Chapitre 50

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Je me suis souvenue du retour de David. Il était venu me voir pour me parler. Incroyablement, il m'avait pardonné mes infidélités et m'avait fait promettre de ne plus recommencer. On avait tenu nos fiançailles comme prévu et il avait fait en sorte de récupérer les vidéos de Nathalie. Nous les avons détruites ensemble afin d'éviter qu'elles deviennent publiques...

Je faisais de mon mieux pour ne plus revoir Roland. Il avait essayé de me contacter mais je l'avais ignoré mais ce soir est différent. Je me souviens de ma frayeur lorsque Sasha était venue m'informer qu'il s'était présenté à la soirée pendant que Fred était à l'entrée. J'avais couru avant qu'il ne remarque sa présence mais j'y suis arrivée tard.

J'ai entendu Roland qui parlait d'un pacte visant à nous éloigner. Apparemment, Fred savait que je l'aimais et avait profité de la situation pour nous empêcher d'être ensemble. Le rire de Fred, sa remarque sarcastique venaient de confirmer ses propos. Il nous avait éloignés et avait veillé à ce que je méprise Roland en lui dictant de mauvais conseils. Il nous avait bernés. J'étais tellement perdue que je n'avais pas saisi ce que Roland lui avait dit mais j'avais vu mon frère foncer sur lui et le rouer de coups.

Pourquoi devaient-ils toujours arriver aux mains quand ils se disputent?

Une voix me parvient. C'était David. Il disait m'avoir cherchée mais il s'était tut en voyant Roland maitriser Fred. Il a même fait signe à Léa qui parlait au téléphone sur le parking. Il m'entraine vers eux en me soutenant. Le visage torturé de mon frère m'avait fait poussé des cris. J'avais vu Roland me supplier de pardonner son comportement à travers ses yeux. Il était perdu. Il était bouleversé. C'est comme si la situation lui avait échappé des mains.

Lorsque j'ai vu Léa filmer la scène, je lui ai demandé de lâcher Fred pour ne pas éviter un scandale mais mes mots avaient permis à David de tirer profit de la situation car il avait encore mis en avant le mauvais comportement de Roland pour le dénigrer. Une fois dans sa voiture, il me prend la main et m'embrasse. Lorsqu'il voit que je ne réponds pas à son baiser, il s'écarte de moi et démarre en silence.

Je m'attendais à ce qu'il me conduise chez lui mais il fait un trajet différent. Nous sommes sur un chemin rocheux avant de prendre un virage. L'endroit était éclairé par des lanternes et la route paraissait dangereuse. Il s'arrête devant une maison et éteint le moteur. Il se tourne vers moi en souriant.

-Descends, tu vas voir combien c'est magnifique!

Je me contente de lui obéir, une fois devant le petit portail, je me rends compte qu'il s'agissait d'une maison près de la plage. Je pouvais distinguer les vagues un peu plus bas de la petite montagne.

-Roland, où sommes-nous?

-Je rêve ou tu n'as jamais mis les pieds à Nassau alors que tu vis sur l'archipel?

Je ne lui réponds pas, de peur qu'il commence à se moquer de moi et que je perde toutes mes défenses. On devait avoir une discussion sérieuse et sa joie ne peut pas m'influencer. Je veux comprendre ce qu'il disait à Fred. Il sort un trousseau de clés de sa poche et va ouvrir la porte. M'invitant à entrer, il me tient par la taille. Je le précède sans relever son geste.

-Si je comprends bien, c'est ta maison. Je ne te savais pas aussi riche.

-Je n'étale pas mes finances, tu as toujours su que j'étais de famille fortunée, j'ai su faire quelques investissements et des économies. Même si ton nom est plus puissant que le mien, je n'en demeure pas l'un des élites de la société.

J'oubliais souvent qu'il est aussi célèbre que moi de par son attitude à toujours se moquer de l'opinion publique. Il était toujours décrit comme celui à éviter, son caractère et son comportement de Don Juan ont pu en témoigner.

-Alors cette dispute avec Fred, je veux des explications! De quel pacte parliez-vous?

-Dans la bande, il était celui qui détenait le plus de pouvoirs, il était le plus riche alors le reste le suivait. Il possédait l'art de la persuasion et malheureusement, j'ai été victime, on l'a tous été d'ailleurs, enfin sauf Paul qui a toujours su lui tenir tête par ses manipulations, il faut avouer que Paul a toujours été le plus mystérieux et le plus avenant de nous tous...

-Accouche, viens en aux faits, l'interrompis-je.

-Pendant qu'on jouait une fois, on a dévoilé nos petits secrets et je leur avais appris que tu me plaisais bien. Fred disait vouloir épargner notre amitié en cas d'échec et nous avait proposé un pacte. Aucun d'entre nous ne devait sortir avec une proche de l'autre pour éviter les malaises au sein du groupe. Par la suite, il m'avait fait croire que je n'étais pas de ton type toutefois je pouvais faire exception du pacte si je respectais ses conseils. Selon lui, tu appréciais les fêtards et les cons donc je devais sortir avec d'autres filles pour attirer ton attention.

Fred avait joué de lui en utilisant ses sentiments envers moi pour lui faire du mal. Je comprends alors que le Roland que je connais à présent a été façonné par mon frère. Des brides de ma discussion avec Paul me reviennent en tête (ref ch9): "Monsieur n'a pas le sens de l'engagement." ---"Simplement parce qu'il n'a jamais laissé parler son coeur, tu aurais dû le savoir à l'époque."

En imposant ce pacte, il nous avait séparés bien avant que nous nous soyons trouvés.

"Il doit être vraiment un très bon ami si Fred a bien voulu de lui aujourd'hui."

-Si vos rapports étaient aussi tendus, pourquoi assistais-tu aux différentes soirées de son mariage?

-J'avais croisé Fred une fois, il n'arrêtait pas de me menacer avec une vieille histoire. Ta mère nous avait surpris à nous disputer. Laissant passer cela pour un malentendu, il m'y a invité et toutes les occasions étaient bonnes pour te voir.

-Pourquoi te menaçait-il? Qu'est-ce que Fred avait fait à Sébastien?

Il me sourit et tente de détourner la conversation.

"J'ai toujours été doué pour animer la galerie donc ne fais pas attention à mes propos... Ne dit-on pas que l'information donne du pouvoir?"

-Roland!

-Rien mon coeur. A présent parlons de nous deux.

Je le contourne et fais semblant de fixer les arbres à travers la fenêtre.

-S'il te plait Nina... Je n'en peux plus. Ces deux semaines passées au bureau sans te voir ni même pouvoir te parler ont été un enfer pour moi tant sur le plan individuel que professionnel. Je n'arrive plus à réfléchir ni à penser à autre chose. Ton absence me pertube. Je ne peux pas me résigner à te perdre.

Je fais exprès de mettre les mains sur mes oreilles pour ne pas l'écouter, il vient vers moi et me prend sauvagement dans ses bras. Il s'arrête un moment et s'empare de ma bague pour l'envoyer au sol.

-Mais de quel droit jettes-tu ma bague de fiançailles de la sorte?

-Du même droit qui me fait t'aimer comme un fou depuis des années. Je sais que je suis un connard pour t'avoir laissée partir et ne pas avoir lutté pour toi maintenant c'est différent, je ne referai pas la même erreur parce que je t'aime putain et chaque minute loin de toi est une véritable torture. Reviens vers moi Nina.

Il avait parlé en me secouant. Je tremblais dans ses bras. Roland vient de m'avouer qu'il m'aime. Il m'aime. Paul avait raison.

"Je te souhaite du bonheur, chérie même si tu suis le mauvais chemin."

Je m'étais trompée de direction en cours de route et Roland m'avait trouvée à temps. Des larmes se mettent à couler sur mes joues. Lorsqu'il les remarque, il me lache en balbutiant des excuses: "Bordel, ppardon, J-je ne vou-voulais pas te faire pleurer."

Je me rends compte à présent qu'il avait existé une chance pour moi d'être heureuse et de rencontrer l'amour mais cette chance m'avait été refusé par mon frère alors que je l'avais toujours soutenu dans sa relation avec Sasha.

"Je n'ai rien à te dire sur ton frère encore moins sur ton amour d'enfant, cette conversation est terminée."

Tu M'appartiens!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant