Je frotte mon dos. Ces fichus bandages me grattent ! Et tout ce blanc me stresse ! Je ne comprends pas cette manie de peindre les chambres des malades en blanc ! Est-ce qu'ils pensent vraiment que tant d'uniformité est sensé nous faire nous sentir mieux ? Je repousse le drap blanc qui me recouvrait les épaules. J'ai chaud ! L'infirmière a tenu à me garder sous surveillance jusqu'à tard le soir. Résultat : je suis en train de crever de chaleur dans une pièce entièrement blanche à l'infirmerie au lieu de faire ce que tout autre apprenti normal ferait. Je soupire, elle aurait au moins pu mettre la clim !
Je vais aussi devoir inventer une excuse bidon pour expliquer mon absence. Seuls Ant et les dirigeants sont au courant pour l'instant et ça me va très bien comme ça. Quoi que les discutions avec Ant vont maintenant devenir terriblement gênantes.
Je soupire, malgré tout, si je fais abstraction des 45°C et du trop plein de blanc, ça fait longtemps que je ne me suis pas sentie aussi bien. Les calmants font un effet incroyable. Plus aucune douleur, la plénitude complète. C'est seulement maintenant que je prends conscience du calvaire auquel je m'étais habituée. Maintenant que je ne sens plus rien.
L'infirmière n'a cessé de me fusiller du regard, elle m'a rabattu des centaines de fois que la plaie aurait pu s'infecter, ou que j'aurais pu mourir d'une hémorragie interne. De mon côté je préfère ne pas y penser, je suis vivante c'est le plus important !Tout à coup la porte de la chambre s'ouvre violemment. Cassie m'apparaît les cheveux en bataille et les yeux exorbités. Lorsque son regard se pose sur moi elle semble s'apaiser avant de froncer les sourcils.
- Qu'est ce que tu fais là ? Bredouillé-je
Aucune réponse. Cassie ferme lentement la porte et se tourne vers moi.
- Ce que je fais là ? Est-ce que tu te fiches de moi El ! Tu...
- Je vais bien ! M'exclamé-je tout bas.
- Tu as une plaie ouverte dans le dos !
Je détourne le regard. C'est typiquement le genre de conversation que j'aurais aimé éviter.
- Depuis quand est-ce que tu as ça ? Fait-elle en s'asseyant sur le bord du lit.
- ... Un moment.
- El !
- D'accord, depuis que je suis ici.
- Qui t'a fait ça ?
Je détourne les yeux et ne réponds pas.
- D'accord... Prends ton temps El mais, je t'en pris, la prochaine fois viens m'en parler.
- Je préfèrerais qu'il n'y ait pas de prochaine fois. Grogné-je
- El je suis sérieuse !
Je scrute le bleu perçant de ses yeux quelques secondes de plus qu'il n'en faut.
- ... D'accord.
- Tu me le promets ?
- Oui.
Je lève les yeux au ciel et vois ses lèvres se courber en un joli sourire.
- Je ne sais pas pourquoi mais avec toi je m'attends à tout !
Je ris. Elle mêle son rire au mien et je sens ce qu'il restait de tension disparaître pour de bon.
- Je te promets Cassie Edwards que si je me prends un autre coup de couteau dans le dos j'irai immédiatement te prévenir.
Elle rigole et l'atmosphère de la pièce devient plus légère. Le blanc des murs me paraît maintenant plus léger.
- Comment c'est passer l'interrogatoire ? Fais-je pour changer de conversation.
Elle grimace.
- Warren est vraiment impitoyable, presque pire que Kurt. Il doit avoir des pouvoirs d'ensolceleur ou alors un sérum de vérité !
- J'avoue qu'il était plutôt doué dans le rôle de l'inspecteur. Il ferait pleurer les pires des criminels !
- Tu parles ! Il est effrayant. J'ai sérieusement cru que j'allais me faire dessus. Il me fixait avec ses grands yeux, stoïque, les sourcils légèrement froncés.
J'hausse les sourcils, intriguée.
- Il n'a pas cligné des yeux une seule fois ! C'est pas effrayant ça ?! S'exclame t'elle.
J'explose de rire.
- Te moque pas ! Et ne t'avise surtout pas de le répéter à Corey ! J'ai essayé de l'impressionner en lui disant que Warren ne m'avait pas fait flipper une seconde.
- Et il t'a crue ?
Elle hausse les épaules avec un sourire satisfait l'air de dire « sans preuve il ne peut rien contre moi ».
- En fait, Warren a fait une déclaration. On a plus le droit de sortir à partir d'aujourd'hui.
- Quoi ?
- Plus aucune sortie hors du bâtiment n'est tolérée sans l'accord d'un dirigeant.
- Pourquoi ?
- Aucune idée. Tout ce que je sais c'est que la fameuse raison devait être assez importante pour qu'il en soit assez secoué.
Je fronce les sourcils. Est-ce que ça pourrait être en rapport avec mon interrogatoire ?
- Je vais te laisser te reposer, si tu as besoin de quoi que se soit je serai à côté !
Elle me serre dans ses bras chaleureusement et se lève pour partir. Je l'arrête lorsqu'elle arrive en face de la porte.
- Cassie ?
- Hum ?
- Est-ce que tu pourrais garder ça pour toi ?
- El...
- S'il te plait, c'est important.
Elle me fusille de son regard de fer un moment avant de baisser les bras.
- ... D'accord, je ne dirai rien.
Elle tourne la poignée de la porte et l'ouvre.
- Cassie ?
- Quoi encore ? Lance t'elle amusée.
- Merci.
Elle me lance un dernier sourire et disparaît dans l'embrasure de la porte.
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DESCENDANTE
Ciencia FicciónAprès la guerre, le monde avait sombré si bas que, même la plus fragile des lueurs, ne parvenait plus à redonner à la terre ce qu'elle avait perdue. Les hommes avaient oubliés jusqu'à la sensation enivrante du sourire ravageur, jusqu'au doux carillo...