Au moment de franchir la porte d'entrée, j'inspirais une énorme bouffée d'air, la plus grosse qu'il m'était possible d'inhaler dans mes poumons. J'étais décidée à entamer une discussion jusqu'alors ne m'était pas apparue nécessaire, mais depuis hier soir, tout semblait avoir changé. Ma discussion avec Calia m'a fait aussi bien un mal de chien, qu'une grande claque de bonheur. Parce qu'elle me tendait la perche d'une possible vie de conte de fée, loin des démons intérieurs. Ceux qui, en franchissant ces portes, se retrouvent calés dans mes côtes, jusqu'au dessus de mon estomac, prêt à me faire vomir à la première occasion.
Qu'ils allaient se faire voir.Ça sentait bon à l'intérieur, ça sentait quelque chose dont j'avais au préalable connu, mais mon odorat avait apparemment occulté cette information. A l'entrée, deux paires de chaussures, en plus des miennes étaient présentes, ce qui signifiait que la personne à qui je voulais parler se trouvait bien à l'intérieur.
L'odeur divine avait pour origine le canapé gris, où la télévision était allumée, face à une émission que je ne connaissais pas, me paraissait-il policier ou thriller à l'ambiance et aux musiques en sortant majoritairement. L'odeur émanait de Rayane, qui, négligemment vautré dans le canapé, semblait n'avoir aucun problème au monde, comme s'il survolait la pièce tel un fantôme, à l'afflux du moindre indice, nous concernant. Lui et moi.
Deux options s'offraient à moi. Je pouvais tout d'abord faire comme s'il n'existait pas, après tout, notre discussion de ce matin n'est toujours pas sortie de mon esprit et les paroles qu'il a prononcé sont imprimées pour longtemps dans mon système nerveux. Je pouvais également lui parler, parce que j'avais envie que la situation redevienne normale, que le climat s'apaise, avant qu'Alexis ne se doute du moindre évènement. J'avançai malencontreusement à l'intérieur de mon salon, inspectant chaque recoin, voyant s'il n'avait rien touché, parce qu'il avait de quoi se venger.
Je ne trouvai rien, il n'était pas comme ça.Je m'assis alors le plus légèrement possible à ses côtés, priant pour qu'il ne prononce rien, sa voix ensorcelante me rappellerai les paroles de mon amie, qui était parvenue à me troubler pour les semaines à venir. S'il m'aimait réellement, alors je devais trouver les indices le prouvant. J'étais parfaitement incapable de lui poser la question directement. Parce que je n'aurai supporter d'être repoussée, une fois encore. Par ailleurs, je ne voulais aucunement qu'il puisse se faire de faux espoirs s'il s'avérait que c'était la vérité.
Parce que moi non plus, je ne pourrais jamais lui donner ce dont il a besoin. Je ne serai jamais pour Rayane une nécessité à sa vie, comme il pouvait être à la mienne. Et c'était irrévocablement inconcevable qu'il termine avec la casquette de chef enfoncée sur la tête. Il ne sera jamais le nouveau Marc de ma nouvelle existence.
Je ne sais pas qui un jour a dit que l'on échappait pas à son passé, mais il avait totalement raison. Sans cette saloperie me collant aux basques, Rayane aurait toutes ses chances, comme Alexis a eu les siennes. Mais les choses avec mon copain actuel avaient été radicalement différentes à notre rencontre. Il n'avait jamais évoqué dans mon cœur une si grande flamme, un fil indestructible, au point où même si tout semble impossible, il demeure là. Notre étincelle est présente, chaque fois que nous sommes dans la même pièce. Son parfum m'enivre, comme si j'avais trop bu, que je déambulais, avec trois grammes dans chaque bras. La seule présence de mon colocataire pouvait relever mon crâne hors de l'eau, chose que Alexis, n'est jamais parvenu à faire. Il n'y arrivera certainement jamais. Alexis m'apportait un équilibre mais aucune solution, Rayane si.
Mais Alexis m'aimait, et j'essayai de me convaincre qu'à la fois c'était réciproque, et que je pouvais vivre ainsi, avec pour seul appuis son amour infaillible.
Ma tête se tourna vers la seconde partie de ma poitrine, en cet instant, elle paraissait être à gauche. Son profil était délicat, son oreille partiellement décollée, sa peau parfaite et sans défauts, ses longs cils noirs, ses yeux incroyablement verts, sa bouche irrésistible, et ses cheveux remontés sur son crâné, par cette force gravitationnelle. Et je n'aurais pas dû lui cacher la vérité, je le savais. Mais si je voulais le protéger, moi également je devais m'en contenter.
'' - Rayane ? '' il tourna la tête vivement vers moi, plongeant ses deux diamants au fond de mes pupilles chocolatées. Je me sentis presque rougir à mesure que l'on se regardait, sans parler, rien que pour contempler l'autre. La haine que je ressentais envers lui semblait, l'espace d'un instant s'être envolée.
'' - Denitsa ? '' mon prénom dans sa bouche me fit loucher. Mon cœur loupa un battement certainement vital, je cru me noyer dans mon oxygène propre. Mais nous ne sommes que deux clandestins, et être ami est la seule véritable option pour ne créer aucun conflit intérieur.
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Demons
Fanfic« Ses yeux étaient fermés, il n'avait pas encore remarqué que j'étais là. Après être restée sans le voir depuis des mois, j'avais l'impression de devoir le regarder petit bout par petit bout, comme si le voir en entier allait me rendre aveugle. Il...