The beast inside.

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Aujourd'hui.

Le crépuscule pointe le bout de son nez. Peut-être il y a déjà plusieurs heures, et mes yeux rivés sur cet écran lumineux, faisaient distraction à mon esprit solitaire. Mes doigts remontaient la conversation à son commencement, si au moins il y en avait un. Des larmes perlaient autour de mes yeux se pressant très fort contre mes paupières clauses. Alexis allait rester encore plusieurs semaines à Londres peut-être même des mois. La seule personne importante pour moi n'est pas à mes côtés. C'était si égoïste de réclamer l'attention des gens. Cette façon omniprésente de peser sur moi, cette peur irrationnelle de retomber dans le même cercle vicieux. Celui qu'il y a deux ans, a failli me tuer.

J'ai tout plaqué, tout quitté pour m'installer ici, à Paris. Dans un quartier si éloigné mais pourtant si bien placé, prêt à nous laisser nous échapper en cas de course poursuite. La peur que Marc remette sa main sur moi un jour n'arrivait pas à me laisser tranquille. Son filet à la patte m'empêchait d'avancer, depuis ces deux années écoulées, qu'avais-je construit ? Rien. Et pour toutes ces promesses jamais tenues, ces coups donnés sans raison, aussi le manque de courage abominable dont j'ai fait preuve il m'arrive de penser que je l'avais mérité. Que finalement j'étais pas si victime que ça, qu'il m'aimait peut-être réellement. Sa façon étant loin d'être humaine. La promesse, que jamais ça ne devait se reproduire, me hantait, me dirigeait. Jamais alors nous n'avions été réellement unis, ni d'un amour éternel ni exclusif. Alexis est stable et confiant. Je lui fais confiance et je l'aime. Lui au moins ne m'abandonnera jamais, lui au moins ne lèvera jamais sa main sur moi. M'autorisant à l'abattre si jamais c'était le cas. M'autorisant à tout plaquer si ça arrivait.

Deux ans. Deux ans c'est long. Mais c'est sûrement trop court pour reconstruire une vie digne de ce nom. Digne de ce dont moi j'ai toujours rêvé. Une vie si éloignée du plan de départ parce que jamais plus je ne ferais partie d'une troupe de danse, alors qu'aucune ne substituera la mienne. La seule qu'il m'est été permis d'intégrer, dont j'ai voulu faire partie, ça ne sera jamais plus comme avant.
Plus jamais ça sera le cas.

Deux ans c'est long. C'est perturbant d'être séparée des gens qu'on aime, parce qu'ils n'ont pas été capables de se mettre à ma place. Ma meilleure amie ma manquait terriblement, ma cousine aussi, et mon meilleur ami. Et tous les autres, ayant fichu le camp sur un autre continent. Là où ma maman vivait.

Maman...

Elle me manquait tellement. Sans aucun doute, ma boussole perdue. Sans elle je danse seule dans le salon, me noyant dans l'abysse, dans ce si grand salon... si vide. Tellement pas moi. Ça ne devait qu'être un pied à terre. Ça ne devait pas rester permanent. J'aurais dû voyager à travers le monde, danser sur toutes les scènes les plus prestigieuses. Mais non.

Apparemment la vie en avait décidé autrement. Apparemment j'étais destinée à diriger une école de danse. Une école où on apprend à faire danser les gens de tous les âges. Une autre facette de cette discipline, que j'avais pris le temps d'étudier. C'était la dernière chance dont je disposais pour garder un rapport quelconque avec la danse. Je pouvais supporter de vivre sans mes amis, mais sûrement pas sans la danse. Je savais faire que ça et c'était tout ce qu'il me restait.

Éviter de souffrir, c'est dur. C'est être laxiste quand on en a pas la moindre envie, c'est être égoïste alors qu'on veut faire l'inverse. J'étais pas censée être comme ça, si inaccessible, ma nature me poussait à être l'inverse. J'étais chaleureuse et disposée à aimer mon prochain. J'étais prête à distribuer autant d'amour qu'une personne souhaite en recevoir. Je pouvais aimer de n'importe quelle manière, tant que ça m'allait à moi. Alors, est-ce-que j'aimais Alexis ? Oui je l'aimais. Je l'aimais pour être toujours là pour moi. Je l'aimais pour être mon soutient sans faille. Je savais que je pouvais compter sur lui, pour n'importe quelle raison, dans n'importe quelles circonstances. Mais Alexis n'était pas là, pas pour l'instant.

DemonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant