Don't want to let you down.

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Comme un goût de déjà vu, mon téléphone sonna, à trois reprises, avant que je ne me décide à le prendre en main, où figurait un numéro inconnu sur l'écran.

Je naviguais rapidement dans ma mémoire, à la recherche de l'identité potentielle de cette personne ; qui pouvait avoir besoin de m'appeler un matin de semaine ? Depuis que Rayane est parti, il y a quelques jours, je n'arrive plus à rien faire. Je n'arrive plus à aller travailler correctement, à enseigner sans dire n'importe quoi, sans dériver vers le bord d'un autre monde. Mais cela ne pouvait être rendu à personne, pas même Calia qui pourtant, connaissait une partie majoritaire du scandale nous unissant, Rayane et moi. Personne n'aurait pu comprendre pourquoi cette situation me rendait malade. Pourquoi je devenais plus faible, à mesure que les jours passaient. Même moi, je ne parvenais pas à comprendre.

Je finis par décrocher ce téléphone qui sonnait encore dans ma main droite, puis le collais à mon oreille, curieuse.
'' - Allô ?
- Denitsa ? C'est Baptiste. '' le porc-agréable-à-regarder ? Que me voulait-il ? Et comment avait-il obtenu mon téléphone ? Mais une infime partie de mon esprit me souffla discrètement qu'il était également le frère de mon colocataire, et que par conséquent, il était plus qu'un porc-agréable-à-regarder.
'' - Oh, salut Baptiste. Qu'est-ce-qui se passe ?
- Eh bien, par où commencer... Est-ce-que mon abruti de frère est repassé chez toi, depuis trois jours ? '' ce surnom me fit sourire, parce qu'il lui allait comme un gant.
'' - Non, malheureusement.
- Tu n'es pas au courant de la conférence de presse, je me trompe ? '' une conférence de presse ? Mais pour quoi Rayane irait à une organisation pareille ?

Cela devait avoir un rapport avec l'article que je lui ai foutu sous le nez, en début de semaine. Celui rassemblant Ella et moi, et celui lu par Alexis lui-même. À qui j'ai du expliquer qu'une petite garce s'était mêlée de ma vie privée, mais en réalité, je n'en savais rien. Je n'avais pas revu Rayane depuis qu'il est parti Lundi matin, et je n'avais eu aucune nouvelle quant-à l'avancement de l'enquête sur ce torchon. Et cette découverte me chagrina, je figurais en première page, j'avais besoin d'être tenue au courant.
'' - Non, tu ne te trompes pas.
- Très bien. Alors je t'envoie les informations par message. Tâche d'être à l'heure. '' et avant que j'ai pu répondre, il avait déjà raccroché. Quelques secondes passèrent et un message contenant une adresse, l'heure et la date d'aujourd'hui. Je regardais sur ma montre à mon poignet gauche en constant qu'il ne me restait plus beaucoup de temps pour m'y rendre. Alors je pris la première paire de chaussure que je trouvai et les enfilais tout en laissant un mot à Alexis, pour ne pas qu'il s'inquiète.

« Je suis partie, rendez-vous de dernière minute. Je ne rentre pas tard, alors ne t'inquiète pas.
Je t'aime. »

Je le posai en évidence sur le comptoir de la cuisine, à côté de sa tasse de thé, choppais les clefs au passage et me rendais dans ma bouche de métro. Les minutes semblaient s'être allongées, depuis que je savais que j'allais revoir Rayane, même de loin, même si je n'ai pas l'occasion de lui adresser la parole. Son visage me manquait, et mes cellules nerveuses avaient besoin de le sentir à nouveau près de moi. Je ne pouvais pas vivre sans lui. Je n'arrivai pas à assimiler cette information. Elle déclarerait l'immonde vérité : que nos chemins ne seraient pas si différents, et que malgré tout, il était tout pour moi.

Lorsque les portes s'ouvrirent à la station la plus proche du lieu que m'a communiqué Alexis, je me rendis compte que cela faisait des mois, des années, que je n'étais plus venue dans ce quartier de la capitale. Et je me rendis soudainement compte, que ma vie était statuaire, l'exact opposé de ce qu'elle devrait être réellement. Mais je n'arrivais plus à regretter qu'elle se soit achevée, en même temps que mon histoire avec Marc. Sinon je n'aurai jamais eu la possibilité de rencontrer les deux hommes qui aujourd'hui font mon bonheur, et sans qui je ne pourrai continuer à vivre légitimement.

DemonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant