Je me tourne lentement vers les autres. Tout à coup le silence qui œuvrait dans mon cerveau cède place au chaos. Le son revient brutalement autour de moi, comme une symphonie qui prend de l'ampleur. Tout le monde crie pour se faire entendre. La fermeture de la porte à l'air d'avoir augmenté dangereusement leur nervosité. Ils sont tous groupés au centre de la pièce, cernés par les chaises et leurs cris me parviennent comme si on me les hurlait dans un mégaphone.
- C'est terrible mais je sais même pas si c'est une bonne chose de passer dans les derniers...
Je me tourne vers Cassie qui vient de s'asseoir brutalement sur une des chaises. Ses cheveux rebondissent plusieurs fois contre ses épaules. Elle soupire et recroqueville ses jambes contre elle.- Tu parles ! Cassie, je passe en premier ! J'aurais mille fois préféré être à ta place qu'à la mienne ! Rugit Ray en donnant un coup de pied dans l'une des chaises qui trônait dans la salle.
- T'inquiète ça va bien se passer frangin rit Carter.
- C'est facile de dire ça ! T'es au milieu toi !
- Calme toi ! Je dis ça pour te réconforter, t'es pas obligé de défouler tes nerfs sur moi !
- Quoi je...
J'esquive les deux frères, en espérant ne pas me retrouver au milieu de la dispute. Je me faufile à temps, deux secondes plus tard, ils se jettent l'un sur l'autre. J'arrive enfin à m'extraire du groupe qui avait commencé à se former autour d'eux. Je frémis en sentant le stresse s'emparer à nouveau de mes poumons.
Quelqu'un me donne involontairement un coup violent et je manque de justesse de m'éclater contre le mur. Je rugis intérieurement, je vais finir par devenir claustrophobe dans cette foutue pièce, avec ces imbéciles qui ne pensent qu'à se battre ! Je ne sais pas ce qui me retient d'hurler. Peut-être, cette étrange sensation d'être aphone qui monte en moi un peu plus à chaque seconde. Bientôt je vais finir muette, sourde et aveugle si ça continue.
Je commence à leur dire de se calmer mais voyant que mes cordes vocales sont toujours retenues en otage et que personne ne m'écoute je me tapis dans un coin de la pièce. Je choisis celui juste en face de la porte, pour la voir s'ouvrir. J'enlève les chaises qui se trouvent dans le coin et, je les empile sur celle à côté. Puis je m'assois en tailleur sans toucher le mur pour ne pas me sentir oppressée, mais assez loin pour être protégée de la guerre qui fait rage à quelques mètres. Je plaque mes mains sur mes yeux dans l'espoir qu'elles soient gelées et qu'elles puissent refroidir mon cerveau en fusion. Mais bien sûr, elles sont bouillantes, comme chaque parcelle de mon corps. J'appuie mes paumes sur mes paupières en comptant sur l'obscurité pour me calmer.
J'essaie en vain de respirer comme une personne normale mais, l'affreuse impression qu'il me manque un poumon, si ce n'est les deux, ne me quitte pas.
Soudain, Warren appelle enfin Ray ce qui calme l'ardeur des combattants. Les deux frères se prennent finalement dans les bras avant de se quitter. Tout le monde, secoué, choisit une chaise et s'y installe en silence. À travers le calme, je distingue la respiration saccadée d'Enola qui ne doit pas être très loin de moi. J'entends aussi Corey qui raconte des blagues à Cassie pour détendre l'atmosphère. Et puis surtout les battements de mon cœur qui semblent envahir l'espace et tout balayer à chaque détonation.
Plusieurs fois, je distingue un bruit de porte qui grince suivit de la voix de Warren. Lorsqu'il arrive pour la 4ème fois je sens mon pouls s'emballer. Combien de temps a bien pu passer depuis qu'on nous a enfermés là ? Je ne saurais dire si cela fait seulement 3 minutes ou 3 heures. J'ai peur d'enlever mes mains de mes yeux et d'y voir Warren qui m'attend. Je ne sais même pas si je pourrai encore marcher...
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DESCENDANTE
Science FictionAprès la guerre, le monde avait sombré si bas que, même la plus fragile des lueurs, ne parvenait plus à redonner à la terre ce qu'elle avait perdue. Les hommes avaient oubliés jusqu'à la sensation enivrante du sourire ravageur, jusqu'au doux carillo...