On convenait à moitié égale d'un rendez-vous. Sa capacité à émouvoir ma petite personne montait à mon cerveau telle une lave en fusion. Caprice d'une enfant perdue dans les jupons de sa mère. Qu'est-ce-que je foutais ? Vouloir passer avec lui, les moments qui depuis des mois me manquaient relevait d'une étude psychiatrique pas encore fondée.
J'étais désireuse de souffrir ? Ou s'agissait-il simplement de masochisme ?En réalité, aucune raison formelle me poussait à croire qu'il s'agissait d'une réelle mauvaise idée. La voix à l'intérieur de ma tête croyait davantage en l'hypothèse d'une évasion temporaire au pays des femmes normales. L'histoire de quelques heures. Juste se rappeler le sentiment perdu de la conformité, de la normalité.
'' - Je rêve ou c'est un rendez-vous ? '' sa voix mélodieuse, mélodrame à cet instant, jouait avec mes nerfs de la plus délicieuse des façons. S'il s'agissait d'un rendez-vous ? Croire qu'il puisse y avoir un après signifiait que non, mais dans mon cas, il était formel, d'aucune suite à n'importe quelle histoire.Les fantasmes sont déroutants. Ils se dérobent à l'instant radical de leur exceptionnelle possibilité. L'envie se retire, comme l'amour nous délaisse, aux instants où tout semble moins important.
'' - J'aime passer du temps avec toi. '' et dieu seul sait ô combien j'aimerai me tromper. Ça rendrait les choses tellement plus simples, moins radicales et dangereuses. J'ai jamais été douée en danseuse du feu.Ses lèvres s'étirèrent en un sourire fin, près à décrocher les lunes les plus lointaines. Les mannequins des plus grandes marques devaient tous l'envier. Ses yeux clairs, ses cheveux soyeux, son sourire ravageur, son corps sculpté. Où était la justice quand on l'appelle ? J'espérais simplement qu'il s'agissait d'un sourire traduisant la réciprocité de mes propos, loin de moi toute envie de me ridiculiser, ou pire encore, l'ennuyer.
'' - Qui es-tu Denitsa ? Toi et ton puzzle d'existence, toi et ton sourire blanc, toi et tes yeux foncés...
- Tu n'espères quand même pas que je vais déjà tout te révéler ? '' tellement de choses interdites d'être prononcées, méritant même pas d'être pensées. Encore moins d'avoir eu lieu un jour.
Il redressa ses cheveux sur sa tête, défiant ainsi la gravité.
'' - Je sais être persuasif. '' voilà une parole à laquelle je ne pouvais émettre aucune objection. Son regard pénétrait les tréfonds des âmes comme s'il était capable d'en ressortir l'immatérialité de ses propres mains. Déroutant.
'' - Oh ça j'en suis sûre.
- Vraiment ? '' je hochais la tête en gémissant d'un petit cri étrangler. Je me redressais et quittais le canapé, ayant soudainement l'étrange impression d'étouffer.L'atmosphère s'étant chargée l'électricité. Je sautais les marches, comme l'échappatoire que j'attendais. J'arrivais sur le seuil de ma chambre. Son petit rire étouffé aurait pu passer inaperçu si jamais un silence de plomb ne régnait pas à l'intérieur. Il fallait que je m'éloigne, que mes idées redeviennent claires. Je devais écourter, comme ça aurait dû être le cas.
On pouvait être amis. On pouvait au moins essayer. Je n'aurais certainement pas dû, mais j'en avais trop envie. Sa présence suffisait à calmer les émotions extrêmes me traversant, elles semblaient contrôlées par lui-même. J'étais sa marionnette, celle qu'il maniait à son bon-vouloir. J'eus envie de hurler que ça devait être différent, que toute discussion entre nous devait s'abolir, que c'était mieux comme ça.
Mais j'en étais tout bonnement incapable.
J'avais besoin de lui, de son sourire et son apaisement. J'avais besoin de redevenir normale, de rentrer dans les moules prévus à mon effet. Je devais redevenir celle que j'étais. J'eus la conviction bien dangereuse que Rayane pouvait me ressusciter, celle qui s'est amarrée dans un coin éloigné, attendant désespérément l'ancre qui la sauvera.
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Demons
Fanfiction« Ses yeux étaient fermés, il n'avait pas encore remarqué que j'étais là. Après être restée sans le voir depuis des mois, j'avais l'impression de devoir le regarder petit bout par petit bout, comme si le voir en entier allait me rendre aveugle. Il...