Chapitre 2

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J'ai bien compris qu'il fallait patienter, mais là, je suis à bout. Ce monsieur a intérêt à me recevoir durant les prochaines minutes s'il ne veut pas que je pète un câble. Comme s'ils avaient entendu mes pensées, une femme vient m'annoncer: "Mademoiselle Jackson, monsieur Dupervil vous demande."

Je me lève et serre nerveusement la petite veste que maman m'avait recommandé de porter avec la robe pour paraitre professionnelle et choisis de la suivre dans le bureau du fameux M. Dupervil.

-Vous êtes bien la nouvelle recrue?

J'aurais aimé qu'il choisisse un autre mot, mais puisqu'on y est, autant éviter une gaffe. Je lui réponds gentiment, il examine encore une fois mon CV avant de me confirmer les dires de mon superviseur de stage.

-Bien, je vous intégrerai dans une nouvelle équipe sous la direction d'un de mes plus fidèles employés, vous pouvez aller le rejoindre, ma secrétaire vous y conduira.

A peine ai-je le dos tourné pour suivre sa secrétaire qu'il me retient par ses mots qui n'ont fait qu'accentuer mon stress:

-Mademoiselle Jackson, mes félicitations et surtout bonne chance! Vous en aurez grand besoin.

Je me retourne et affiche un sourire crispé: "Merci monsieur Dupervil."

La secrétaire entame un long couloir et me conduit dans une grande salle où nous voyons un homme qui discutait avec un groupe de filles. La secrétaire, puisque je ne connais pas son nom, me désigne le monsieur à qui je dois m'adresser. Je m'approche un peu plus d'eux et me racle la gorge:

-Veuillez m'excuser s'il-vous-plait...euh...bonjour! Monsieur Dupervil m'envoie...m'entretenir avec vous.

Il se retourne et se fige en me voyant: "C'est vous la nouvelle?"

Je me fige à mon tour, cette voix est impossible à oublier. Je déglutis quand je le regarde plus attentivement. Ça doit être une épreuve de plus! Pourquoi Dieu a-t-il choisi aujourd'hui pour me stresser autant? Remarquant qu'il attend ma réponse, je ne peux cacher mon trouble.

-Ro-roland, c'est toi?

-Non, mademoiselle. Je suis monsieur Laventure. Il n'y a que les amis et la famille qui m'appellent Roland hors mademoiselle, vous ne figurez dans aucune de ces catégories. Vous n'êtes qu'une nouvelle qui se prend déjà les grands airs d'une employée, je ne vous connais pas et je préférerais que vous me vouvoyez car je suis votre supérieur, déclare-t-il d'une voix sèche.

Je baisse la tête et lui présente des excuses devant les rires des autres personnes présentes. Il ne fallait pas plus pour enlaidir ma matinée, la honte!

Il me demande de le suivre. On arrive dans son bureau. Il prend place et m'invite à faire pareil. Il se met à examiner mon CV. Ils ne l'ont pas regardé avant de m'embaucher ou quoi? D'abord le grand patron et maintenant, lui!

-Mademoiselle Jackson, comment va Frédérick?

-On ne se connait pas monsieur, pourquoi me parlez-vous d'un Frédérick qui n'est même pas figuré dans mon CV?

Dans ta face, monsieur l'arrogant! Il sourit.

-Avez-vous un petit ami?

-Non.

-Un fiancé?

-Non plus.

-Une petite amie alors?

-Mais non.

-Aviez-vous l'intention d'en avoir un?

-En quoi cela concerne-t-il mon travail? Je ne suis pas ici pour discuter de ma vie amoureuse avec vous mais pour travailler.

-Pour me préparer à l'éventualité de vous trouver une remplaçante au cas où vous tombiez enceinte mais si mes questions vous dérangent et que vous souhaitiez travailler, soit! Allez me chercher un café, je le prends avec du lait et bien chaud.

Il se moque de moi? Je rejoins son équipe pour un poste important et il me traite comme une assistante. S'il pense que je vais me laisser faire...

-Je ne suis pas votre assistante mais votre chargée d'affaires et vous chercher du café ne fait pas partie de mes attributions.

-Vous êtes d'une insolence incomparable. Ce n'est pas chez vous ici, mademoiselle "j'obtiens-tout-grâce-à-maman", vous êtes sous mes ordres, et le présent, c'est d'aller me chercher un bon café.

-Je ne suis pas une enfant gâtée, j'ai acquis ce boulot grâce à mes compétences et non par la réputation de ma mère. Si vous voulez toujours ce café, allez le chercher vous-même car je n'irai pas. Je ne suis pas votre assistante.

-Aucune référence de travail dans votre dossier et vous prétendiez ne pas être ici selon les bonnes grâces de la maman.

-J'ai effectué un stage de dix mois ici et quand mon superviseur m'a proposé le poste, j'ai accepté ensuite monsieur Dupervil a examiné mon dossier et m'a référé à vous alors soit, vous commencez à travailler réellement soit je fais un rapport sur votre comportement odieux vis-à-vis de moi basé seulement sur votre haine pour le nom que je porte.

Il fronce les sourcils.

-Vous êtes dans mon bureau, à mes ordres alors si vous voulez vraiment que je vous prenne au sérieux, évitez de tenir de tels propos. Le boss n'est pas votre mère, si vous désirez vous plaindre auprès de lui, renoncez-y.

Il se lève et contourne son bureau pour prendre un cartable sur un canapé, j'étais tellement occupée à le défier que je n'avais pas prêté attention à la pièce. Elle semble accueillante, dommage que je ne peux dire pareil de son occupant.

Il revient vers moi et me toise. Il lance le cartable devant moi:

-Terminez ça et refaites le compte puis partez! Je me retiens déjà de rendre mon petit-déjeuner en vous regardant. Vous êtes saoûlante!

Je prends le cartable et me lève en le toisant à mon tour. Je quitte vite son bureau pour rejoindre la secrétaire de monsieur Dupervil afin de connaitre mon poste de travail.

J'épluche le dernier papier en y notant des recommandations comme il avait commencé. Je soupire en retransmettant cela sur mon ordinateur, monsieur vient de me spécifier que les copies étaient formellement interdites alors je dois tout retaper en mentionnant les modifications apportées parce que je dois avoir une sauvegarde par mesure de précaution.

Comme il devait déjà s'en douter, je ne termine avec la paperasse qu'en début de soirée.


-Mademoiselle, votre carte, s'il vous plait? Me demande un des agents de sécurité quand j'ai voulu partir.

Ah pas ça! Je cours vers mon bureau pour récupérer mon badge d'accès au bâtiment.

Sitôt sortie des locaux, je me précipite vers ma voiture car j'avais hâte d'aller lui raconter ma merveilleuse journée riche en humiliation et en corvée. Lui qui s'attendait à des surprises, il sera servi. Après une bonne trentaine de minutes, j'y arrive enfin. Je franchis alors la porte de son bureau en souriant:

-Mon parasite adoré!

Tu M'appartiens!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant