Ones we hail.

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Tous ces gens étaient là pour apprendre à danser. Tous étaient là pour faire ce que je préfères dans la vie. 
'' - Denitsa t'es encore en retard ! '' Sol me sermonnait gentiment. Elle savait parfaitement qu'en ce moment je n'étais pas vraiment dans mon état normal. Après deux ans à me cacher dans une carapace blindée, j'avais pris la décision de m'ouvrir aux autres. Emma était là pour moi, pour m'aider, comme mes deux amies ici. Mais rien ne remplacera jamais la place vide qu'il a laissé dans mon cœur. Marc a emporté avec lui la partie de moi que je cherche encore, et malgré tous mes efforts reste inexistante parce qu'il m'a prit bien plus que mon amour-propre. 
'' - Je sais, je suis désolée. '' mais celle qui commandait officiellement ici, c'était moi. Ça ne me dispensait pas d'arriver à l'heure, mais si l'école en était là aujourd'hui ce n'était pas par hasard. Pour survivre, j'ai dû plonger dans quelque chose. La danse. La danse, mon échappatoire, ma solution, comme toujours. La danse est l'ouverture de mon âme sombre. Elle est l'ennemie de mes démons intérieurs qui me pourrissent, qui prennent toute la place restée vivable dans mon enveloppe charnelle. 

J'ouvrais les portes en grand, permettant à tous ceux présent de rentrer dans la salle principale. 
'' - Denitsa ! '' une petite voix criarde de douceur s'élevait parmi toutes les autres. Louna, la petite habituée venant ici tous les deux jours se jeta dans mes bras. Cette petite est le futur espoir de la danse contemporaine. Je n'avais jamais vu une jeune fille danser aussi bien de toute ma vie. L'acharnement incarné. 
'' - Coucou toi. '' je la serrais contre moi et la soulevais du haut de mon mètre-soixante. Ses cheveux blonds emmêlés défiaient la gravité électrisant tous les tissus à leur contact. Ses yeux bleus se plantaient dans les miens, me faisant fondre. Un jour peut-être j'aurais une fille, moi aussi. Mais l'idée même de devenir mère me foutait une trouille terrible. Me poser avec Alexis aurait pu être faite depuis des mois entiers. Si seulement il n'avait pas son travail et moi... Cette peur. Celle bloquant le moindre effort masculin. Ils ne sont pas tous mauvais, mais un seul a suffi pour me réduire en miette. 
'' - On danse quoi aujourd'hui ? '' sa petite voix mélodieuse me fit revenir à la réalité. Je me rendis soudainement compte que je n'avais prévu aucun cours pour la semaine. Merde. Quelque chose qui en réalité, ne me ressemblait pas du tout. Je me souvins aussi brusquement que l'arrivée de mon nouveau colocataire se ferait demain, dans la matinée. Il ne manquait plus que ça. Je souriais à Louna en espérant qu'elle ait déjà une idée.
'' - Tu veux danser quoi toi ? '' elle me dicta toutes les sortes de danse que nous avions faites jusqu'à présent. Le sourire fixé à mes lèvres ne voulait plus s'en écarter. Ce rayon de soleil se pointant, dédramatisait mon univers si sombre. 

-+-

Mon lit avait quitté le contact précieux à ma peau plus tôt que prévu, bien trop tôt à mon goût. Le volet mal accroché de ma fenêtre claquait contre le mur en son strident rapprochés. J'ouvrais un œil difficilement, me confrontant à la dure réalité. Merde. Un mardi matin sûrement comme les autres, un jour particulièrement banal, et je n'avais pas le choix, c'est aujourd'hui qu'arrive le nouveau locataire de mon proprio. J'avais pour ordre de faire une décharge complète des restes visibles du départ de Jordan.

Le balais entre les mains, une tasse de café coulée dans un coin, j'essayais de mettre de l'ordre dans cet espace misérable. Jordan n'a laissé aucune trace de son passage ici, à part un lit, au matelas usé et une armoire vidée. Mon ancien colocataire passait le plus clair de son temps à traîner dans des endroits mal famés. Vendela en a eu marre qu'il ne paye pas son loyer. Et avait-il foncièrement tord ? Alors il l'a viré, et cela faisait.. Approximativement trois semaines déjà qu'il avait plié bagages. J'aurais bien souhaité qu'il s'agisse d'une femme, rien que pour la facilité de conversation, mais il s'agissait d'un homme. Et avec un peu de chance, il s'agira du même spécimen que Jordan : un mec blindé de clopes, défoncé à n'importe quelle heure de la journée, qui ne me causera aucun problème. Paraissait-il seulement que mon absence à la maison l'avait dérangé. Allait-il en être de même pour celui arrivant ? La réponse m'apportait peu mais, je souhaitais réellement vivre en un climat serein.

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