Chapitre 13

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Je prends une pause et examine la pièce, une mèche tombe de mon chignon rebelle, en grognant, je la remets en place. Depuis des jours, je suis prisonnière ici à cause de la mauvaise humeur de Roland sous prétexte qu'on doit continuer à travailler sur les dossiers en cours malgré notre voyage.

Tandis qu'il devait sortir la nuit pour s'amuser, il me gardait toujours occupée, je pense plutôt qu'il agit de la sorte pour me faire oublier la soirée à la maison de la plage. Il faut que je pense à interroger M. Delacroix sur leur soudain mésaccord, aussi bien que je m'en souvienne, leur premier contact a été très sain voire même très amical.  Mon portable se met à sonner, James me fait ces petites blagues comme toujours, il me parle de ses journées.

-Tu as le chic pour te mettre dans des situations insolites! Lui dis-je alors qu'il me racontait un incident avec une prostituée qu'il aurait malencontrueusement embrassée, en étant ivre. Fais gaffe, James! Je te jure que si tu me trompes, je couperai ton sexe.

-Tu sais bien que tu es la seule à faire battre mon coeur, plaisante-t-il.

-Je l'espère bien chéri.

Après quelques plaisanteries, on raccroche. Roland me dévisage étrangement en enfilant une veste puis claque la porte. Je m'asseois sur le lit, essayant de visualiser la soirée.

-Tu penses sortir?

Je sursaute en le découvrant derrière moi, je continue mon maquillage sans lui répondre. Grâce au miroir, je le vois qui me déshabille du regard, il déglutit en s'arrêtant un peu plus sur mon postérieur, je feins semblant de ne pas le remarquer mais bizarrement, je souris intérieurement, fière de pouvoir lui faire de l'effet pour une fois. Il réitère sa question d'une voix mal assurée mais un peu rauque.

Terminant d'appliquer mon mascara, je décide de lui faire face afin de mieux le déstabiliser à cause de mon décolleté plongeant. La naissance de mes seins ne passe pas inaperçue à ses yeux. Toute souriante, je lui réponds:

-On est samedi soir et une fête nous attend chez M. Delacroix!

-Et je vous avais dit clairement que vous n'iriez pas à cette soirée débile, lâche-t-il.

Le voici de retour, M. Roland Laventure Bipolaire, il change d'humeur d'un instant à l'autre, un moment, c'est le tutoiement puis le moment d'après, il reprend ses "vous". Il vient nettement de passer du désir à la colère en une seconde. Je le regarde sans trop le comprendre, je suis surprise par autant de renversements.

-Si vous ne vouliez pas y aller alors j'irai sans vous et vous ne pouviez pas m'en empêcher, vous n'êtes pas mon père encore moins Fred.

-Très bien, capitule-t-il.

Etonnée qu'il lâche si vite l'affaire, je balbutie: "Vous...êtes sérieux? Vous-vous me laisseriez...y aller?"

-Je ne suis ni votre père ni votre frère, encore moins James alors si vous désirez y aller, libre à vous. De toute façon, ce ne sont pas mes oignons.

Je lui souris et quitte la salle de bain pour prendre mon sac. J'attendais mon taxi devant l'hotel quand mon téléphone sonna pour me laisser voir le numéro de Fred. Je décroche en souriant mais ce qu'il me disait effaça net mon sourire.

-Je suis perdu Nani, je ne sais plus quoi faire. Elle m'a clairement fait savoir qu'elle ne voulait plus de moi puis maman ne cache même plus sa joie. J'ai vraiment besoin de ton aide.

Le taxi arrive à peine, quand il m'entend parler au chauffeur, il me lâche tristement:

-Désolé de te déranger dans ton travail. Je ne suis qu'un égoïste qui croyait pouvoir compter sur toi malgré le fait que tu sois à mille kilomètres de moi, désolé soeurette, on se parlera plus tard.

Prise de remords, je paie au chauffeur son déplacement et lui demande de partir, je rebrousse chemin en tentant de rassurer Fred comme je le pouvais. La réceptionniste me fait un salut auquel je réponds par un sourire avant de me diriger vers le bar de l'hotel. J'hésitais à regagner la chambre pour que Roland ne pense pas que je suis restée à cause de lui.

Je téléphone Sasha mais elle ne décroche pas. Après plusieurs tentatives, je décide de laisser passer la nuit pour recommencer le lendemain. Mon verre de whisky en mains, j'essaie d'imaginer les raisons qui ont pu pousser Sasha à rompre ses fiançailles alors qu'elle est follement amoureuse de Fred.

-Le verre ne résoud rien mais il peut faire le bonheur de plus d'un s'il me permet de rencontrer d'assez belles créatures.

Je souris au nouveau venu qui, visiblement, doit revoir son approche auprès des femmes. Ce genre de techniques ne date plus. Il me sourit et me propose une main pour les présentations:

-David Faubert!

-Enchantée M. Faubert! Nina Jackson!

-Appelez-moi, David, je vous en prie! Vous n'êtes pas du coin vu votre accent.

-En effet, je suis plus caribéenne qu'européenne.

Il rit, prend place à mes cotés et commande un verre de whisky.

-Laissez-moi vous offrir un verre d'eau au cas où vous supporteriez mal l'alcool.

Je termine mon verre et accepte volontiers. On approfondit les présentations en parlant de nos vies professionnelles et de nos pays respectifs. Il est un Français né et a beaucoup voyagé, il me parlait de son séjour aux Bahamas puis s'arrête net pour me découvrir pour la première fois:

-Cela m'a pris du temps pour faire le lien mais ca vous fait quoi d'être aussi célèbre, miss Jackson?

Gênée, je baisse la tête. En voilà un autre qui revient une fois de plus avec cette phrase!

-Et vous, cela vous fait quoi de draguer la femme d'un autre?

Je me retourne pour voir un Roland avec la colère dans les yeux. Je me redresse pour répliquer mais il s'approche de moi pour poser sa main au bas de mon dos.

-Chérie, tu ne me présentes pas ton ami?

-Euh, David, je vous présente Roland Laventure, mon...

-Son bienveillant compagnon, m'interrompt-il en présentant une main forte à David qui parait gêné de la situation, veuillez nous excuser mais ma femme et moi sommes attendus à une fête, enchanté de vous avoir connu M. Faubert!

Sur ce, il fait pression sur mon dos pour m'inciter à me lever, je présente mes excuses à David avant de le suivre alors que je m'attendais à ce qu'il nous amène à l'extérieur, il me conduit à la chambre.

-Et Delacroix?

-J'y étais mais vous paraissiez trop occupée avec ce Faubert que vous n'aviez pas remarqué qu'il n'est que deux heures du matin, me dit-il en pointant l'horloge.

En soupirant, je me dirigeais vers le lit mais il me retient et me force à le rejoindre: je me retrouve collée contre lui. Son souffle, caressant mon visage, m'empêche de respirer. Il approche son visage du mien, je ferme les yeux par pur réflexe, croyant qu'il allait m'embrasser mais il me dit froidement:

-Quand je vous ordonne de rester ici, vous obéissez. Paris déteste les petites écervelées!

Sur ce, il me pousse et sort de la chambre alors que mes jambes se mettent à trembler.

Tu M'appartiens!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant