Demons

This is all for you.

Son arrivée brutale ne me disait rien qui vaille. 

Rayane s'était à nouveau vautré dans ce canapé aux remords profonds. Une heure après notre altercation contre le fameux plan de travail. Il m'avait paru sortant d'un enfer personnel, et s'était rabattu vers moi, comme son renfort, celui qu'il n'avait jamais trouvé. Et comment j'aurai souhaité qu'il ai enfin compris, que lui aussi sache que j'étais la personne qui allait l'aider, si jamais, il l'admettait.
''- Ça va ? '' je consumais à vouloir le protéger, moi aussi, j'étais malheureuse, moi aussi, j'avais fait les mauvais choix, et avais mal agit. Alors non ça n'allait pas du tout, comment m'étais-je retrouvée dans cette situation ? Et Alexis qui n'était pas là, qui n'était jamais là, et qui en agissant ainsi, ne faisait que me pousser dans d'autres bras. C'était comme ça, désormais.
'' - Oui.
- Menteuse. '' je voulu l'ignorer, simplement hausser les épaules, faire croire qu'il se trompait, or il n'en était rien, et je ne pu qu'admirer ses pupilles parfaites. Je me mordillai nerveusement la lèvre inférieure, en attente d'une réponse par mon corps, une réponse qui n'arrivait pas. Et qui n'arrivera jamais. Il posa nonchalamment sa main sur ma cuisse, en un mouvement de vas-et-viens de mon genou jusqu'à la commissure de ma hanche. Je tressailli sous ses doigts, sans que je ne puisse l'éviter. Sans se démentir de son affreux sourire renversant, il poursuivait sa douce torture, et s'approcha une nouvelle fois. J'étais incapable du moindre mouvement.
'' - T'es sûre que ça va ? '' pourquoi insistait-il autant ? Ne pouvait-il pas simplement me faire oublier mes choix futiles et médiocres ? Ne pouvait-il pas continuer à être mon attrape-rêve ?
'' - Oui. '' il décala sa tête sur le côté, comme s'il essayait de saisir pourquoi je m'obstinais à lui mentir. Pourquoi tous deux, on s'obstinait à mentir. Je savais qu'il ne croyait pas à mes balivernes, et il avait raison, je ne faisais que mentir, à longueur de journée. Toute la pièce semblait s'être embaumée de son odeur masculine, et le poids du canapé s'était affaissé sous lui, mais l'écran poursuivait sa distraction.

Rayane n'aurait pas dû savoir l'effet qu'il me faisait. Celui identique à toutes celles qu'il a déjà croisé, et les autres qui arriveront prochainement. Je ne voulais plus être la copie identique de ses modèles à fantasmes. Je ne supporterais plus d'être assimilée à l'une d'elle, alors que j'étais certainement la seule à tenir réellement à lui. Ce fut certainement pour cela que je ne bougeai pas, malgré mon envie de me jeter sur lui. 

Dans un coin de ma tête, je savais que tout cela n'était pas une bonne idée. Alexis ne devait pas tarder, il pourrait nous surprendre. Mais dans ce même coin, l'ignorance régnait, et le déni poursuivait son chemin. Qu'il nous surprenne ? Aucune importance.

'' - T'as une drôle de voix.
- Ah oui ?
- Oh oui. '' cette traîtresse avait-elle avoué à l'individu figurant à mes côtés, l'inutile vérité ? Cela ne m'aurait pas étonné.

Je voulu faire le point, et comprendre pourquoi mes yeux se mirent à briller, alors que je ne l'avais pas encore regardé. Tout ceci n'avait certainement aucune importance pour lui. Le fait que nous nous soyons déjà embrassés, ne représentait sûrement qu'un défit de plus. Mais en volant tous ces infimes instants, dans le moment je me senti abandonnée, désorientée. Pourquoi aller chercher des problèmes où il n'y avait pas lieu d'en avoir ? 

Nous étions voués à nous tuer dans le noir, et Rayane m'aurait volé ma lumière.

Pourquoi pleurer pour lui, s'il ne me considérait comme un trophée de plus à sa mascarade ?

Prise d'un mouvement de recul plus que soudain, mon cœur, mon corps ne cherchaient qu'à s'éloigner de lui. Qu'à comprendre pourquoi j'étais encore là, à le désirer plus que ma propre vie. Pourquoi le souffle de vie qu'il m'envoyait était à ce point alléchant ? Je ne savais rien, je ne saurais jamais plus rien.
'' - Ça t'amuses Rayane ? '' toutes nous collectionner ? C'était cela alors, son projet ? Toutes nous conquérir ? Il leva un sourcil déjà froncé et se leva d'un bond, ses immenses jambes nous rassemblaient en une nanoseconde à peine. J'aurais tout donné dans l'instant pour maîtriser le temps qui passe, que les secondes deviennent des siècles, et qu'alors, cet instant s'arrête. Nous avions gâché tout ce que nous avions touché, et ni lui ni moi, ne voulions cela.