23 heures 37.
Je me maudis de n'avoir pas enregistrer plus d'informations. Maintenant que je suis à quelques heures du plus grand fléau de l'histoire d'Eureka, des multitudes de détails me sautent aux yeux. Comme le passage qu'ils comptent emprunter, le nombre d'hommes à leur disposition, ce qu'ils attendent réellement de cette révolution. Je soupire. Je vais finir par exploser. J'ai beau me faire violence, mes pensées filent et s'entrechoquent. Et maintenant j'ai un mal à la tête épouvantable.
Un homme me bouscule et je manque de tomber. Je scrute inquiète la foule autour de moi. Une masse gigantesque qui ondule et enfle sous mes yeux. Il faut que je sorte de là où je vais devenir folle ! Je pousse un long soupire et tente de me frayer un passage. Les évènements se sont déroulés si vite que j'ai à peine conscience que dans quelques heures nous seront officiellement en guerre. Suite à la demande de Kurt, une annonce a été aussitôt faite. Les enfants et toutes les personnes qui ne sont pas en capacité de se battre vont être regroupés dans les salles du bâtiment résistant. Certains font la queue, d'autres se ruent dans les couloirs, j'en entends même qui se disputent à l'autre bout. Devant ces masses de gens agglutinées les uns aux autres, je réalise pour la première fois l'étendue de la population d'Eureka. Je me masse le crâne en prenant une profonde inspiration. Des centaines de personnes ont défilé sous mes yeux depuis le début de la soirée et cela commence sérieusement à me donner la nausée. Je déglutis et continue d'avancer en gardant la tête baissée. Je ne supporterais pas de mémoriser involontairement un de ces visages pour le retrouver inerte et sans vie sur le champ de bataille.
Je réussis enfin à m'extirper de la cohue, accède à une porte et gravis l'escalier juste derrière. Mes muscles sont encore ankylosés à cause la nuit précédente et la désagréable sensation qui me broie les poumons ne cesse d'augmenter. Je laisse échapper un bâillement et rejoins enfin la salle commune, encore plus encombrée que les couloirs du dessous. J'ai tenté de me reposer un peu mais je suis incapable de fermer l'œil. La vision du corps d'Ant qui s'écroule sur le sol me hante depuis plusieurs heures, repoussant impitoyablement la fatigue.
J'ose espérer qu'avoir prévenu les dirigeants pourra changer le cour des choses, que ni Ant ni moi ne croiserons mon père durant la bataille, qu'il n'y aura pas de mort cette fois. Seulement une phrase de Ant me revient en boucle depuis plusieurs heures déjà, balayant tous mes espoirs. Le jour du résultat de la première épreuve, lorsqu'Enola a été refusé Ant m'a dit que ce pouvoir était dangereux. Qu'il ne fallait pas changer le cours des évènements sous peine de les empirer et de s'attirer un châtiment pire que celui d'origine. En l'occurrence j'ai du mal à voir ce qui pourrait arriver de pire... Si le destin choisit de sacrifier un individu, alors, quoi qu'il se passe, une vie sera prise.
Je déglutis. Il faut à tout prix que je pense à autre chose ou je vais vraiment rendre le peu d'aliments que j'ai réussi à ingurgiter ce matin.
Je me fraie à nouveau un passage et réussis à prendre un couloir peu emprunté. Je le longe sur quelques mètres avant de trouver la porte en question. Je me mords la lèvre et tente de me souvenir du code. Je laisse mes doigts glisser sur l'écran. Il clignote vert, la porte se déverrouille. Je la pousse doucement et entre.
Plusieurs des dirigeants se retournent vers moi intrigués avant de retourner à leurs occupations. Mon regard se pose instinctivement sur la silhouette d'Ant. Il est assis à la table de Kurt et Warren, tous les trois penchés sur un plan du bâtiment. C'est dans cette pièce que seront dirigées toutes les opérations et comme Ant et moi sommes un peu ses prospecteurs nous avons été accueillis au même titre que les dirigeants.
Wendy se lève et tout le monde se tourne vers elle.
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DESCENDANTE
Ficção CientíficaAprès la guerre, le monde avait sombré si bas que, même la plus fragile des lueurs, ne parvenait plus à redonner à la terre ce qu'elle avait perdue. Les hommes avaient oubliés jusqu'à la sensation enivrante du sourire ravageur, jusqu'au doux carillo...