Ajustant mes lunettes de soleil, je passe vite à travers la foule sous les hurlements de quelques personnes qui avaient fait le déplacement pour suivre notre annonce en direct du grand écran. Certains portaient des pancartes de soutien, d'autres criaient qu'une réconciliation est possible. David et Fred se tiennent à mes côtés et essaient de créer un passage pour moi. Nous nous engouffrons finalement dans le mini-bus de l'entreprise. Je retire vite les lunettes et enlève la capuche de mon chandail.
-Ça va Nina?
J'acquiesce en souriant. Fred n'a jamais su pourquoi on avait pris une telle décsion mais lorsque David lui avait demandé son aide pour la conférence, il n'avait pas hésité à nous suivre. Malgré la distance installée entre nous depuis les révélations faites par Roland, je le remercie de nous avoir soutenu sans poser de question.
-Ce soir, Franck fera publier une ou deux photos. On laissera l'opinion publique me calomnier de préférence, de cette façon, les autres ne vont pas te critiquer lorsque tu voudras passer à autre chose. C'est moi qui t'avais mise dans cette position et je suis prêt à tout faire pour y remédier, me dit David après un long silence.
Je lui prends la main et lui souris.
-De quelles photos parlez-vous? demande brusquement Fred.
-Celles qui pourraient mieux expliquer notre séparation, lui répond mon ex-fiancé.
Il se contente d'incliner la tête. Le trajet se poursuit dans un long silence. Je n'arrive pas à y croire. David venait d'annocner publiquement la rupture de nos fiançailles, certains étaient encore sous le choc d'une telle nouvelle. Je me surprends à jouer avec mes doigts pour éviter de parler sur la route.
-On vous déposera à l'entreprise ensuite vous déciderez de la suite puisque vos voitures y sont déjà, déclare Fred.
Arrivée à l'entreprise, je cours m'enfermer dans mon bureau pour éviter ma mère. Essayant de chasser le flot de pensées qui m'assaillait, je me mets au travail. Je ne connais plus la prochaine étape de ma vie. Elle m'a échappée des mains dès la minute où je me suis livrée à Roland, je me suis précipitée dans des fiançailles farfelues sans le vouloir vraiment.
Je remercie David pour avoir su stopper ma folie avant que l'irréparable ne se produise et je penserai aussi à remercier Sasha de s'en être mêlée. Alors que je révisais un dossier de construction, mon téléphone se met à sonner. Je prends toutefois le risque d'y répondre même si je ne connaissais pas le numéro.
-Nina, il faut qu'on se voit.
-Roland?
-Oui, je veux te voir dans le parking, descends tout de suite.
-Tu as un sacré culot de venir sur mon lieu de travail pour me donner des ordres. Attends toujours parce que je ne viendrai pas. Sur ce, je raccroche.
Je me surprends à quitter mon siège pour me diriger vers la baie vitrée qui donnait vue sur le parking. Je reconnais très vite sa voiture garée, je le vois descendre et courir vers quelqu'un. Je ne peux pas la voir car elle vient de se retourner, je ne vois que son dos et le visage pâle de Roland. Mon coeur se serre lorsque je constate qu'il a maigri. Il ne ressemble plus au Roland fort et arrogant que j'ai connu. Non seulement, son corps a souffert mais aussi son visage qui témoigne une profonde tristesse.
Avant que l'envie de descendre et d'aller le serrer dans mes bras me prend, je regagne vite mon siège, m'arrachant ainsi à la contemplation du seul homme que j'ai aimé toute ma vie. Roland a été certes un connard avec moi mais il a été aussi tendre et compréhensif parfois. Roland restera toujours mon amour même si je le nie. Je me surprends à sourire à penser à lui.
Il y a un espoir pour que je reprenne ma vie en main. Même si ce sera sans David ou sans Roland, je sais que je peux le faire.
Je souris à cette perspective et je me promets d'organiser un diner ce soir à la maison pour annoncer à ma famille mon plan de vie. Je consulte mon agenda et rappelle à ma décoratrice que je m'emménagerai ce lundi.
Lorsque je faisais ma dépression, j'avais eu une subite envie de changer d'espace. Je ressentais le besoin de pouvoir contrôler au moins une chose dans ma vie, alors j'avais fait appel à un des amis de David qui m'avait aidé à avoir une petite maison.
J'entends Sasha m'appeler et à contre-coeur, je vais déverrouiller la porte pour la laisser entrer:
-Cela doit faire une bonne minute que je t'appelle. Bon sang! Que faisais-tu?
-Désolée, j'étais perdue dans mes pensées.
-Je comprends. Il faut aussi dire qu'avec tout ce qui t'est tombé dessus, tu as matière à penser.
Je me résouds à lui annoncer en premier ce que je m'apprêtais à avouer ce soir à ma famille.
-Sasha, je sais ce que je dois faire maintenant. Ce soir, je vais tout avouer.
-Tu es sûre d'y avoir bien réfléchi? Enfin, je parle pour ta mère et Fred. Ils vont te tuer, me dit-elle en fronçant les sourcils, puis si tout le monde le sait, David passerait pour un imbécile.
-Je sais. Nous avons rompu, rien ne me retient à lui désormais. Pour mère et Fred, ne t'en fais pas, je me suis procurée une maison loin de chez eux. Je compte y emménager ce lundi.
-On est samedi et tu comptais me le dire quand?
Je me contente de hausser les épaules. Elle lâche un soupir d'exaspération avant de me saisir le bras:
-Allons faire du shopping. J'étais venue te changer les idées.
Sans que je ne puisse ajouter quoique ce soit, je me retrouve dans sa voiture à nous diriger vers des boutiques de luxe. Sasha insiste ensuite pour des soins de beauté dans son club préféré alors je me suis fait encore embarquée dans une folie.
Au salon, elle essaie de me changer les idées en me racontant ses petites mésaventures. Elle me raconte qu'elle a des désaccords avec mon frère dernièrement car elle souhaitait un enfant mais que Fred disait ne pas être encore prêt. Le souvenir de leur premier enfant semblait être toujours un nuage au-dessus de leur tête. Je me contente seulement de l'écouter en plaçant des fois quelques mots pour éviter de la blesser.
-Nina, je suis désolée mais il y a une chose que je dois t'avouer maintenant, me déclare-t-elle alors qu'on allait quitter le salon.
Je m'arrête près du comptoir à la réception en croisant les bras. Cette Sasha sérieuse, c'est la Sasha coupable qui veut se faire pardonner une bêtise.
-Au départ, j'étais venue te voir pour parler de la conférence mais lorsque je l'ai revu, je n'ai pas pu résister à jouer au Cupidon, je crois que...
-Parle, Sasha. Qu'as-tu encore fait?
-Elle m'a en quelque sorte aidé à te voir, nous interrompt Roland en faisant son apparition derrière moi.
Je fais la navette entre les deux et me souviens finalement de la femme avec laquelle il parlait au parking. Je n'avais pas fait le lien mais Sasha portait la même tenue. Je me dirigeais vers la sortie lorsqu'une main puissante saisit mon bras.
-Je sais que ton frère t'a parlé de Camilla mais laisse-moi une chance de tout t'expliquer parce que je suis certain qu'il ne t'a pas tout dit.
Je plante mes yeux dans les siens:
-Lâche-moi sinon je vais me mettre à crier.-D'accord mais promets-moi que tu ne vas pas t'enfuir. On doit éclaircir notre situation.
Notre situation. Sasha lui a donc tout dit? Je me risque à toiser ma belle-soeur avant que Roland me relâche. Effrayée, je cours vers la sortie. J'entends la voix de Roland crier mon nom suivie de celle de Sasha, malheureusement, je n'ai compris ce qu'il m'arrivait que lorsque le choc s'est fait ressentir après un crissement de pneu.
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Tu M'appartiens!
Romansa"Dès l'instant où je t'ai déflorée, je t'ai fait comprendre que tu es mienne. Tout en toi m'appartient alors va dire à ton petit chien de service qu'il est hors de question que je te partage avec lui." __________________________________________ Iss...