When the days are cold.

161 9 6
                                    

On était en Mars et il faisait encore froid, mais on pouvait déjà voir les premiers signes du printemps. Les cerisiers étaient en fleur dans les parcs, et le gazon se parsemait de petites fleurs roses qui me remontaient le moral chaque fois que je marchais dans l'herbe.

J'avais vraiment passé un sale hiver. Moi qui détestais la solitude, j'avais été souvent toute seule dernièrement. Ma cousine s'était faite pas mal de copines, toutes plus belles les unes que les autres, parmi les habituées des coins populaires. Elle passait son temps dehors. J'avais même entendu dire qu'elles étaient bien parties pour faire des castings de mannequina.

Jade me proposait plusieurs fois de sortir, mais avec ses entraînements, et mon emploi du temps à l'école, c'était presque impossible de trouver un soir ou aucune de nous deux n'avait un imprévu de dernière minute. On allait au cinéma ou boire un café avant qu'elle ne rejoigne la troupe, de temps en temps, mais pas aussi souvent qu'on l'aurait voulu.

Entre les cours de danse, le travail administratif et les appels réguliers d'Alexis, j'étais assez occupée, pas assez toutefois pour ne pas penser à Rayane. Il me manquait toujours, quoi que je fasse. J'étais peut-être en désintox depuis trois mois après notre séparation forcée, mais j'étais toujours accro. Je pensais à lui sans arrêt. Il ne se passait pas un jour sans que je ne regrette amèrement mon erreur. Comment avais-je pu être aussi stupide ? Comment j'avais pu repousser un homme aussi exceptionnel que lui ?

Un soir, ma cousine raviva la blessure sans le vouloir, alors qu'elle se préparait dans la salle de bain avant de sortir avec ses copines. Elle était en train de se sécher les cheveux, la tête ne bas pour ajouter du volume à sa chevelure déjà parfaite. Je passai derrière elle pile au moment où elle ramenait la tête en arrière. Elle portait un haut noir dos nu pas du tout adapté à la température extérieure, mais ce n'était pas ça qui avait accroché mon regard : ce fut ce qu'elle avait autour du cou.

Je m'étais arrêtée net devant la porte et étais restée bouche bée, les yeux humides.
'' - T'as eu ça où ? '' ma voix était peinée. Elle n'avait pas comprit tout de suite, jusqu'au moment où avait vu que j'avais eu les yeux rivés au collier qu'elle portait.
'' - Ça ? '' elle avait haussée les épaules et le collier avait glissé sur sa peau.
'' - C'était dans des affaires, je ne sais pas d'où ça vient. C'est joli, tu ne trouves pas ? '' j'avais regardé sans y croire le collier que Rayane m'avait donné. Le diamant brillait dans la lumière de la salle de bain et j'avais eu l'impression qu'il étincelait comme un arc-en-ciel à travers mes larmes. Et Emma avait soudain remarqué que j'avais été sur le point de m'effondrer.
'' - C'est à toi ? '' j'avais cligné des yeux, et les larmes avaient coulées sur mes joues. Elle avait porté précipitamment ses mains autour de son cou pour le retirer.
'' - Je suis désolée, je ne savais pas. '' elle me l'avait rendu, comme s'il était en feu, mais je n'avais pas bougé.
'' - C'est pas grave. Je pensais que je l'avais perdu, c'est tout. '' ou que Rayane l'avait reprit, finalement. Elle m'avait serré fort contre elle et attaché le collier autour de mon cou, puisque je n'avais pas eu l'air de vouloir le reprendre.
'' - C'est Rayane qui te l'as donné ? '' j'avais hoché la tête, sans cesser de pleurer.
'' - Le soir où il allait partir, quand Alexis nous a surpris. '' je l'avais touché par le bout des doigts, et j'avais eu l'impression que le métal pourtant froid m'avait brûlé. Emma m'avait regardé sans rien dire, puis caressé les cheveux.
'' - Pourquoi tu sors pas avec nous ? '' j'avais soupiré en me rappelant de la dernière fois que j'étais allée danser avec elle.
'' - C'est gentil, mais je préfère rester à la maison. '' elle avait fait la grimace avant de s'approcher du miroir pour se maquiller.

Aujourd'hui il pleuvait et je me perdis dans la contemplation des gouttes qui dégoulinaient le long de la fenêtre. La pluie me rappelait Rayane et moi, le soir où on était rentré
dans la rue, après avoir dansé ensembles dans un magasin. Je me rappelai cette soirée, nos premiers regards, et nos premiers contacts, mes pensées qui allaient vers Alexis, me soutenant qu'il ne s'agissait pas d'une bonne idée.

DemonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant