CHAPITRE 16

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Je tente maladroitement de me relever. La pression anormale de mes doigts met Ant en alerte.

- El ?

J'ouvre brusquement les yeux et me dégage de ses bras. Une brusque sensation de froid m'envahit. Je sens aussitôt que je ne tiens plus sur mes jambes. Comme un nouveau né incapable de tenir debout, je flanche. Ses mains viennent aussitôt entourer mes épaules pour m'éviter de tomber.

- Je, lâche moi Ant.

Ma voix me semble plus pataude que jamais. Comme si toutes forces avaient décidé de me quitter. Mon ordre ressemble plus à une supplication.

- Non.

- Lâche-moi ! Crié-je.

J'aurais préféré parler d'une voix catégorique mais je me semble à nouveau pitoyable. Avec la voix tremblante, encore enrouée de peur.

- Regarde-moi Elissia !

Je frémis, puis lentement j'ouvre les yeux. Comme ces derniers jours, à l'appel de mon nom je lui obéis. Je relève le menton. Ses yeux me brûlent. Ils sont écarlates. Ils semblent furieux. Ils semblent si réels. Beaucoup plus réels que les murs autour de moi, ou que ma petite personne effondrée sur le sol. Je détourne le regard, gênée. Lentement, je reprends conscience et tente vainement de me dégager.

- Tu es dans la salle de bain des femmes. L'avertis-je.

- Tu as dit à Cassie que ça n'était jamais arrivé avant. Assène-t-il en évitant soigneusement ma remarque.

- De... De quoi tu parles ?

- Ne fais l'imbécile ! Tu viens de t'évanouir de douleur sous mes yeux tu ...

- Comment sais-tu que j'ai dit ça à Cassie ? Tu m'espionnes ?

- Là n'est pas le sujet ! Tu lui as menti !

- Non ! c'est vrai. Je... Je suis juste tombée ! Rien à voir avec ce truc...

- Elissia, ce « truc » comme tu dis est en train de te bouffer.

Je frémis et me raccroche à ses yeux de peur de tomber. Est-il possible qu'Ant lise dans mes pensées ?

- Cassie est médecin. Tu aurais du lui dire que c'était déjà arrivé ! Souffle-t-il.

- Mais non je...

- El !

- Ce n'est que la deuxième fois. C'est rien. Ça ne me fait même pas mal !

- Mais oui ! C'est pour ça que tu trembles encore !

Je frémis et me tourne vers mes mains. Blanches comme un linge elles sont encore secouées de spasmes. Honteuse, je les cache derrière mon dos.

- Je...

- Au train.

Mon rythme cardiaque double sa cadence. Je détourne les yeux.

- Quoi au train ?

- C'était ça aussi ?

- Non. Mentis-je en sentant mon sang battre encore plus fort.

- Elissia !

- Non, puisque je te dis que ça n'avait rien à voir ! Je me sens parfaitement bien.

Je rejette ses mains et me lève, prête à partir. Mais un vertige fulgurant vient m'anéantir et je suis obligée de me retenir au lavabo et de donner raison à Ant. Je m'affale sur son épaule. Je bats plusieurs fois des paupières pour stabiliser ma vision. Comment se fait-il qu'un simple geste puisse me fatiguer à ce point ? Je semble comme vidée de toutes mes forces.

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