5 - VENDREDI 26 FÉVRIER

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Remarque: attention aux dates, le passage précédent était daté du samedi 27 février...

Louise rentrait chez elle, les mains calées au fond de ses poches et son écharpe remontée jusqu'en haut de ses joues. On était vendredi soir, et comme Johan lui avait avait proposé, après avoir longuement pesé le pour et le contre, elle avait finalement décidé de s'armer de courage et de se rendre à sa soirée. Elle avait prétexté une soirée ''exposé'' chez Marie. Peu original, mais son expérience du mensonge étant limité, elle se ramenait à ce qu'elle avait vu à la télévision ou lu.

Sur les coups des 20h30, elle avait quitté la maison, son sac contenant ses cours à l'épaule. Elle avait pris le bus à la station près de l'église, en bas de sa rue. Tout le long du trajet, les questions la submergeaient. Alors, pour tenter de les éloigner, sa main droite s'accrochant à la croix qui pendait à son cou, elle tentait de se convaincre que tout allait bien se passer.

Elle descendit du bus une vingtaine de minutes plus tard. L'air s'était rafraîchi, le ciel assombri, et on pouvait désormais apercevoir l'humidité de l'air dans le faisceau des lampadaires. Louise frissonna et remonta son écharpe afin qu'elle lui couvre un peu plus le bas de son visage. Pour se donner du courage, elle se remémora les précieux conseils de Marie à qui elle s'était finalement décidé à parler de Johan. Son regard se porta sur ses jambes, son jean noir rentré dans ses bottines de la même couleur, qui se pressaient sur le bitume, poussées par la fraîcheur de la soirée.

Tandis qu'elle descendait la rue jusqu'au salon, elle croisa un homme d'un certain âge, très chic dans son long manteau marron. En passant près d'elle, son regard s'attarda sur son visage et il sourit chaleureusement. C'était bref mais cela suffit à insuffler le courage nécessaire à Louise pour parcourir les derniers mètres qui la séparaient de Johan et de son monde.

A cette heure de la soirée, et à l'exception de quelques bars et restaurants, le salon était la seule boutique éclairée de la rue. Louise leva les yeux vers la grande baie vitrée du premier étage où, derrière le rideau, se trouvait l'appartement du propriétaire. C'était éteint. Elle regarda la baie vitrée du rez-de-chaussée. A l'intérieur, sous les lumières tamisées, de nombreuses personnes étaient rassemblées. Certaines dansaient, d'autres discutaient, beaucoup avaient un verre à la main, certains étaient tatoués, d'autres percés, tous avaient au moins 20 ans. Et Johan devait être parmi eux.

De la fumée blanche s'échappa des lèvres de Louise alors qu'elle soupira. Ça n'était simplement pas elle. Elle s'apprêtait à faire demi-tour lorsqu'elle entendit la porte s'ouvrir. Son regard croisa celui surpris de Zac. Il referma derrière lui, et la rue retrouva son silence. Il alluma une cigarette et l'amena à ses lèvres, son regard toujours posé sur la jeune fille face à lui. Elle n'osait rien dire. Il ne souriait pas mais son regard était compréhensif. Il tira une latte et Louise se retourna, reprenant le chemin qu'elle venait d'emprunter.



Relecture : 09.08.2021


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