CHAPITRE 23

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Je reste ainsi pendant une éternité. Les bras autour de mon visage, le corps recroquevillé face à la noirceur du monde extérieur. Comme une carapace que j'aurais forgée autour de moi. Comme la nuit lorsque l'on se blottit sous les couvertures pour oublier le silence et l'obscurité. Je frémis. Comme lorsque l'on se blottit dans les bras réconfortants d'une mère.

Je sens quelque chose qui me touche le bras. La pression devient plus forte et je sursaute. Je bondis plusieurs mètres plus loin soustrayant enfin mon visage au monde intérieur. Que... La lumière m'éblouit et je me plisse les yeux. Où suis je ? Mes mains tremblent et mon pouls ne cesse d'accélérer. J'aimerais me calmer, mais je n'y arrive pas. Comme si j'essayais d'étouffer une tempête... Impossible. Nous sommes parfois confrontés à des choses qu'on ne peut pas contrôler et cette fois, les battements irréguliers de mon cœur faisaient partie de ces choses que la nature a faites supérieures à la force humaine. Je sens une tornade intérieure faire rage en moi, je sens tout se déraciner et perdre équilibre, si bien que je ne comprends pas ce que je fais encore ici, dans le monde des vivants. Je me semble pourtant plus morte que vivante.

Mes yeux s'habituent à la nouvelle luminosité. La respiration saccadée et le cœur battant je me fige. La ville, le couteau, la fille... Tout a disparu. Je suis revenue dans la grande salle. Tout est fini... Devant moi se tient Warren, le visage légèrement plissé par l'inquiétude.

- El ?

Je ne réponds pas. J'en suis incapable. Warren baisse son regard vers mes mains et fronce les sourcils. Quoi ? Je jette un coup d'œil à mes membres. Mes mains tremblent. Je sens mon cœur s'accélérer. J'essaie de les arrêter mais ça ne fait qu'augmenter leur tremblement. Je frémis. Impossible de me calmer.

- El est-ce que ça va ?

- Réponds au moins quelque chose. Souffle une autre voix beaucoup moins amicale.

Derrière Warren se tiennent les deux autres dirigeants. Je hoche la tête lentement. Warren s'approche et je sens mon cœur accélérer brutalement. Il dit quelque chose puis tend une main vers moi pour m'aider à me relever. Je frémis. Mon cœur s'emballe. Si je ne fais rien je vais exploser. Le tremblement de mes mains augmente. Le couteau s'abat encore et encore. Sa main s'approche encore plus et me touche le bras. Encore et encore.

- Ne me touche pas ! M'écrié-je.

Sans le vouloir je repousse violemment sa main. Bordel qu'est ce qui m'arrive ?! Warren se fige au milieu de son geste. Le corps parcouru de spasme je recule. La panique s'insinue en moi. Ma respiration refuse de se calmer. C'est pas vrai, c'est pas vrai.

- El ?

- Non.

- Tu...

- Laissez-moi. Je...

Je tente de me relever mais m'effondre aussitôt. Warren se précipite vers moi et je recule frénétiquement. Il s'arrête et moi aussi. Mais qu'est ce qui me prend ? La dernière chose que je voulais c'est que quelqu'un puisse me voir comme ça... Dans le même état qu'après la mort de ma mère. Et c'est arrivé. Trois dirigeants. Que vont-ils penser maintenant ? Que je suis folle, qu'il faut m'interner. Peut-être qu'ils vont me chasser. Il faudrait déjà avoir la garantie que je reste. Des frissons me parcourent et je suis incapable de calmer ma respiration. Si ça continue je fais faire une crise d'hyperventilation.

- Elissia ?

Je sursaute. Il n'y a qu'une seule personne qui m'appelle ainsi. Je relève la tête et trouve Ant à quelques mètres derrière les dirigeants. Je n'ai jamais été aussi heureuse de le voir.

- Que fais-tu ici, Ant ? Gronde Wendy.

- Euh... Je me promène.

- Tu n'as pas le droit d'être ici, tu devrais être avec les autres dans la salle en train d'attendre.

DESCENDANTEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant