Chapitre 65

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Je ne saurais dire combien de temps avais-je marché avant d'atterrir sur ce trottoir. Ramenant mes jambes vers mon torse, je dépose la tête sur mes genoux et ferme les yeux, j'avais besoin de me reposer. Alors que je me suis légèrement assoupie, le bruit d'un klaxon me fait sursauter. Ne relevant toujours pas la tête, je sens une ombre me surplomber.

-Si tu voulais rester seule, tu aurais dû prendre le large sur nos îles voisines.

En reconnaissant sa voix, j'affronte enfin son regard:

-Que fais-tu ici?

-Aux dernières nouvelles, jusqu'à la preuve du contraire, j'habite encore ici chérie.

-Non, je veux dire pourquoi es-tu là maintenant?

-J'ai reçu l'appel d'une jeune fille assez paniquée. Elle m'avait informé que sa tante avait fui son travail en abonnant toutes ses affaires là-bas. Quand j'ai fait le tour et puisque tu n'as aucun ami vers qui te tourner alors tu comprendras que j'ai fait le rapport.

-Je te signale que James et David sont mes amis...

-Ah ces idiots-là!

-Ils ne sont pas des idiots, répliquai-je.

-Tous les hommes qui t'approchent de trop près sont tous des idiots pour moi, chérie, me déclare-t-il en me proposant une main.

-Comme celui qui se tient devant moi.

-Il faut dire que chaque règle a ses petites exceptions. Alors, tu comptes prendre cette main et entrer avec moi ou veux-tu que je salisse mon pantalon sur le sol avec toi?

- Cela ne peut pas être si sale que ça, arrête de faire le prétentieux.

-L'adjectif résidentiel ne signifie pas stérile.

Sur ce, il s'empare de mon bras et me force à le suivre. Une fois à l'intérieur, je cours me réfugier sur son canapé pendant qu'il me sert un verre d'eau:

-Que s'est-il passé aujourd'hui?

Je prends une gorgée avant de lui raconter ce que je venais d'apprendre. Il m'a écouté parler, se contentant de hocher la tête et de me prendre dans ses bras. Les larmes que j'avais réussi à arrêter se mettent alors à ressurgir.

-Pourquoi? Fred a été méchant avec nous et la vie veut le récompenser en lui offrant ce que nous, nous avons perdu. Dis-moi, Roland. Qu'avons-nous fait de travers?

-Chut, ma douce. Calme-toi! Il ne faut pas penser ainsi. Il faut, au contraire, se réjouir pour lui car même s'il est vrai que ton frère est loin d'être un saint mais cela ne doit pas t'empêcher de l'aimer pour autant. Qui sait! Peut-être que ce bébé sera la rédemption dont il a besoin. Il a tellement perdu par le passé, il mérite ce petit bonheur.

Quand il remarque que je ne lui rendais plus son étreinte, il m'écarte légèrement de sorte à ce que nos regards se croisent. Alors que je m'attendais à voir dans ses yeux de la rage tout comme celle qui m'habitait, je me heurte à un spectacle différent. Ses iris réflétaient de la sincérité et de la compassion, il comprenait ma souffrance mais il avait aussi espoir que Fred pouvait changer.

-J'ai su que vous vous étiez vus.

-C'est vrai. Il voulait me demander pardon et comme ma psychologue est d'un tel ennui dernièrement avec ses séances de réconciliation donc j'ai cru bon de me débarrasser de cette étape.

J'éclate de rire à ses mots. Il me sourit et me caresse les joues, surement en vue d'effacer les empreintes laissées par mes larmes:

-Voilà ce rire qui m'avait manqué, je le préfère à tes larmes.

Tu M'appartiens!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant