Chapitre 17

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Ne ressentant pas trop l'envie de travailler, je me laisse aller à me souvenir de mon anniversaire avant-hier, il faut dire que depuis ce jour, je plane sur un petit nuage. Il est vrai que je sais que je n'arriverai à rien avec Roland mais cela m'a fait plaisir qu'il ait voulu se comporter différemment en vue de me faire plaisir pour mon anniversaire.

Roland et moi sommes vraiment la preuve vivante que le fameux amour décrit dans les livres est faux, ils te font croire que l'héroïne souffre en silence puis découvre que son homme l'aime en retour mais pour moi, c'est tout à fait le contraire parce qu'avant, il avait préféré se tourner vers les autres filles du lycée et maintenant, il y a une Nathalie qui fait mon grand malheur, ceci sans compter les humeurs de Fred. Décidément, Roland n'est pas celui avec qui je vais passer ma vie, serais-je toutefois capable d'aimer un autre?

Mon téléphone qui se met à sonner me tire de mes pensées, je le prends pour y découvrir des tonnes de notifications; des messages et appels manqués. Si je me souviens bien, je ne l'ai tenu que le matin de mon anniversaire. Ma famille doit être inquiète à l'heure qu'il est si je ne leur rappelle pas. Remettant mes idées en place, je lance le numéro de Fred, prête à lui mentir sur mon indisponibilité à cause du travail.

Après que Fred m'ait sermonné, il me raconte les dernières nouvelles puis raccroche. Je me décide enfin à répondre aux messages reçus avant-hier en excusant mon retard, ce fut Julia qui me répondit la première:

"Alors Paris? De beaux gosses? Tu en as mis combien dans ton lit?"

"Monica, rends à Julia son tel."

"Hahaha! Très drole! Monica n'est pas la seule à dire ce genre de chose, je ne suis plus une enfant, je te signale maman Nina! Et ton boss? Il est finalement gentil avec toi?"

Julia, de par son court séjour à l'organisation, avait remarqué le comportement de Roland vis-à-vis de moi, elle n'arrêtait pas d'en parler mais lorsqu'elle a su que je devais partir avec lui, elle avait carrément explosé. Je me rappelle encore du nombre d'appels reçus quand elle avait eu mon message, elle m'avait toutefois rassuré: "France n'est pas Bahamas, espérons que le changement d'air lui fera du bien!" M'avait-elle dit.

"Il fait de son mieux sinon quoi de nouveau à l'école?"

"Pas grand chose et pense à me ramener un homme dans ton sac et quelques petites merveilles chez Dior vu que madame est indépendamment riche."

Je souris à son message, elle grandit trop vite, son innocence commence déjà à me manquer, alors que je lui répondais, Roland entre en claquant la porte derrière lui. Dangereusement, il s'avance vers moi.

-Un problème?

-Oui, en fait, un très gros problème! Pourquoi aviez-vous raconté à votre frère que nous partagions la même chambre? Si cela vous tenait à coeur de le faire savoir à tout le monde, placardez une affiche sur vous ainsi Paris sera au courant rien qu'en voyant votre stupide tête.

-J'ignorais qu'il s'agissait d'un secret et...

-En aucun cas! Quand vous êtes en voyage d'affaires, vous devriez rester discrète sur votre logement ou même votre programme. Je me demande pourquoi René a engagé une écervelée comme vous, vous êtes incapable de faire votre travail correctement, m'interrompt-il.

-Pourquoi me faites-vous une tempête dans un verre d'eau? Je vous présente mes excuses, je n'aurais pas du.

-Effectivement, j'espère que vous lui aviez également dit que vous aviez abusé de moi sinon il n'aurait pas insisté que sur un petit détail connaissant l'effrontée que vous êtes.

Ne pouvant pas me retenir, ma main atterrit sur sa joue alors que des larmes coulent sur les miennes. Il demeure interdit pendant quelques secondes puis lâche un grognement avant de sortir, toujours en claquant la porte. Je me laisse tomber au sol et déverse toutes les larmes de mon corps.

Je ne saurais dire combien de temps ai-je passé assise à pleurer mais je sais seulement que c'est l'appel de James qui m'a fait me relever et sourire. De faibles rayons violets traversant la chambre, m'informent que le soleil rejoint son lit. Décidée à oublier la scène avec Roland, je lance un film sur mon ordi, prenant le soin de bien m'installer sur le lit. Je me sens un peu coupable de l'avoir giflé et j'appréhende son retour, exigera-t-il des excuses? Ou a-t-il tout raconté à M. Dupervil pour que je sois virée? Et dire que je n'ai fait que me défendre, il m'avait insultée donc il l'avait mérité.

"Mais il reste ton supérieur et tu es en voyage d'affaires!"

Stupide conscience qui a raison! J'ai giflé mon superviseur alors qu'il me reprochait mes fautes professionnelles. Je suis mal barrée! Fermant les yeux:
"j'espère que vous lui aviez également dit que vous aviez abusé de moi sinon il n'aurait pas insisté que sur un petit détail connaissant l'effrontée que vous êtes."

"Cela revient du personnel, tu as eu raison sur ce point mais n'empêche qu'il est le chef, ici, ce sera ta parole contre la sienne!"

Un cri strident me fait sursauter, je remarque qu'il ne s'agissait que d'un personnage du film qui criait pour alerter la police pour qu... Ah je ne sais pas trop, ce n'est pas comme si j'avais suivi le film. Mon attention se porte sur la poignée de la porte que je vois tourner, rapidement, j'abaisse l'écran à plat et tire sur la couverture pour lui donner dos. Lorsque ses pas se rapprochent de mon lit, je ferme les yeux, feignant de dormir.

Je le sens s'arrêter un peu devant moi, son souffle sur mon visage m'alerte qu'il s'est penché, de grandes lèvres glacées se posent sur mon front, me laissant le temps d'inhaler l'odeur du whisky qu'il vient de boire. Je ne supporte pas l'alcool, j'allais lâcher une grimace quand je me souviens que je suis supposée en train de dormir.

-Désolé, Nina, je n'aurais pas dû. Tu n'as pas idée du mal que tu me fais et sans compter ce que je t'ai fais subir des années plus tôt. Je ne souhaite que jamais, tu puisses apprendre ce qu'il nous est arrivé ce...

Son téléphone se met à sonner, l'interrompant dans sa confession. Je ne sais pas de quoi il parle, mais je me promets de le découvrir. Il lâche un juron avant de répondre:

-Que veux-tu maintenant?
...
-Fred, j'ai déjà fait tout ce que tu m'as dit alors arrête avec ce petit jeu si tu ne veux pas que je redémarre la partie. Tu n'es pas plus blanc que moi, mon cher. Nous avons tous les deux des trucs à cacher, soit tu me lâches ou je te jure que ta soeurette vivra le pire des enfers avec moi qu'elle se donnera elle-même la mort.

Je frissonne à ses mots, qu'est-ce qu'ils mijotent ensemble? Pourquoi Fred lui fait-il chanter? En quoi cela me concerne-t-il? S'il se sentait mal par rapport à son comportement tout à l'heure, pourquoi veut-il me faire souffrir plus qu'il ne le fait déjà?

Tu M'appartiens!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant