I can't escape.

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La semaine passa, sans que beaucoup de choses ne changent.

Alexis, ne semblait pas s'en rendre compte, contrairement à moi, je ne voyais que ça. Il vagabondait, de son appartement prêté gracieusement aux services de son cabinet prestigieux d'avocat. Et moi, je restais enfermée, sortais parfois, seule souvent. Le noir envahissait mes journées, à me demander en quoi j'étais arrivée à être aussi vide, alors que tout m'ouvrait les bras. Pourquoi étais-je bloquée, pourquoi ne pouvais-je pas sourire, pourquoi la présence d'Alexis me mettait mal à l'aise ? Pourquoi si je suis censée l'aimer ?

L'appartement, composé d'une chambre séparée du salon, d'une salle de bain attenante, aurait pourtant pu me rendre heureuse. Mais dans cette étrange équation, un membre, un chiffre caché manquait. Et l'origine me fit si peur, qu'il valait mieux l'occulter.

J'attrapais d'un geste nonchalant la télécommande posée contre ma cuisse droite. Alexis allait rentrer d'ici une grosse heure. Le voyage m'avait semblé une bonne idée, mais maintenant, après cinq jours à être en solitaire, tête la première dans ma détresse passagère, mes idées noircissaient, et mon moral avec.

Les questions bousculaient les ondes positives qu'Alexis tentait de m'offrir, lui et ses cadeaux, lui et ses propositions de sortie gastronomiques. Je n'avais eu jamais si peu d'appétit, même à la déchéance de ma mère. Et cette découverte m'avait plongé dans un profond désarrois. Serait-ce alors possible qu'il soit à l'origine de toute la merde astronomique présente à l'intérieur de mon crâne ? Serait-ce possible qu'il soit réellement la seule clé de mon bonheur personnel ? Pourquoi nous ne pouvions choisir la personne que nous aimions, pourquoi n'est-ce pas automatiquement réciproque ? L'amour à sens unique retire les quelques neurones intacts d'une personne normalement constituée. Et moi, derrière la couche nuageuse d'orages, les éclairs du lucidité étaient rares, et violents, chaque fois prenant partie de me noyer éveillée, de m'étouffer avec mon propre oxygène. Cela revenait à prendre une dose astronomique de dioxyde de carbone en pleine gueule.

Et mon téléphone s'est soudainement mit à sonner. Mes mains attrapèrent l'objet lumineux tout en visualisant l'individu me sortant de ma léthargie profonde. Calia tentait de me joindre depuis Paris, instinctivement, je fronçais les sourcils, y-avait-il un soucis à l'école ? Je faisais glisser mon doigt sur l'écran lumineux tout en collant la source contre mon oreille droite.
'' - Calia ?
- Bulgaria, quand rentre-tu à Paris ? '' mes sourcils se froncèrent davantage, connaissant d'ores et déjà la réponse, pourquoi reposait-elle la question ?
'' - Dimanche dans la soirée, je te l'ai dit. '' mon ton était plus dur que je ne l'aurais voulu, mais cette requête me dérangeait. Calia me forçait à revenir vers la source de toutes mes pensées.
'' - Sol a perdu sa grand-mère la nuit dernière, elle se rend à Buenos Aires dans quelques heures.
- Dis lui que je suis désolée pour elle. '' la perte d'un être cher, personne n'est jamais réellement capable de s'en remettre, faire le deuil de quelqu'un, ne se termine jamais. Un enfant dépossédé de ses parents perpétuera chaque jour, chaque année de son existence, une pensée pour les défunts partis trop tôt.
'' - Je n'arriverais pas à tout gérer toute seule. '' je compris sa demande, et égoïstement, j'avais envisagé de décliner, par pur orgueil.
'' - Je prend l'avion dans la journée, tu peux compter sur moi.
- Merci Denitsa. '' il fallait être adulte, assumer mes responsabilités, celles alors que j'ai engendré durant des années. Rayane n'allait pas tout faire foirer, il n'allait pas prendre le contrôle de ma vie, ni de ma tête. C'était tout bonnement impossible. Je le refusais catégoriquement. Je raccrochais alors tout en ramenant dans mon sac mes vêtements emportés plus les quelques uns achetés durant la semaine. J'amorçais l'arrivée vers l'ordinateur, dans l'optique de regarder les prochains vols et les réservations de dernières minutes. Alexis m'en voudrait, mais il comprendrait, j'en étais persuadée. Il était compréhensif.

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