Demons

I want to save their light.

J'étais désormais capable d'avouer avoir été une victime, mais les questions étaient toujours là. Peut-être qu'après tout, je l'avais mérité ? Une partie de moi espérait que Rayane me rassure, mais l'autre savait, que ce n'était pas une bonne idée. Il n'était pas pour moi l'équilibre que je recherchais. Il n'était que ma vie elle-même, et je ne pouvais décemment plus vivre sans lui. Ces jours à passer sans lui, à errer dans mon appartement, à éviter, autant que possible Alexis... Je devrais m'en vouloir d'être ici, avec lui, entièrement nue, et sincèrement heureuse. Je devrais réellement croire que je finirai dans le coin le plus sombre de cet univers. Je ne méritai pas d'être dans ce lit, dans cette maisonnette face à une mer agitée, ma place n'était pas là. Pourtant, elle n'avait jamais semblé autant mienne qu'en cet instant. Ses bras étaient autour de moi, et son souffle chaud caressait doucement ma poitrine. Je pourrai passer ma vie entière à le regarder dormir sans jamais me lasser, à inhumer son odeur unique, à me souvenir pour quoi, je l'aimais tant. Ses cheveux emmêlés, ses bras musclés, son torse bronzé, se soulevant au rythme de ses respirations tranquilles... Tout chez lui me coupait le souffle. Et le fait d'être de nouveau dans le même lit, que cette fois-ci j'étais parfaitement sobre... De savoir que je lui faisais toujours le même effet, que ses sentiments n'avaient apparemment jamais changé, ça me faisait décoller encore plus haut que les étoiles. Je les surplombais de mon perchoir de bonheur, et j'envoyais se faire voir le destin. 

Je n'avais rien à faire ici, en soi, nous n'étions rien l'un pour l'autre. Rayane avait plié bagage de l'appartement depuis plusieurs semaines déjà. Alors, pourquoi m'avait-il ouvert ? Pourquoi avait-il accepté que toute cette mascarade prenne un nouveau tournent ? Je n'y étais sans doute pas pour rien. Il avait été là, au même titre que moi. Personne ne voulait s'en aller, et aucun de nous deux ne s'était mis à le supplier presque à genoux de ne pas le laisser derrière lui. Tout avait été tellement simple. La vision de notre relation redondante à un médaillon me revint, telle un ressors. D'un côté, j'avais toujours perçu que rien n'était normal et innocent dans notre relation, mais de l'autre, l'aisance de notre complicité, nos regards complémentaires. Tout était déjà voué à arriver, sûrement déjà avant notre rencontre.

Emma avait raison, j'ai commencé à tromper Alexis lorsque j'ai souhaité pour la première fois, que cet homme puisse me considérer plus que ce qui était prévu au départ. J'avais franchi la ligne, non sans ménagement, et aucun regret ne m'habitait. 

S'il fallait tout refaire, certainement referais-je tout à l'identique. Après tout, si ça s'est passé ainsi, n'était-ce pas inévitable ? Je ne pourrai jamais retourner en arrière. 

Il était magnifique lorsqu'il dormait. Ses traits n'étaient plus tendus, comme s'il était paisible, qu'il n'avait aucun soucis sur terre, qu'il était enfin en paix. Qu'il était dorénavant chez lui. Nous étions tous deux rentrés à la maison. Malgré tout, des larmes fragiles emplirent mes paupières lourdes de fatigue. Toute l'histoire que j'étais vouée à lui raconter nous séparerait sûrement, mais il ne pouvait en être autrement, il avait le droit de savoir. Mais un gouffre sera là, inévitablement. Il ne pouvait rassurer une femme bafouée et fragile, lui qui n'a toujours pas rendu les clés à son passé. Il n'a pas fait le deuil de sa famille déchirée, et certainement ne le fera-t-il jamais. Alors, comment pouvait-il s'ouvrir à moi ? Non, pas comme ça.

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J'étais affreusement nerveuse, parce que, il y a quelques heures, quelques minutes, même encore quelques secondes, je m'étais sentie prête à lui avouer, n'être absolument pas la femme qu'il croyait. Et à présent, devant lui, entièrement dévoilée, et follement amoureuse de lui, je cru en être incapable. Je ne voulais pas que son regard change, je ne voulais pas qu'il ait pitié de moi. J'avais simplement peur que tout se mélange et qu'il me rejette. Mon cœur voulait se combler au sien, et mon corps lui, réclamait que je m'engouffre dans ses bras. Je ne pouvais écouter que ma conscience, qui raisonnait sans que l'amour ne la dirige. Je ne pouvais y échapper dorénavant, il n'allait pouvoir en être autrement. Mais je lui devais bien cela, il avait le droit de savoir pourquoi j'avais si peur de lui, de ce que nous étions, et bordel, pourquoi j'ai tangué vers lui. La barque du destin n'avait jamais été aussi bancale qu'en cet instant.
'' - Avant Alexis, et avant toi, j'ai eu un autre homme dans ma vie. '' son souffle quitta entièrement ses poumons. Il paru plus que je ne l'aurai cru choqué pour son incompréhension, et mon incroyable lâcheté. 
'' - Ça remonte à un peu plus de deux ans. '' mon discours était haché, incomplet et incertain, parce que je ne savais vers quoi je m'avançai. L'inconnu me surplomba, et pour la première fois, Rayane était de mon côté de la route. Il vint s'asseoir face à moi, et de ses yeux magnifiques, tentait de m'apaiser, de me convaincre de lui faire confiance. Rayane n'avait pas besoin de me convaincre de quoi que ce soit, de m'exposer des arguments non bancals et conforment à une vérité indéniable.