Chapitre 62

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Roland m'avait informé qu'il comptait réunir les journalistes pour la conférence. Il tenait absolument à se manifester parce que selon lui, le temps ne jouerait pas en sa faveur s'il laissait les jours passer. Depuis deux bonnes minutes, j'attends devant mon ordinateur que cela commence. Julia me propose des bonbons mais je refuse, je suis trop stressée pour avaler quoique ce soit. Et s'ils lui posent les mauvaises questions? Et s'il se trompe dans les détails? Oh mon Dieu! La suite des évènements dépendra de son intervention.

Je le vois venir avec M. Dupervil et son avocat. Il sourit aux journalistes et les salue d'un hochement de tête. Pourquoi avait-il choisi la salle de réunion de l'ONG? Je soupire bruyamment, ne sachant plus quelle attitude adopter, je dépose la tête sur le bureau en prenant appui sur un bras. A l'écran, je les vois prendre place. Roland porte un pull et un jeans, je ne l'ai jamais vu dans cet accoutrement qui lui fait paraitre beaucoup plus sexy. Je me laisse alors à penser que ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas embrassés, qu'est-ce que j'ai donc fabriqué à ses côtés en huit mois? Une main vient me sortir de mes pensées:

-Ma parole! Tu baves tellement sur lui que tu n'as même pas remarqué que ça avait commencé. Arrête de te toucher les lèvres, c'est dégoutant!

Je ne m'étais même pas rendue compte que je laissais promener mes doigts sur ma bouche. Gênée, je me redresse et souris:

-Ce n'est même pas vrai! J'attendais seulement le bon moment pour réagir.

-Oui oui, c'est ça!

J'essaie de me concentrer sur ce qu'il dit à l'écran:

"...Je ne vais nier aucune relation entre miss Jackson et moi, cependant, je refute toute allégation pouvant croire que nos rapports ont eu lieu durant ses fiançailles. Je peux comprendre le fait que certains journalistes veulent prospérer avec des sujets alléchants toutefois ce n'est en rien une raison pour calomnier les autres surtout lorsque leur source n'est point fiable. C'est inadmissible d'exposer nos vies de la sorte! Je suis choqué!"

-Monsieur Laventure, nous savons tous que miss Jackson était enceinte, aviez-vous pu confirmer votre possible paternité? demande l'un des journalistes.

Julia me masse gentiment les épaules en guise de soutien. Je vois Roland inspirer et passer une main dans ses cheveux. De ce que j'ai compris dernièrement, il avait pu finalement entamer son deuil.

-Mon projet a été inspiré de cette réalité. J'ai vu ce que la perte d'un enfant a engendré et je ne voulais qu'apporter mon soutien à sa famille, répond Roland.

-Oui mais finalement, étiez-vous le père de cet enfant? insiste le journaliste.

-Tous les écrivains doivent-ils étaler leur vie pour avoir un best-seller? demande-t-il en regardant sa montre.

-M. Laventure, MS Magazine, selon les photos publiées récemment, vous aviez l'air particulièrement proches, êtes-vous de nouveau ensemble?

-Non, mais ce n'est pas l'envie qui me manque.

La salle a ri à sa petite plaisanterie. Il reçoit trois autres questions puis conclut en expliquant son projet et en divulguant un message de soutien aux gens concernés par son programme.

-Tout s'est plutôt bien passé, s'exclame Julia.

-Oui, si on veut. Rentrons à la maison maintenant.

On se préparait à regarder un film lorsqu'on entend la sonnerie. Je dépose mon popcorn et vais ouvrir:

-Qu'est-ce que tu fais chez moi?

-Soeurette, on ne salue pas son frère?

-Frédérick, pourquoi es-tu là?

Il regarde ses pieds avant de se jeter sur moi. Il me serre fort dans ses bras et renifle mes cheveux. Lorsqu'il me relâche, il prend mon visage en coupe et m'embrasse le front:

Tu M'appartiens!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant