My kingdom come.

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Mon esprit refuse de fonctionner. Derrière un nuage embaumé à la tequila, il gravit les marches obscures, remonte la pente, celle qu'encore me soumet à tomber.

Mes yeux refusent de s'ouvrir. Demeurant en une semi-conscience dévastée au couteau. Mes pupilles contrastent au désertique sentiment qui m'habite. Et alors, comment en suis-je arrivée là ? Y avait-il seulement une raison, à cet état pitoyable ?

Ce n'était pas moi, ce corps à demi-mort, recouvert de courbatures démentielles et douloureuses. Ne remontant qu'à une poignée d'heures.

D'ailleurs, quelle heure était-il ? Y avait-il seulement encore une horloge quelque part dans ce monde sombre de souvenirs graveleux ? Le jour sûrement s'était déjà levé, je devais être en retard, aux entraînements. Une profonde honte, un profond dégoût, une incompréhension, indubitablement, de mon manque d'assurance m'assaillirent. La raison de ce retournement de situation n'aurait dû avoir aucune répercussion sur ma vie.

Il en était autrement, bien entendu.

Le gouffre m'emporta, le noir s'en suivit, loin derrière les souvenirs irréels.
Puis mon système nerveux sembla propice à enfin répondre à mes exigences naturelles. Mon système nerveux accepta de commander les membres à part entière de mon enveloppe charnelle.

J'ouvrais les yeux.

Loin de notre propre univers, la lumière filtra, derrière des volets ouverts. Mon cœur sembla se soulever, mon estomac remonter, rien que pour les souvenirs, ceux qui à la surface venaient tenter la vérité. L'alcool voulu sortir de mon corps, devenu soudainement insupportable. Plus aucune substance trop forte à supporter pour moi.

S'il s'agissait d'une farce ? J'aurais voulu, de tout mon cœur, revenir en arrière, remonter à la soirée de la veille, ne pas accomplir les actes irréparables qui pourtant se sont produits. Entièrement fautive et intransitivement coupable, d'avoir autant aimé l'instant, ma tête vrilla sur l'oreiller. Mon regard, une nouvelle fois, se perdit derrière le calme de mes paupières.

J'eus la sensation de me noyer éveillée, de chuter d'une cascade tête la première, sans aucun élastique me retenant.

Alors où en étais-je désormais ? Y avait-il une situation à tirer de ce désastre soudain ? J'en doutais, j'en doutais même fortement. Aucune proposition, aucune solution ne s'ouvrait à nous. Il n'y avait rien d'autre qu'oublier, tenter d'avancer, malgré les événements arrivés. J'ai produit la merde, je l'ai voulu. J'ai souhaité, du plus profond de mon être qu'il me désire.
Je n'avais rien à demander, rien à pleurer et certainement rien à rechigner. La faute était la mienne, j'avais conçu le drame, de toute pièce, par ma simple volonté.

Stupides démons.

Une seconde à peine. Un rien pour tout détruire. Les fondations s'effondrèrent. Nos âmes confondues, dans ce destin perdu.

Je pensais me connaître, moi et mes foutues problèmes, moi et lui, mon remède. La vie avait décidé, le destin s'était forcé. Alors pourquoi lutter ? Puisque tout était déjà voué à arriver. Croire qu'il aurait pu se stopper relevait d'une connerie inhumaine et insupportable.

A quoi étais-je réduite, moi et mon or incandescent ?

La vérité elle, s'imposa là, aux tréfonds de mes démons les plus profonds. Les souvenirs affluèrent plus forts qu'un ressentiment.

-+-

J'avais observé mon plafond immaculé, j'avais passé la moitié de mon être par dessus la rambarde, j'avais cru pouvoir écouter une conversation sans y perdre des plûmes. Et puis les paroles de Rayane avaient été là, plus présentes que jamais à l'intérieur de ma boîte crânienne.
'' - Elle mérite un mec bien. Pas un mec comme moi. '' j'avais eu envie de courir, sauter à son cou lui jurer toute une fidélité, lui assurer qu'il était celui que j'avais attendu. Celui qu'inévitablement je continuerais d'espérer.

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