Épilogue

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J'étais la reine des mensonges.

Je voyais le monde sous une facette que personne ne pouvait comprendre. Je voyais derrière un voile flouté, l'univers évoluer sans que moi, je n'y consente.
J'ai cessé de vouloir croire que j'étais faite pour y vivre, cessé de croire que j'avais une maîtrise technique sur tout ce qui m'entourait. Jusqu'à que je rencontre celui qui m'a prouvé que le bonheur existait. Malgré le passé qui s'accrochait, il y avait encore tellement à vivre.
Il m'avait mise au tapis.

Et il continuait de tourner autour de moi, à regarder ce que j'avais bâti, uniquement grâce à lui. Les lumières vacillaient des hauts projecteurs, et le son résonnait dans les basses, du fond.
Tout se terminerait cette nuit, tout se concrétiserait ce soir, là, dans cette salle surchauffée. Nos doigts s'entrelaçaient avant que je ne me fonde dans le noir.

« Demons » retentissait dans l'immense salle bondée. Du fond de la scène, de là où je me trouvais, à virevolter dans les bras de Christian, mon regard n'avait d'yeux, que pour les siens. Il était là, comme il me l'avait promis, et comme il l'a toujours été, même si j'avais mis du temps à me l'avouer. Il était dans ce fauteuil numéroté, d'un rouge cinglant, criard de vérité. Il était là, les cheveux coupés, un sourire blanc, resplendissant. De là où j'étais j'aurai presque pu voir ses yeux briller de fierté, et son propre reflet était le mien. Nous avions réussi. Il était parvenu à me convaincre que les représentations me manquaient, et j'avais fini par le croire.

A ses côtés, sa nouvelle famille, son frère et sa femme Morgane, plus belle et plus enceinte que jamais. Ses cheveux bruns brillaient sous les reflets des lumières. Elle également semblait percutée par une fierté inédite, elle ne m'avait jamais vu danser, jamais. Mes pieds flottaient sur le sol, mes talons ne le touchaient pas. J'enchaînais les mouvements, sans réellement comprendre pourquoi j'avais autant retardé l'échéance.

Pourquoi avais-je fui la réalité si longtemps ? Ce fut en dansant pour la première fois depuis des années que je compris combien j'étais faite pour ça, combien j'aimais me prouver que je pouvais me relever.

Au salut, lorsque nous tirions notre révérence, la salle entière se levait et explosait de joie. A l'instar où mes yeux se posaient dans les siens, moi aussi, je fus percutée par l'euphorie.

Rayane avait réussi l'impensable, il m'avait redonné vie.

——

And the ennnd !
Je tiens à remercier les quelques personnes qui ont lu jusqu'au bout. Réécrire cette histoire n'était peut-être pas une bonne idée. Merci à ceux qui ont lu et commenté : c'est grâce à vous que j'ai tenu.
Je ne sais pas si je publierai à nouveau un jour.
Alors à un de ces quatre...

DemonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant