Je tentai, par je ne sais quelle force mentale de faire bonne figure à l'école de danse. Depuis que j'étais rentrée de Londres, je devais passer ici. Je n'avais juste pas eu la force d'affronter des amies, qui sont susceptibles d'apprendre la vérité, celle qu'apparemment je ne parvenais réellement à occulter.
Mes jambes m'avaient conduites nerveusement, et surtout, difficilement à l'intérieur de ce qui m'appartenait – parfois, cette école n'était qu'un lieu de mélancolie, dû à ma vie passée. D'autres fois, elle se révélait être mon refuge. Hier soir, en rentrant, j'avais voulu retourner entre mes murs, parmi mes meubles, pour me retrouver moi-même. J'avais cru me perdre, à un moment donné. J'étais partie du principe que l'objet de ma trahison ne réapparaîtrait pas, qu'il n'aurait jamais plus une influence sur moi, ni sur mon esprit. Et j'avais pensé à reprendre ma vie, à reprendre là où tout s'était soudainement arrêté avec Alexis, sans qu'il soit franchement au courant. Le poignard dans le dos que je lui ai planté, m'affectait tout autant qu'il lui aurait arraché des larmes de douleur. Ma douleur n'était rien comparé à celle qu'il éprouverai, à celle qu'il ne fallait jamais qu'il ressente.
Je ne me le pardonnerai jamais.
Sol était toujours à Buenos Aires et ne reviendrait que dans le courant de la semaine prochaine. Calia se démenait pour entretenir mon fardeau partiel. Je l'en remerciai véritablement pour cela. J'apercevais à travers les vitres de la grande salle, le cours qu'elle était en train de donner. Les enfants étaient les plus jeunes de l'école, et pourtant c'était certainement elle qui s'en occupait le mieux. Calia avait élevé ses frères et sœurs, étant l'aînée d'une famille de cinq enfants, et fille de parents laxistes et alcooliques. Si seulement bien sûr, il s'agissait de ses vrais parents. Une telle personnalité, et retranchement de volonté ne pouvait avoir été conçue par les deux êtres les plus lâches que cette planète ait crée. Malgré mes maladresses en entretien d'amitié, je possédais un profond respect pour mon bras droit de la gestion, sans elle, nous aurions d'ores et déjà été dans le mur.
Sol quant-à elle, était arrivée en France quasiment à sa naissance, emmenée par sa mère, fuyant un pays dans la déchéance financière, et recherchant une stabilité qu'aujourd'hui elles semblent avoir trouvé. Sol était une danseuse exceptionnelle, mais n'arrivait pas toujours à expliquer les techniques, ni comment les enseigner. Mais notre « soleil » faisait partie intégrale de l'équipe. Elle accompagnait toujours nos journées moroses de sa bonne humeur permanente. Elle me manquait beaucoup, et j'attendais avec hâte son retour parmi nous.
'' - Calia ! '' à l'entente de son prénom, la principale intéressée fit volte-face. Quand elle me vit, son visage se fendit d'un immense sourire qui regonfla mon cœur après une soirée, nuit, et matinée pareille. Elle mit en pause le cours – pour le plus grand plaisir des enfants présents.
'' - Bulgaria ! '' elle vint me serrer contre elle. Je me laissais aller dans cette étreinte, feintant mon manque évident de connaissance dans le fonctionnement. Elle sentait les fleurs et l'adoucissant, ses long cheveux venaient s'écraser contre moi. Sa façon, bien à elle de faire une accolade, ressemblait en tout points à celles que faisaient quotidiennement Jade, lorsque nous faisons partie de la même vie. Lorsque nous étions encore meilleures amies. Mais Jade m'avait trahie, elle aussi, en sortant avec la seule personne qui n'était qu'un déchet toxique, qui, je l'espère aujourd'hui se porte bien. Inconsciemment, j'espérais qu'elle ait compris rapidement, qu'elle ne se soit jamais retrouvée dans le même appartement que cet immonde personnage, mais surtout, qu'il ne l'ai jamais frappée.Je ne me le pardonnerai jamais.
Je l'ai laissé entre les griffes de ce monstre. Je n'ai pas réussi à la convaincre que c'était mieux de l'oublier. Si elle m'avait trompé, en allant avec lui, c'était parce qu'elle avait la tête à l'envers. Marc faisait toujours cela. Il empoisonnait l'esprit de ses prochaines victimes, qu'elles soient dociles, qu'elles ne comprennent pas, qu'elles ne s'enfuient jamais.

VOUS LISEZ
Demons
Fiksi Penggemar« Ses yeux étaient fermés, il n'avait pas encore remarqué que j'étais là. Après être restée sans le voir depuis des mois, j'avais l'impression de devoir le regarder petit bout par petit bout, comme si le voir en entier allait me rendre aveugle. Il...