Chapitre 3

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-Devine qui est mon superviseur au travail!

-Maman!

-Comment pourrait-elle alors qu'elle travaille ici?

Il se gratte la nuque, c'est à croire que c'est un tic familial, il sourit nerveusement et reprend: "Cela ne m'étonnerait pas car elle a la mauvaise habitude de vouloir tout commander."

On éclate de rire.

-Plus sérieusement! Il s'agit de ton vieil ami Roland Laventure.

Reprenant son sérieux, il essaie de réfléchir pour se rappeler de Roland mais cela ne lui prend pas beaucoup de temps vu qu'il part dans un fou rire.

-Ah, le seul de mes amis que tu n'as pas mis dans ton lit! Ou plutôt le seul qui a pu résister à tes charmes.

-Ne dis pas des sottises, je n'ai jamais couché avec tes amis.

-Ce n'est pas ce que Sébastien disait.

Je ferme les yeux. Certains de mes souvenirs me reviennent en mémoire, ce que Sébastien a dû faire pour m'aider à tenir malgré mon chagrin: ma copine de l'époque, Camilla devait célébrer son anniversaire, connaissant mon attirance pour Roland, elle avait tenu à inviter la bande de mon frère à sa soirée.

Je me rappelle encore des larmes que j'ai versées après les avoir vu nus dans un lit. Sébastien m'avait tenu compagnie quand cette Camilla m'avait même envoyé des photos d'elle avec son partenaire. Comprenant ma douleur, l'ami de mon frère avait fait circuler la rumeur selon laquelle lui et moi étions en couple pour ne pas laisser gagner Camilla.

-Ce n'est pas parce que tu t'es tapée mes copains que tu es une salope, il n'y a pas de quoi pleurer, Nani!

Je n'ai pas remarqué que les émotions m'avaient envahi, j'essuie mes larmes.

-Je t'ai déjà demandé d'arrêter de m'appeler ainsi, je ne suis pas ta grand-mère. Pour info, ni Sébastien ni un autre n'a couché avec moi.

-Bientôt, tu m'annonceras que tu es vierge! Ironise-t-il.

Touchée, je baisse la tête par réflexe. Je me sens devenir toute rouge. Le rire de Fred résonne dans la pièce, j'ignorais que le fait de découvrir que sa petite sœur est encore vierge pouvait être si drôle.

-Je me réjouis de voir que la journée s'est bien passée pour certains.

Fred se crispe et se lève automatiquement. Il a remis son masque d'homme d'affaires à la seconde, quant à moi, je lisse un peu ma robe avant de me lever.

-Contente de vous voir aussi joyeux!

-Bonsoir maman! La saluons-nous ensemble.

-Quelle était cette histoire hilarante pour que tu te permettes de cesser ton travail?

Il plonge son regard dans le mien et m'adresse ce petit sourire en coin que j'aime tant en me faisant un clin d'oeil. Ce petit geste dit tout. Il répond à notre mère de façon à ce que je comprenne implicitement ce qu'il compte dire.

-Nina me contait sa journée et la misère qu'elle a dû subir et je dois avouer que je suis fier d'elle, elle est différente des autres et c'est la première fois que je la vois telle qu'elle est réellement: ma petite fleur bien enveloppée dans son cocon privé.

Je le remercie du regard. C'est la première fois qu'il parle de moi aussi gentiment. Cependant la briseuse d'ambiance brise la magie.

-Tant d'années d'investissement en elle puis elle gâche son talent dans une minable ONG! Tu parles d'une fierté! Finit-elle en soupirant.

Elle s'en va sur ces mots et tient à rappeler à Fred qu'il doit terminer dans la soirée en dépit de sa supposée fierté à mon égard.

Si seulement, elle savait qu'il ne parlait pas de boulot mais plutôt de ma vie sexuelle, elle aurait fait une attaque!

Je me laisse couler sur la chaise mais Fred vient s'agenouiller à mes cotés et me prend les mains, essayant de me réconforter.

-Tu sais, ce n'est pas contre toi! C'est Patricia Jackson quand même, elle a toujours été ainsi. Fais-moi plutôt un beau sourire et rentre à la maison préparer de quoi mettre pour demain, peut-être que ton superviseur tombera sous tes charmes et deviendra gentil.

Je pars dans un éclat de rire. S'il y a bien une chose que monsieur Laventure ne connait pas, c'est bien la gentillesse! Une tenue ne va pas changer son mauvais caractère.

-Merci d'être la personne que tu es, Fred!

-Je t'en prie, Nani! Va-t-en maintenant, j'ai du travail. La boss refuse que je parte.

Il me caresse la joue droite et y dépose ses lèvres: un des avantages à avoir un frère bienveillant en dépit des mauvais tours qu'il aime me jouer.

***

J'entamais le parking de la maison quand une voiture attire mon attention de l'autre coté de la rue. Je pense être victime d'une hallucination en reconnaissant son conducteur. En colère, je me dirige vers lui.

-Que faites-vous devant ma maison?

Il sourit et sort de sa voiture et me tend mon porte-feuilles. Je le prends en le remerciant.

-Nul besoin! Je voulais éviter que vous débarquiez dans mon bureau demain.

Je reprenais ma route vers le parking lorsqu'il me crie: "Demain, 6h30. Soyez à l'heure!"

Je me retiens de lui lancer mon poing à la figure.

-Ne vous inquiétez pas! Je serai là pour ouvrir et faire le ménage dans votre bureau monsieur Laventure.

Il peste puis ouvre la portière de sa voiture et s'en va. Quant à moi, je reprends mon chemin et vais déverrouiller la porte du garage avant de revenir dans ma voiture pour entrer.

Les paroles de Fred me reviennent en tête alors je prends la jupe noire m'arrivant sur les genoux, celle que je m'étais procurée pour mon dernier jour de stage et un chemisier rouge assez stylé pour l'accompagner. Mes talons rouge et noir, quant à eux, vont faire sensation.

Je sortais de la douche quand mon téléphonne sonna. Sans prendre le temps de regarder l'écran, je réponds.

-Mademoiselle Jackson, avez-vous reçu mon mail?

Je me dirige vers mon ordi pour confirmer. Du travail à rédiger dans la soirée!

-Hors de question! N'y comptez pas! C'est de l'abus de pouvoir monsieur Laventure.

Sans attendre sa réponse, je raccroche. Consciente de mon acte, je ne peux m'étonner de ce que je venais de faire, je viens de creuser ma tombe.

Tu M'appartiens!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant