Il ne pouvait pas me demander de faire ça. Et je ne pouvais pas faire ce qu'il me demandait.
Je pouvais me résoudre à me dévouer à ses pieds, pour qu'un bien impensable l'atteigne. Mais il ne pouvait me poser l'ultimatum de choisir entre les deux parties intégrantes de mon cœur. Pas mon équilibre et ma vie. Pas lui et Alexis.
'' - Tu peux pas me demander ça. Tu peux pas me demander de choisir ! '' les mots avaient failli rester coincés dans mon œsophage. J'étais bien trop choquée, pour prétendre quoi que ce soit. Il préférait s'arracher les cheveux, que se mettre à ma place, à tenter par je ne sais quel miracle de me comprendre.
''- C'est pourtant ce que je fais Denitsa. Comprend-moi, s'il te plaît.
- Mais putain ! '' ma tête tournait comme si j'avais trop bu.Tout ce qui soutenait encore mes pieds sembla flancher, nous n'étions pas sur la même longueur d'onde. J'étais désormais retournée aux basses fréquences. Et la partie lui appartenant se mit en suspend, comment pouvait-il me demander une chose pareille ? Même moi, jamais je ne lui aurai demandé. C'était tellement... égoïste. D'un côté j'étais flattée qu'il me veuille toute à lui, mais d'un autre, son exclusivité me dégoûtait, comme si j'étais son objet, sa chose. Je ne savais pas si je devais l'embrasser pour m'aimer, ou lui botter le cul pour m'emprisonner.
C'était sûrement les deux à la fois.
Nous, nous, si jamais il a existé, si jamais il existera demain, n'avait jamais été autre chose qu'un fil bancal. Rien n'était certain, qui sait où nous serons dans un mois ? Dans une semaine ? Rayane et moi, c'était tellement incertain, que j'en avais prit goût, à mesure que nous tombions plus amoureux. Mais si seulement, c'était aussi simple.
'' - Pourquoi tu me fais ça ?
- Et toi, tu t'es mis à ma place une seconde ? '' comment voulais-il que ce soit le cas ? Il m'avait balancé comme une bombe radioactive ce que je n'avais jamais pu soupçonner. Rayane avait terminé avec une espèce de dingue menteuse jusqu'au bout des ongles, il lui avait cloué le bec, démenti devant des caméras, fui je-ne-sais-où, et il m'aimait. Il m'aimait. Et moi je déconnais devant lui, à essayer de faire croire que je savais ce qu'il ressentait.
'' - Non...
- Est-ce-que tu m'aimes Denitsa ? '' si j'étais ici, cela signifiait que oui, qu'il faisait partie de ma chair. Mais s'il me demandait réellement si je l'aimais de tout mon être, étais-je en position pour lui assurer que oui, c'était lui, et pas un autre ? La réponse n'était pas la sienne, et déjà plus la mienne. Je l'aimais, mais pas de façon exclusive, pas comme lui le souhaitait. Et ce n'était pas comme ça, que ça devait se passer. Je devais m'en aller.
'' - Je... Je sais pas.
- Et Alexis, tu l'aimes ?
- Oui ! '' il fallait que je m'en aille, tout de suite. Je n'aimais pas plus Alexis que j'aimais Rayane, et je n'avais pas plus envie d'aller le retrouver comme de partir d'ici. Je savais que je ne pouvais pas partir, que ma vie deviendrai à nouveau un vrai calvaire, que je demeurerai à Paris, parce que ce serai bien pire sinon. J'étais tellement seule que si je partais pour m'écrouler, personne ne me retiendrai, et moi, je sombrerai. Et je ne voulais pas ça, je ne voulais plus ça.'' - Dégage ! ''
-+-
Le train s'arrêta à la gare. La ville de Lyon se décrivait derrière des fenêtres lumineuses, et le froid marquait dehors, quelques flocons semblaient sur le point de tomber. Traverser la ville lumière ne m'apportait qu'angoisses et désagréments. Tout s'était achevé ici, toute mon ancienne vie. Le bruit des railles, des wagons qui se vident, et le brouhaha général surplombèrent mon cerveau cotonneux. Et mes jambes me relevèrent sans que je fusse capable de les arrêter. Elles avançaient, en supportant le poids insupportable de la culpabilité. Celle me possédant de l'intérieur et décrivant les mouvements irréguliers de mon estomac. Il semblait propice à sortir de mon corps, à s'éjecter de mon intérieur, comme la nuit du stand à café. La seconde nuit qui à sa façon, a tout changé.
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Demons
Fanfiction« Ses yeux étaient fermés, il n'avait pas encore remarqué que j'étais là. Après être restée sans le voir depuis des mois, j'avais l'impression de devoir le regarder petit bout par petit bout, comme si le voir en entier allait me rendre aveugle. Il...