Tu M'appartiens!

Chapitre 24

-Ma chérie, m'accueille-t-il en ouvrant ses bras.

Je lache mes valises et cours le rejoindre. Je me jette dans ses bras et il me fait tournoyer. Il m'embrasse tendrement sur la tempe avant de me déposer au sol.

-Tu ne sais pas à quel point tu m'avais manqué! J'espère que tu as été sage et...

-Je parie que cela n'a pas été réciproque vu comment elle en a profité! Bonsoir Valsaint!

James n'eut pas le temps de répondre que Nathalie débarque pour prendre possession des lèvres de son interlocuteur avidement. Je détourne vite le regard avec un pincement au coeur. James passe son bras autour de moi et m'entraine vers la sortie en trainant mes valises derrière lui. Un mini-bus appartenant à l'ONG nous attendait au parking de l'aéroport pour nous conduire chez nous.

Lorsqu'il se garait devant ma maison, je laisse échapper un soupir de soulagement, j'avais hâte d'arriver. Nathalie m'étouffait tellement durant le parcours, j'en ai eu des nausées: elle était tout le temps collée à Roland, elle avait même osé se mettre sur ses genous pendant qu'elle lui parlait de ses plans pour le reste de la journée. Ils vont rester ensemble jusqu'à demain et je m'en fous complètement si ce n'est que je tombe de sommeil là maintenant.

James m'accompagne jusqu'à la porte et m'informe qu'il rejoindra les locaux avec le chauffeur pour récupérer sa voiture. Je le remercie pour ses marques d'attention et me décide enfin à rentrer. Contente d'être dans le calme, je m'empresse de monter mes bagages afin de prendre un bon bain avant de me reposer. Toutefois, je me permets d'envoyer un message à David pour qu'il sache que je vais bien.

-Tu ne comptes pas me saluer? M'enquiert-elle.

-Je ne sais pas, cela dépendra s'il s'agit d'un bonsoir ou d'un au-revoir.

-Nina, tu sais bien ce qu'il en est. Ici, c'est ta maison, n'en doute jamais.

Je souffle et vais l'embrasser:

-Alors bonsoir maman!

Elle m'adresse un grand sourire puis m'invite à prendre place. Fred tire la chaise près de lui pour m'intimer à le joindre. Le diner se passe dans la plus grande courtoisie à mon étonnement. Notre mère désirait savoir comment j'ai trouvé Paris, elle se laissait même aller à nous raconter ce qu'elle avait vécu là-bas avec notre père. Elle disait que cet endroit lui rappelait trop sa présence et c'est pour cela qu'elle nous y a jamais emmenés quand nous étions jeunes pour les vacances.

Je me regarde encore une fois dans le miroir, mon reflet me sourit et sans que je ne sache pourquoi je me sens plus sereine et heureuse. Pour la première fois de ma vie, j'ai l'impression d'avoir franchi une grande étape et j'en suis fière. J'ai voyagé sans la famille, pris en main le programme et tout s'est bien passé. Delacroix a déposé les fonds et le projet prendra forme le mois prochain, mon nom sera cité à la fin. Ils vont tous m'applaudir pour une fois pour une chose que j'ai entreprise moi-même sans l'aide des Jackson et cela me rend heureuse. La sonnerie de mon téléphone interrompt ma rêverie:

-Ma belle étoile a enlevé toute la magie de Paris, la lumière s'est envolée pour les Caraïbes, plus rien ne brille par ici.

J'éclate de rire à ses mots dont je reconnais immédiatement l'interlocuteur:

-Alors monsieur Faubert, faut-il vous rappeler que l'alcool est mauvais pour vous?

-Les civilités sont-elles de mises maintenant? Ce n'est vraiment plus pareil alors.

-Arrête, gros lard. Tu vas bien? Je conclus que tu avais reçu mon message à ton appel.

-Effectivement. Je préférais t'appeler pour entendre ta douce voix plutôt que de pianoter sur un clavier pour répondre. As-tu pris le soin d'ouvrir un onglet de navigation à ton arrivée?

-Non, un problème?

-Non, je ne le formulerai pas ainsi. Attends que je t'envoie quelques liens.

"Quelques liens??? Serait-ce grave?"

-Tu me fais peur, David. Est-ce grave?

-Non ma belle. Enfin, libre à toi d'en juger car cela ne m'atteint pas personnellement. Je viens de te les envoyer, je pense bien te laisser t'amuser à les lire. Quant à moi, j'ai une réunion dans dix minutes que je dois préparer. A plus, ma belle!

Sur ce, il met fin à l'appel. J'entreprends alors de cliquer sur le premier des liens mais une voix criant mon nom du salon m'en empêche... Je retrouve maman et Fred devant la télévision, le journal affichait, cependant la photo au bas de l'écran attire mon attention: oubliant les deux autres personnes présentes, je m'approche un peu plus pour lire les informations qui passaient en boucle mais avant que j'eus le temps de le faire qu'une autre affiche apparait.

-Quand comptais-tu nous en parler?  Me demande maman froidement.

Fred, quant à lui, est en colère. Il m'en veut de lui avoir caché cette info. J'aurais bien aimé pouvoir leur répondre, éclaircir la situation mais je n'ai aucune idée ce qu'ils attendent de moi. Fred se lève de son fauteuil pour se mettre devant moi, il attendait une réponse que visiblement, je ne pouvais lui donner.  Maman renouvelle son air inquisiteur et réitère sa question. Je ne réponds toujours pas.

Face à mon mutisme, Fred décide enfin de prendre la parole:

-Nous sommes ta famille. Je sais bien que maman peut être stricte avec nous mais ce n'est pas une raison pour que nous l'apprenions au journal du soir, Nani. Mais bordel! Je croyais être ton meilleur ami , pourquoi ne m'as-tu pas fait confiance pour te confier à moi? A moins que ce ne soit faux, ce qu'ils racontent, tu me le dirais pas vrai, soeurette? C'est faux, n'est-ce pas?

Je ne comprends toujours pas la situation, à quoi fait-il référence? Je commence à avoir mal à la tête à force de supporter autant de mystères. Me massant les tempes, je pars à la recherche d'un cachet pour soulager ce problème. Après avoir bu mon verre d'eau, je reprends mon téléphone. Je clique finalement sur le lien et une page du blog de Léa apparait, je souris en voyant une photo prise avec David le soir au club.  Je m'asseois et lis le titre qui me fait exploser de rire:

"Fairytales à Paris: Na-vid au bal du club"

Décidément très créative, cette Léa: elle a carrément capturé la soirée en mots et en images, j'avais raison de lui donner ce petit spectacle. Elle a même mentionné Elizabeth et Roland, l'article s'achevait avec une phrase tout à fait implicite et une photo de David qui m'embrassait à la fin de notre danse:
"Dans l'espoir que notre Blanche-Neige des Caraïbes continue de chérir notre Prince de Paris, nous leur souhaitons du bonheur pour leur happy-ending! #coupleNavid"

Satisfaite du travail de Léa, je reviens sur les autres liens. A ma grande surprise, ils traitaient aussi de ma "relation" avec David, la photo du baiser se répandait tel un virus avec des hashtags. Je comprends enfin les propos de maman et de Fred. La photo circulait dans la section "Tendances" au journal télévisé.