- Est-ce que tu as au moins réfléchi à comment nous allons nous y rendre ? Lance Ant tandis que nous nous enterrons sous terre.
Je me mords la lèvre. Non. Je n'ai absolument aucun plan. La seule chose que je sache est l'adresse de la maison de Tim. Je ne sais pas comment je me fais pour me souvenir de ce genre de détail...
- Par le passage des abîmes ?
- Mauvaise idée. Si ta tête est mise à prix, c'est surement le premier endroit qu'ils feront surveiller.
Ant m'attrape le bras et m'oblige à me tourner. L'espace d'une seconde, l'intensité de son regard fait chanceler ma détermination.
- Tous les endroits seront surveillés. D'autant plus que tu es déjà retournée là-bas. Ton père te connaît, il sait que si le besoin est, tu n'hésiteras pas à revenir. Ils t'attendront, peu importe le chemin, aussi discret soit-il.
- Dans ce cas il ne nous reste plus qu'à emprunter le chemin le plus ordinaire qui soit.
Ant laisse échapper un sourire réjoui à l'idée de se jeter tête la première dans la gueule du loup. Plus le temps passe et plus j'ai l'étrange impression qu'Ant est un véritable accro du danger. Comme si l'extase souveraine de la peur le métamorphosait. Comme si ce souffle imprégnait tout son être pour le rendre plus vivant qu'il ne l'a jamais été. Et cela me fait sourire moi aussi. Non que j'ai aussi développé une dépendance à l'adrénaline, mais j'aime cette lueur qui danse au fond de ses pupilles. Celles des grands aventuriers qui aiment se jeter dans le vide. C'est peut-être égoïste mais au près de lui je ne me suis jamais sentie aussi vivante.. . .
Je contemple mon reflet. Des boucles blondes tombent sur mes épaules. Je passe une main dans mes cheveux, impressionnée. C'est fou comme une couleur peut changer un visage. En blonde j'ai l'impression d'être une autre personne. Je jette un coup d'œil à l'emballage de la teinture encore posé sur l'évier. J'espère que ça va marcher. Je retourne au miroir et prends une profonde inspiration. La teinture ne doit pas être de très bonne qualité, on voit toujours l'auburn de mes cheveux sous les couches de teintures blondes. J'ai le bout des mèches presque blanc, ça me fait prendre quelques années. Je rabats ma capuche jusque sur mes yeux. J'attrape mon sac à dos et quitte la salle de bain.
Je rejoins Ant à l'entrée, comme prévu. Il est appuyé contre le mur et son sac à dos traine négligemment sur le sol. J'ai un mouvement d'hésitation en l'observant ainsi. Qu'est-ce que je suis en train de faire ? Et si ce périple se soldait par un échec magistral ? S'il lui arrivait quoi que se soit ? Je sens la peur irrationnelle que me provoque cette pensée. Je prends une profonde inspiration et chasse cette idée. On ferait mieux de déguerpir avant de tomber sur un dirigeant. Je traverse la salle commune et me poste devant Ant.
- On peut y aller. Chuchoté-je.
Ant relève la tête. Il arque les sourcils et me dévisage. Un sourire amusé vient naitre sur le coin de ses lèvres. Il agrippe une de mes mèches blondes entre deux de ses doigts.
- Mesure de précaution. Ce n'est pas permanant, ça ne restera qu'un ou deux jours. On y va ?
- El ?
Je me tends. Merde. J'étais sûr qu'on aurait du partir plus vite. Nous étions sensés nous faire la malle sans que personne ne nous voit. Je me tourne vers Cassie en affichant mon plus beau sourire. Je me rappelle au dernier moment que j'ai les cheveux maintenant presque blancs et me mords la lèvre. Une explication vite ! Cassie me toise avant de jeter un regard malicieux à Ant.
- Je dérange peut-être ?
- Un peu... chuchote Ant.
C'est moi où la situation est devenue... étrange. Je lève les yeux au ciel, trépignant d'impatience. Je devine le sourire d'Ant derrière moi.
- Pas du tout Cassie ! Qu'est-ce qu'il y a ?
- Tu pars en ballade ?
- Hum... Disons une ballade de plusieurs jours peut-être.
Cassie acquiesce pour me faire signe qu'elle a compris. Etrangement elle ne m'arrête pas. Elle me lance un sourire entendu comme pour m'inciter à me jeter dans le vide.
- Fais ce que tu as à faire. Et toi Ant fait attention à elle.
Je pique un far. Je sens la présence d'Ant dans mon dos et je me tends.
- Pas de pro...
- On doit y aller fais-je en empoignant le poignet d'Ant pour couper court à la situation.
Je l'entraine à ma suite vers la sortie et nous quittons la forteresse résistante. Je rabats ma capuche sur mon visage et Ant m'imite. À partir de maintenant il faut se montrer discret.

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DESCENDANTE
Science FictionAprès la guerre, le monde avait sombré si bas que, même la plus fragile des lueurs, ne parvenait plus à redonner à la terre ce qu'elle avait perdue. Les hommes avaient oubliés jusqu'à la sensation enivrante du sourire ravageur, jusqu'au doux carillo...