Chapitre 51

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J'appuie la tête sur le carrelage froid. Depuis des minutes, je ne cesse de réfléchir à ce qu'il m'arrivait. L'eau continuait de couler comme si elle pouvait me laver et m'enlever toute trace d'instabilité ou de confusion. Il venait de me faire sa déclaration. Il me l'avait dit sans vouloir se jouer de moi. Pour la première fois depuis des années, Roland semblait sincère avec moi. Je le revois. Je revois ses yeux et je revois surtout son air triste lorsqu'après qu'il m'ait ouvert son coeur,  je n'ai fait que le blesser. Je n'en revenais pas. Je ne croyais pas que je l'avais vraiment fait.

"-Ramène-moi, Roland!

-Quoi? Tu veux partir?

-Oui, je te demande de me ramener chez moi et j'espère qu'on ne se reverra plus."

Je lui avais parlé si froidement que je m'en veux à présent. Je comprends mieux ma réaction maintenant. J'avais peur, peur qu'il se moquait de moi car Roland est beaucoup trop instable et imprévisible pour moi. Je ne voulais pas croire que ses sentiments envers moi soient vrais. Il m'avait pourtant affirmé qu'il m'aimait mais je l'avais repoussé car je ne pourrais plus jamais accorder ma confiance à quelqu'un. Plus jamais après avoir tout découvert sur les actions de Fred, mon frère, mon meilleur ami et pardessus tout mon confident. Je décide de me reposer et de couper l'eau pour aller dans la chambre.

Le doute commence vraiment à m'assaillir, je me retourne encore et encore sur mon lit. Je n'arrive même plus à dormir. Je ne cesse de penser à tout ce que Roland m'avait avoué, je ne peux vraiment pas y croire. Fred ne m'aurait jamais fait un coup pareil. Toutefois, se pourrait-il que les garçons du lycée me rejetaient à cause de lui?

Ressentant trop le besoin d'éclaircir la situation, je vérifie mon portable. Il est quatre heures, tant pis! Je prends au hasard un jeans et une chemise, je complète ma tenue avec des bottines. Je croise Sonia qui partait se doucher, je la salue avant de l'informer que je sortais voir Fred pour une urgence.

Il est vraiment trop tôt pour venir frapper à sa porte mais je m'en fiche. Il avait ruiné ma jeunesse et il fallait que je l'affronte. Depuis mon trajet dans la voiture, j'essayais de trouver la bonne approche pour commencer mais rien ne m'était venu en tête. Prenant une profonde inspiration, je toque légèrement puis j'appuie mon index sur la sonnette au cas où ils ne m'auraient pas entendue.

-Nina, que fais-tu ici à cette heure? Tu as un souci?

-Bonjour Sasha, désolée de te déranger mais j'aimerais voir Frédérick si possible.

Vu que j'avais employé le prénom de mon frère au lieu de son surnom, Sasha fronce les sourcils avant de s'écarter de la porte pour me laisser entrer.

-Il est en train de dormir mais si tu...

Je ne l'écoutais pas, je me dirige déjà vers leur chambre tout en me demandant comment sa conscience peut-elle le laisser dormir en sachant tout ce qu'il avait fait. J'ouvre la porte pour le découvrir allongé sur son lit, les cheveux en bataille. Il était tellement beau, son torse nu me laissait voir sa lente respiration.

J'avais toujours aimé le voir dormir avant de le réveiller le matin quand on était petits. On avait toujours fréquenté les mêmes écoles et je détestais y aller sans lui car il me défendait toujours lorsque les petites pestes jalouses me tiraient les cheveux sur la cour. Il avait toujours été là pour moi. Il me protégeait des méchancetés des autres garçons qui se moquaient de moi quand il m'arrivait d'avoir des acnées sur le visage.

Je ferme les yeux et serre les poings avant de m'égarer pour de bon et ainsi me rappeler le motif de ma présence chez lui. Je me dirige vers leur salle de bain et pour ma plus grande joie, je trouve un seau d'eau que je décide de remplir avant de retourner vers lui. Il dormait encore. Sans hésiter, je déverse le contenu du seau sur lui. Il se lève en poussant un juron.

Des éclairs se formaient dans ses yeux, il passe une main dans ses cheveux avant de se lever complètement du lit. Il vient se planter devant moi et se saisit violemment du seau, mes yeux s'agrandissent en voyant l'objet en morceaux sur le sol. Il s'apprêtait à me prendre le bras quand je recule instinctivement.

-Avant que tu ne commences à cracher ton venin sur moi parce que je t'ai réveillé, je voudrais savoir pourquoi tu avais fait ça?

Il me toise et va prendre une serviette pour s'essuyer.

-Frédérick, je veux des explications.

Il arrête tout mouvement. M'entendre prononcer son prénom aussi froidement l'a fait se retourner. Les traits de son visage avaient repris leur place, il semblait bien plus perdu à présent qu'en colère.

-Pourquoi, réitérai-je ma question.

-Qu'ai-je fait?

-Roland m'a tout raconté. Ton stupide pacte et tes fichus conseils.

Il éclate de rire avant de continuer ce qu'il faisait. Il retire son pantalon et son boxer avant de nouer la serviette autour de sa hanche. Je contourne la pièce et vais me mettre devant lui pour lui faire comprendre que j'attendais une réponse.

-Que veux-tu que je te dise Nina? Cela fait des années que toutes ces conneries ont eu lieu. Je ne sais même plus comment elles ont débuté si tu veux savoir. Cependant, ne me dis pas que tu croirais que j'aurais laissé ce petit raté devenir mon beau-frère à l'époque. Il était tellement stupide qu'il avalait tout ce que je lui crachais. Ca m'amusait un peu de me jouer de lui mais comme ça avait fini par devenir lassant, j'avais laissé tomber. Toutefois j'ignorais que tu allais le revoir après tout ce temps sinon j'aurais pu demander à maman de te faire partir loin d'ici.

-Pourquoi avais-tu été méchant?

-Je ne sais pas. Il était un bon copain certes mais je ne le voulais pas pour toi donc quand ce Sébastien avait cru pouvoir défier mon autorité au sein du groupe, je le lui avais fait payer également. Quand je leur ordonnais de ne pas te toucher, ils n'avaient tous qu'à rester à leur place.

-Que lui avais-tu fait?

-Disons que je lui avais mené la vie dure jusqu'à ce qu'il quitte le lycée avant la fin de l'année. Si je me souviens bien, il était allé aux Etats-unis, il s'arrête un instant et se met à rire, ah le lycée! Une sacrée époque!

Je ne reconnais plus celui qui me parlait. Mon frère n'a jamais eu ce sourire diabolique, il a toujours été aimant et compréhensif. Jamais, il n'avait eu ce visage. Il m'interrompt dans mes pensées:

-Allons! Arrête de me regarder de cette façon. Je ne faisais que te protéger parce que tu es ma petite soeur et j'avais raison de faire tout ça compte tenu de tout ce qui avait suivi.

De quoi parle-t-il?

Remarquant mon incompréhension, il réduit la distance entre nous pour ancrer son regard dans le mien avant de parler d'un ton froid:
-Puisque vous étiez au temps des confessions, il t'a sans doute aussi parlé de ta très chère copine, celle qui avait mis fin à ses jours par sa faute après avoir découvert qu'elle attendait son enfant. Comment s'appelait-elle déjà? Ah oui, Camilla!

Je recule sous l'effet de ces mots. Ma respiration s'est vite accélérée, je n'arrivais plus à voir clairement. Je m'accroche du mieux que je peux mais mes jambes ont fléchi, tout ce que je me souviens avoir entendu c'était Sasha qui criait après Frédérick.

Tu M'appartiens!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant