Shelter you.

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L'odeur délicieuse du café embaumait soudain mes narines affamées. La journée à peine commencée, l'envie de retourner pleurnicher dans mon lit semblait être affable à prendre le contrôle de mes propres sentiments. En ouvrant la porte de la salle de bain, je basculais à moitié par-dessus la rambarde en bois, curieuse de découvrir d'où venait cette odeur bénie par les dieux les plus convoités – sûrement ceux qui ont crée l'homme vivant à mes côtés. Sa tête dépassait légèrement du canapé, face à lui, sur la table reposait le petit déjeuner qu'une princesse rêve d'avoir à chaque levé. Et lui et ses allures de prince charmant commençaient à me désarçonner. Je filais à l'intérieur de ma chambre, jugeant à juste titre d'être restée trop longtemps à le dévisager, à compter combien de qualités était-il supposé avoir. La liste s'allongeait au fur et à mesure que les heures en sa compagnie s'accumulaient. C'était injuste, incompréhensible. J'avais – je devrais – avoir tout ce dont je rêve. Vivre en astre compatible avec n'importe quel homme semblait trop en demander aux cieux déjà sombres qui me faisaient face. J'enfilais les premiers vêtements qui me tombaient sous la main, descendais prudemment les escaliers et arrivais à ses côtés.

Il ressemblait à un mannequin attendant de poser pour une publicité de cuisine. Une injustice de plus dans ce monde remplit d'inégalités. Ses mains pendaient nonchalamment en revers de ses genoux, tête baissée vers le plateau. En m'entendant, il releva ses yeux vers moi et plongea son regard envoûtant dans mes yeux aveuglés. Un immense sourire fendit son visage en deux, celui-là même qui pourrait sûrement lui remporter n'importe quoi. Il était si éclatant qu'à un instant je cru être éblouie.

Je m'assis précipitamment à ses côtés, relevais mes genoux contre ma poitrine. Une façon comme une autre d'espérer me protéger des effets de son orra. Chose en soit ridicule. Il était parfaitement impossible qu'une moindre relation impliquant des sentiments s'éveille entre nous. Si toutefois mon cœur était encore capable de donner à qui que ce soit. Il semblait déjà éreinté des accoues dû à l'éloignement prolongé de mon amoureux.

Alexis, Alexis, que fais-tu planté en Angleterre ?

Je fixais brièvement en quelques secondes le contenu de ce qu'il venait de préparer. Maintenant qu'il venait d'arriver, faire bonne impression n'était plus une obligation. A moins qu'il s'agisse d'un effet secondaire, d'une bonne éducation.
'' - Oh, c'est gentil. J'aurais pu le faire tu sais, ne t'embêtes pas pour moi. '' il aurait été étonnement grossier de ne pas le remercier pour cette action. Bonne éducation ou pas.
'' - Au contraire, ça me fait plaisir.
- Bon... Alors merci. '' je baissais la tête instinctivement, rouge de honte. Il ne fallait pas être redevable. Il ne fallait pas. Je m'assis à ses côtés, touchant le sol froid et clair de mes jambes encore fraîches de la douche passée. Il suivait mon mouvement, comme accordé à moi par une quelconque explication sortie des tréfonds des enfers les plus lointains. Personne ne semblait apte à manger à même le sol, personne en France du moins. J'aurais eu l'intention de faire bonne figure, j'aurais au moins eu la dextérité d'acheter une table. Mais je voulais être simplement moi, avec ma vie passée, mes soucis, et mon éducation également. Chez moi, les tables s'amoindrissaient au décor de la maison.

'' - Tu travailles aujourd'hui ? '' sa question me sortie de ma léthargie profonde. J'émergeais à la surface en le dévisageant. Quel jour étions-nous ? J'aurais juré n'être que Jeudi, le temps m'échappait apparemment, car comme il venait de le souligner, nous étions en réalité Samedi, ce qui signifiait que j'étais en week-end. Un sentiment de soulagement immense naquît à l'intérieur de ma poitrine. Me dire que je n'allais pas me rendre dans le métro, donner des cours et faire semblant d'aimer réellement me redonnait du baume au cœur.
'' - Non heureusement. L'école de danse est fermée le week-end. '' sa tête vacilla vers moi, un énorme sourire le fendit, j'en gardais la bouche ouverte tellement sa beauté me retournait.
'' - Super tu vas pouvoir rencontrer Baptiste alors.
- Baptiste ? '' il hocha la tête comme un réflexe habituel. J'arrêtais de boire dans ma tasse de café pour le dévisager. La question était : est-ce-que c'était censé me déranger ? A travers cette parole, il semblait en proie à me demander une quelconque autorisation, alors qu'en réalité, il était aussi bien chez lui que moi chez moi. Il haussa un sourcil face à mon silence, comprenant sûrement qu'il fallait éclairer ma lanterne.
'' - Un pote à moi. J'habitais chez lui avant de venir ici. Je voulais qu'il voit l'appartement.
- Bonne idée. '' je voulais le mettre à l'aise, même si l'optique d'un homme chez moi, sûrement aussi beau que lui ne me réjouissait pas vraiment. J'imaginais assez aisément le principe de vie commune entre hommes de vingt ans. Je souriais malgré tout, de bonne humeur par le souvenir du repos à peine entamé.

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