Tu M'appartiens!

Chapitre 40

Je m'écarte de lui, les joues complètement rouges. Je m'apprêtais à me lever mais il s'empare de mon poignet m'obligeant à regagner ma place.

-Je suis désolé ma chérie. Je ne voulais pas te mettre mal à l'aise. D'ailleurs, je ne comptais pas t'en parler mais c'est toi qui as voulu comprendre la raison de mon sourire.

-Non, ce n'est rien.

"Alors?", poursuit-il en me caressant le dos.

-Je n'en sais strictement rien. D'ailleurs comment l'as-tu su?

Il me sourit et me caresse les cheveux: "Je l'ai ressenti mais je ne comprends toujours pas comment une femme vierge peut-elle avoir une fille!"

Je ricane à sa question: "Julia est la benjamine de Lucy. Je me suis occupée d'elle à sa naissance alors l'habitude a voulu qu'elle m'appelle maman."

-Et l'autre-là? Tu ne t'es jamais donnée à lui?

J'écarquille les yeux. Il reprend: "Je parle de ce Faubert!"

"Il est évident que non, Roland!"

Il fronce les sourcils et finit par murmurer: "Si je comprends bien, tu n'as jamais été avec Sébastien non plus sexuellement parlant."

-Ah quelle perspicacité!

Il acquiesce et resserre notre étreinte: "Merci pour cet immense cadeau, ma douce. Je te considère à présent comme mienne. Désormais, tu m'appartiens."

Je préfère ne rien relever et me contente d'appuyer ma tête contre son torse pour dormir.

***
Je défais vite mon sac, prenant le soin de tout vider dans le panier à linges sales, y compris mes sous-vêtements que j'avais récupérés chez Roland. Je cours me changer et enfiler un short et une chemisette avant de descendre à la cuisine. J'ai passé deux nuits hors de la maison et personne n'a cherché à me joindre. C'est nouveau, ça!

Sonia m'accueille avec un grand sourire: "Bonjour mademoiselle Jackson. Bien dormi?"

-Oui oui merci Sonia et pour vous?

-Bien merci mademoiselle. Désirez-vous quelque chose?

-Ah Sonia, je vous ai déjà demandé d'arrêter avec toutes ces formalités.

-Je ne fais que mon boulot et madame tient à ce que ses ordres soient respectés, en trente ans, je ne lui ai jamais désobéï.

-Et sinon, où est passée madame?, demandai-je en plaisantant.

-Madame est partie à l'église de très tôt. Si vous vous inquiétez pour votre petite escapade, soyez rassurée. Elle n'a rien remarqué. Elle n'était pas rentrée non plus vendredi, compte tenu vos différences de planning, je lui avais fait comprendre que vous étiez partie plus tôt hier pour régler un problème et nous savons tous que le dimanche, vous ne vous réveillez pas avant onze heures.

Je la remercie pour m'avoir couverte auprès de ma mère.

-Toutefois, j'ai dû déconnecter la ligne fixe car monsieur Jackson ne cessait d'appeler parce que vous n'étiez pas joignable sur votre portable.

Je fronce les sourcils, je prends mon téléphone dans ma poche arrière pour remarquer qu'il était fermé. Lorsque je l'ouvre, les messages arrivent en foule. Mon premier réflexe est de lire le message de Roland: "Etant donné que j'avais éteint ton téléphone, je suppose que tu ne verras pas ce message en temps voulu, je tiens seulement à savoir si tu étais bien rentrée."

Je ne lui réponds pas. David m'avait appelé puis envoyé des messages ainsi que Fred.

-Merci Sonia. Appelez-moi à l'heure du déjeûner.

Je quitte la cuisine en tapant sur l'écran de mon portable pour appeler mon frère. J'accède directement à sa boite de messagerie, je lui laisse alors un message vocal pour le rassurer que je vais bien et qu'il n'a pas pu me joindre à cause d'un problème de batterie. Je ne fais aucune allusion à la photo qu'il m'avait envoyé, préférant en parler avec lui de vive voix.

Cela doit faire plus de vingt minutes depuis que je tourne en rond devant mon dressing. Je ne trouve rien à mon goût, j'analyse chacune de mes robes mais aucune ne suscite un quelconque intérêt. Je vais devoir demander conseil à maman. Quelqu'un vient de toquer à la porte.

-Entrez!

Sonia apparait dans l'embrasure et me prévient que le déjeûner est servi.

-Merci Sonia. Je descends avec vous.

-Euh mademoiselle, votre mère est déjà attablée.

Comprenant son sous-entendu, je me mets devant le miroir et enlève quelques mèches de ma queue-de-cheval pour donner l'impression de ma coiffure négligée après ma douche dominicale sous le regard amusé de Sonia. Aucune raison de douter que je n'ai pas dormi à la maison.

"Nina, je te rappelle que tu digères mal les oeufs, prends de préférence les toasts, me réprimande-t-elle."

-Dixit celle qui n'a veuillé à mon alimentation depuis deux jours, répondis-je agacée.

-Que veux-tu? Le travail prend tout mon temps dernièrement, j'ai beaucoup de dossiers à rattraper.

-Et comme toujours la grande Patricia Jackson ne peut s'empêcher de tout ramener à son univers.

-Ce n'est tout même pas de ma faute si je dois travailler pour vous donner la belle vie surtout si on considère que la vie ne m'a pas fait de cadeau en me donnant une fille aînée tellement limitée qu'elle s'amuse à servir les autres dans des stupides réceptions, sans compter un fils stupide qui traverse le monde avec une profiteuse. Oh et sans oublier, la petite ingrate préférant livrer ses services à une boite minable dirigée par un vieux cynique et qui ne m'a seulement rendue fière d'elle qu'à travers le choix de son petit-ami. Alors oui, c'est toujours à moi que revient la stabilité de cette fichue famille évidemment tu ne peux pas le comprendre, tu n'as jamais été responsable de ta vie et tu n'as aucune idée du mal que je me donne pour satisfaire cette maison. Sans mes efforts, toutes tes petites toilettes ne seraient pas là et certainement ton compte serait à sec. Veux-tu encore critiquer?

Elle se lève et donne un grand coup à la table avant de s'en aller furieusement. Sonia me jette un regard désolé. Je prends mon jus et retourne dans ma chambre d'où je n'aurais jamais dû sortir.

Si j'avais espéré une agréable journée, c'est mal parti. Je remarque que Léa de Paris avait essayé de me joindre pendant que je déjeûnais. En soupirant, je réponds à son message via Instagram.

Elle me raconte qu'elle comptait venir au pays pour du tourisme mais un imprévu l'en avait empêchée. Elle me parle des photos postées par mon frère entre autres tout en évitant le scoop de David et d'Elizabeth, ce pourquoi je lui suis très reconnaissante. Sa petite folie m'avait un peu manqué alors je lui propose de l'accompagner à certaines de ses expéditions si un jour, elle arrivait à venir.

Puisque ma mère s'est fâchée hier, je n'ai pas pu lui demander conseil pour mes vêtements, j'ai dû faire un appel vidéo à Fred pour qu'il m'aide tôt ce matin. Je descends de la voiture après l'avoir garée sur le parking. Je lisse ma jupe pour enlever un petit pli. Je me dirigeais rapidement vers l'entrée lorsque sa voix me stoppe net. Une colère naît en moi lorsque je lui fais face: "David, que viens-tu chercher ici?"