que je suis.
Mon soleil matinal s'enfuit aussi, parmi toutes mes erreurs, désirer le garder était resté, comme l'une des priorités. Comme la plus précieuse, celle qui me forçait à me lever.
Apparemment, j'avais revu mes priorités. Apparemment mon cœur n'avait pas jugé opportun de m'en avertir.

Mais moi sans eux, je suis censée être qui ? Être quoi ? Il n'y a qu'à travers eux, que j'arrive à exister.

L'un vers la lumière aveuglante du jour, l'autre s'enfonçant dans les entrailles de cette salle de torture. L'un semblait courir, l'autre mourir. Comme s'il engendrait pour les autres ce qui semblait impossible comme il l'a toujours fait : garder le malheur des autres parmi le sien, déjà immense. Aucun être normalement constitué ne pouvait supporter une telle dose de douleur. Il a traversé la vie, il ne l'a pas vécue. Mon cœur tomba en morceaux.
Je me sentis presque m'éparpiller en dizaines de milliers de particules fines dans l'air pesant. Celles-là mêmes qui constituaient mon être reculé de démons intérieurs. Ceux qui commandaient ma vie, ceux qui commandaient mes choix.
Ceux qui ont tout gâché.

Talons opposés à moi, ses jambes le dirigeaient à l'extérieur, lui permettant certainement une bouffée d'air qu'il m'était indisposée d'offrir. Sûrement nécessaire. Ses cheveux ondulaient dans l'air remplis de mes entrailles environnantes. Ses larges épaules affaissées par le chagrin, son bras en écharpe, son œil encore foncé : tout rappelait les événements passés. Ceux que j'aurais préféré oublier.

Veste boutonnée, valise validée, regard fermé, ses bras encore contractés des coups données et yeux sûrement humides des sentiments partagés. Il abandonnait. Il n'arrivera jamais à me pardonner, et moi non plus. Il n'aurait pu saisir ce qui moi-même m'échappait, sans jamais me juger pourtant.
Mais moi, avais-je seulement compris ?

Et puis mes yeux revenaient vers l'extérieur. Revenaient vers la source de chaleur. La source de bonheur refusée, refoulée, inadaptée.
'' Attend ! '' la pensée traversa mon système nerveux défectueux. Comment diable étais-je arrivée à cette situation ? Comment aujourd'hui mon univers semblait se décomposer en lambris ? Comme si son feuillage parfait avait été teinté par les erreurs, l'ignorance et les conneries répétitives d'une pauvre créature telle que moi.

A force de vouloir tout avoir, j'ai perdu. J'ai même tout perdu. Même mon âme, ma raison de vivre. Même lui. Tout ce qui me constituait semblait avoir brûlé. Il était arrivé là, comme un démon de mon enfer personnel, venu uniquement au monde pour me tuer, pour m'achever.

Les tendons de mes doigts fins picotaient dû à l'immobilisation absolue infligée à mon corps. Je devais bouger. Je devais prendre une décision. La décision. Celle qui changera tout. Celle qui a déjà tout changé.
Puisqu'elle était déjà prise.

Je sais que je devrais être autre part. Que je ne devrais pas faire ça, mais pouvais-je faire autrement ?
Loin, loin, tellement, que personne ne me rattrapera jamais mais avais-je la volonté nécessaire de supporter une telle détresse ? La mienne, la sienne, la notre ? Celle qui indéniablement a fait notre charme. Notre, amour. Celle qui en réalité n'appartenait qu'à nous.

Il m'a eu. Il m'a fait tomber. Si bas, si profondément, amoureuse de lui.

Pourquoi étais-je encore là à les regarder partir ? Pendant que tout se profilait à m'échapper ? Les démons intérieurs semblaient s'agiter en travers de mes entrailles, vouloir m'aspirer plus que nécessaire. La bile monta à l'intérieur de ma gorge. J'eus la sensation de perdre un fil fin, celui qui nous unissait, celui qui malgré les apparences n'avait apparemment jamais été rompu. Je le lâchais, ou plutôt, il me forçait à le faire.

Il prenait le large, pour oublier mon visage. Puis moi je resterais là, à mourir pour toi. Rien n'a vraiment de sens. Pas sans lui. Je vis, je vivrais, sans plus jamais savoir pourquoi.

Le plus dur a été de te voir partir sans te retourner, j'ai pas pu te retenir, j'en ai pleuré.

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Bonjour !
Je reviens après tous ces mois.. pour la version Denitsa. J'espère que découvrir ou redécouvrir cette histoire vous plaira.
J'ai hâte de lire vos avis !

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